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Corse

La traque d’Yvan Colonna continue

Cinq ans après l'assassinat de Claude Erignac, la fuite du tueur présumé, Yvan Colonna, déjouant jusqu’à présent toutes les recherches, suscite toujours de vives polémiques et l'incompréhension de la famille de l’ancien préfet de Corse.
Le cinquième anniversaire de l’assassinat du préfet Claude Erignac - tué le 6 février 1999 à l’âge de 60 ans de trois balles dans la nuque alors qu’il se rendait à un concert -, a été marqué ce jeudi, lors des cérémonies à Paris et à Ajaccio, par des engagements réitérés de l’Etat d’arrêter au plus vite son assassin présumé, Yvan Colonna, qui échappe à toutes les polices. En cavale depuis près de quatre ans, Yvan Colonna reste toujours introuvable et l’enquête sur «l’homme le plus recherché de France» bute toujours sur l’absence d’indices probants permettant de le localiser. La dernière fois qu’il a été aperçu, c’était le 23 mai 1999 devant sa bergerie, près de Cargèse, en Corse du Sud.

Dès son arrivée au ministère de l’Intérieur, en mai 2002, Nicolas Sarkozy avait regretté que «tout n’ait pas été fait» par le précédent gouvernement pour retrouver le fugitif. Le ministre de l’Intérieur a par ailleurs annoncé le 5 février à l’Assemblée nationale que le «dispositif exceptionnel», avec des effectifs policiers «triplés» et des moyens techniques «considérablement renforcés» resterait «en place jusqu’à ce que Colonna soit arrêté». Il a également affirmé que son arrestation était une «priorité» du gouvernement Raffarin et a renouvelé ses attaques contre le précédent gouvernement, celui de Lionel Jospin. Mais il a aussi tenu à préciser qu’il veillerait à ce qu’il n’y ait plus de concurrence entre les services de police et de gendarmerie chargés des recherches et à ce que «la détermination des équipes d’enquêteurs ne soit pas amoindrie par le temps». Cette affaire qui hante le ministère de l’Intérieur a marqué trois ministres : Jean-Pierre Chevènement, Daniel Vaillant et Nicolas Sarkozy.

Procès de huit nationalistes corses

Depuis sa fuite, Yvan Colonna n’a donné signe de vie qu’en janvier 2001, lorsqu’il a envoyé une lettre à l’hebdomadaire corse U Ribombu, où il expliquait que toute reddition était exclue et qu’il ne comprenait pas pourquoi il avait été désigné comme le seul tireur par les autres membres du commando. En effet, l’heure approche pour les huit autres nationalistes mis en examen pour «assassinat» ou «complicité» dans ce dossier, qui devraient être jugés à partir du 2 juin prochain par la cour d’assises spéciale de Paris.

S’il est toujours vivant, Yvan Colonna se cache-t-il en Corse, en Sardaigne ou à l’étranger ? Jusqu’ici, toutes les pistes sont restées vaines pour localiser le berger corse. Les enquêteurs ont exploré une foule de pistes aux quatre coins du monde, sans résultat, ainsi qu’en Corse, une île où existe une longue tradition de cavale dans le maquis et où l’omerta est de mise. L’avocat d’Yvan Colonna, Antoine Sollacaro, a déclaré récemment qu’il ne voyait pas pourquoi Colonna pourrait être tenté de se rendre alors qu’il «a été déclaré coupable avant d’être jugé».

Dominique Erignac, la veuve du préfet, est tenue mensuellement au courant de l’avancement de l’enquête par Nicolas Sarkozy. «Mon espoir est aujourd’hui à la hauteur des promesses qui m’ont été faites. Certes, le ministre de l’Intérieur me tient informée de l’évolution de l’enquête en me recevant régulièrement (…). Mais j’attends toujours des résultats», a-t-elle récemment écrit dans le journal Le Monde.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 07/02/2003