Allemagne
Cuisante défaite pour les sociaux-démocrates
Le Parti social-démocrate (SPD) a subi dimanche la plus cuisante défaite de son histoire, enregistrant ses plus mauvais résultats de l’après-guerre. Les élections régionales qui se déroulaient en Basse-Saxe (nord) et en Hesse (centre-ouest) ont en effet largement été remportées par l’Union chrétienne-démocrate (CDU). Les conservateurs disposent désormais de la majorité absolue au Bundesrat, la chambre haute du parlement et devraient être en mesure d’imposer leur point de vue concernant les différents projets de loi proposés par le gouvernement. Le chancelier Gerhard Schröder va donc devoir composer avec l’opposition conservatrice dans ce que certains analystes n’hésitent pas à qualifier de grande coalition qui ne dit pas son nom.
Reconduit in extremis à la tête du pays grâce à ses alliés Verts en septembre dernier, Gerhard Schröder n’a pas réussi à convaincre les électeurs de voter pour son parti pour les régionales de dimanche. En Basse-Saxe, le Land d’origine du chancelier dont il a dirigé le gouvernement régional de 1990 à 1998, les sociaux-démocrates ont en effet enregistré leur plus bas score depuis 1951 avec un peu moins de 34% des suffrages contre 48% pour la CDU. La défaite est d’autant plus cuisante qu’elle représente un écroulement de 14 points par rapport au dernier scrutin de 1998 qui avait alors servi de plébiscite à Gerhard Schröder lui ouvrant les portes de la chancellerie. En Hesse, Land qui était déjà tombé entre les mains des chrétiens-démocrates en 1999, la CDU renforce sa suprématie et obtient la majorité absolue en terme de sièges avec près de 49% des voix, le meilleur résultat de son histoire dans cette région, contre à peine 29% pour les sociaux-démocrates. Malgré leurs bons scores dans ces deux régions (7,5% en Basse-Saxe et 10% en Hesse), les Verts ne sont pas parvenus à compenser l’effondrement de leurs alliés du SPD, comme ce fut notamment le cas aux législatives de septembre.
Gerhard Schröder a reconnu lundi que la «responsabilité principale» de la défaite de son parti aux régionales de dimanche incombait au gouvernement et à lui-même. Le SPD a connu «l'une de ses plus amères défaites», a-t-il ainsi affirmé en précisant que la responsabilité principale en revenait au gouvernement et à lui-même. Selon de nombreux analystes en effet, les raisons de cette débâcle sont à chercher à Berlin où depuis sa réélection en septembre dernier, le chancelier n’a pas lancé les grands débats tant attendus par les Allemands en matière de politique économique et sociale. Il s’est contenté de jouer une nouvelle fois la carte du «non à la guerre» qui lui avait permis, dans un pays largement pacifiste, de renverser la vapeur lors de la campagne des législatives de septembre. Cette défaite représente «un signal clair en matière de politique étrangère», a ainsi estimé la présidente de la CDU, Angela Merkel. «Un des grands enseignements de notre histoire, a-t-elle souligné, c’est que l’Allemagne ne peut pas mener un chemin qui l’isole, mais doit trouver une position commune avec ses alliés. Et ces alliés ne sont pas seulement nos partenaires européens, mais aussi les Etats-Unis». Refusant de se désavouer, Gerhard Schröder a cependant affirmé lundi que la position du gouvernement sur l’Irak reste «inchangée». Selon lui «elle est comme elle est et restera comme elle est».
Vers une cohabitation obligée
Même s’il a affiché une apparente sérénité pendant la campagne électorale en affirmant notamment qu’«une défaite du SPD aux élections régionales n’aura aucune conséquence sur la politique fédérale», Gerhard Schröder n’a désormais qu’une marge de manœuvre très limitée. Son gouvernement qui a multiplié les hausses d’impôts pour juguler un déficit budgétaire calamiteux –3,7% du PIB en 2002– et qui semble totalement impuissant face à la montée du chômage –4,225 millions de demandeurs d’emploi en décembre– n’a en effet jamais été aussi impopulaire. Et face à un chantier des réformes des plus imposants, allant du droit au licenciement aux retraites et de la sécurité sociale aux allocations chômage, il devra donc compter avec l’opinion de l’opposition conservatrice. Car si les sociaux-démocrates représentent le premier groupe parlementaire au Bundestag, la chambre des députés, leurs rivaux de la coalition CDU/CSU, disposent désormais de 41 sièges sur 69 au Bundesrat, la chambre haute où siègent les régions. Leur accord est en effet nécessaire pour bon nombre de réformes sociales importantes.
La CDU a d’ores et déjà annoncé qu’elle voulait «collaborer» mais «apporter sa voix». Sa présidente Angela Merkel a d’ailleurs affirmé que les chrétiens-démocrates n’avaient pas l’intention de bloquer le travail législatif entre le Bundestag et le Bundesrat. Dans ce contexte, certains analystes estiment que l’Allemagne va voir l’émergence d’«une grande coalition informelle». Une coalition à laquelle Gerhard Schröder, contraint et forcé, s’est dit lundi prêt à adhérer. «J'ai vu avec beaucoup d'intérêt que la CDU était prête à la coopération et n'avait pas l'intention de bloquer les réformes de structure économiques et sociales», a-t-il affirmé en soulignant qu’il acceptait cette proposition. Mais l’exercice du pouvoir risque d’être périlleux pour le chancelier condamné à trouver des compromis qui satisfassent aussi bien ses alliés Verts et l’aile gauche de son parti que l’opposition conservatrice.
Gerhard Schröder a reconnu lundi que la «responsabilité principale» de la défaite de son parti aux régionales de dimanche incombait au gouvernement et à lui-même. Le SPD a connu «l'une de ses plus amères défaites», a-t-il ainsi affirmé en précisant que la responsabilité principale en revenait au gouvernement et à lui-même. Selon de nombreux analystes en effet, les raisons de cette débâcle sont à chercher à Berlin où depuis sa réélection en septembre dernier, le chancelier n’a pas lancé les grands débats tant attendus par les Allemands en matière de politique économique et sociale. Il s’est contenté de jouer une nouvelle fois la carte du «non à la guerre» qui lui avait permis, dans un pays largement pacifiste, de renverser la vapeur lors de la campagne des législatives de septembre. Cette défaite représente «un signal clair en matière de politique étrangère», a ainsi estimé la présidente de la CDU, Angela Merkel. «Un des grands enseignements de notre histoire, a-t-elle souligné, c’est que l’Allemagne ne peut pas mener un chemin qui l’isole, mais doit trouver une position commune avec ses alliés. Et ces alliés ne sont pas seulement nos partenaires européens, mais aussi les Etats-Unis». Refusant de se désavouer, Gerhard Schröder a cependant affirmé lundi que la position du gouvernement sur l’Irak reste «inchangée». Selon lui «elle est comme elle est et restera comme elle est».
Vers une cohabitation obligée
Même s’il a affiché une apparente sérénité pendant la campagne électorale en affirmant notamment qu’«une défaite du SPD aux élections régionales n’aura aucune conséquence sur la politique fédérale», Gerhard Schröder n’a désormais qu’une marge de manœuvre très limitée. Son gouvernement qui a multiplié les hausses d’impôts pour juguler un déficit budgétaire calamiteux –3,7% du PIB en 2002– et qui semble totalement impuissant face à la montée du chômage –4,225 millions de demandeurs d’emploi en décembre– n’a en effet jamais été aussi impopulaire. Et face à un chantier des réformes des plus imposants, allant du droit au licenciement aux retraites et de la sécurité sociale aux allocations chômage, il devra donc compter avec l’opinion de l’opposition conservatrice. Car si les sociaux-démocrates représentent le premier groupe parlementaire au Bundestag, la chambre des députés, leurs rivaux de la coalition CDU/CSU, disposent désormais de 41 sièges sur 69 au Bundesrat, la chambre haute où siègent les régions. Leur accord est en effet nécessaire pour bon nombre de réformes sociales importantes.
La CDU a d’ores et déjà annoncé qu’elle voulait «collaborer» mais «apporter sa voix». Sa présidente Angela Merkel a d’ailleurs affirmé que les chrétiens-démocrates n’avaient pas l’intention de bloquer le travail législatif entre le Bundestag et le Bundesrat. Dans ce contexte, certains analystes estiment que l’Allemagne va voir l’émergence d’«une grande coalition informelle». Une coalition à laquelle Gerhard Schröder, contraint et forcé, s’est dit lundi prêt à adhérer. «J'ai vu avec beaucoup d'intérêt que la CDU était prête à la coopération et n'avait pas l'intention de bloquer les réformes de structure économiques et sociales», a-t-il affirmé en soulignant qu’il acceptait cette proposition. Mais l’exercice du pouvoir risque d’être périlleux pour le chancelier condamné à trouver des compromis qui satisfassent aussi bien ses alliés Verts et l’aile gauche de son parti que l’opposition conservatrice.
par Mounia Daoudi
Article publié le 03/02/2003