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Transports

Sécurité maritime : les nouveaux pirates

Alors que le pétrole qui s’écoule de l’épave du Prestige continue de souiller les côtes espagnoles et françaises, Paris entend renforcer les contrôles techniques des bateaux étrangers qui font escale dans les ports de l’hexagone. Lutter contre les bateaux poubelles, c’est aussi en finir avec les conditions de travail exécrables qu’endurent certains équipages, embarqués sur des bateaux au pavillon douteux. Une mission pour les inspecteurs syndicalistes de l’ITF.
Ecouter le magazine Reporteur consacré aux aiguilleurs des mers dans la région du Pas-de-Calais
(05/02/2003, 19'15")

Pascal Pouille est un marin qui reste toujours à quai. Et pour cause: c’est à bord des bateaux étrangers qui font escale dans les ports français que ce syndicaliste traque les nouveaux pirates des mers: les compagnies qui pour quelques petites centaines de dollars par mois font trimer les matelots jusqu’à 15H00 par jour, et ce pendant plusieurs saisons. Comment assurer une sécurité maximum en pleine mer quand l’équipage –souvent non qualifié – est à bout de force, peu enclin à observer les consignes ? Et quel crédit accorder à un capitaine chinois, payés 1600 dollars par mois, dix fois moins que son homologue français ?

C’est pour instaurer un minimum de règles à bord de ces pavillons de complaisance que l’ITF, Fédération internationale des ouvriers du transport, signe des accords de bonne pratique sociale avec ces bateaux: salaire minimum, conditions de travail décentes. Dès lors, les syndicaliste inspecteurs – ils sont 125 dans le monde entier – ont toute latitude pour monter à bord des bateaux signataires et effectuer les contrôles nécessaires.

Car il ne suffit pas d’avoir signé l’accord, encore faut il ne pas céder aux sirènes de la double comptabilité, des sous-effectifs ou des heures supplémentaires non déclarées. L’ambition d’ITF: en finir avec les pavillons de complaisance pour revenir à des pavillons nationaux. Les vents sont favorables, mais la terre promise est loin d’être en vue: le tiers seulement de la flotte sous pavillon de complaisance a signé une convention ITF.



par Laurent  Berthault

Article publié le 06/02/2003