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Serbie

Le Premier ministre assassiné

Moins de trois semaines après une première tentative, le premier ministre serbe Zoran Djindjic a été assassiné de deux coups de feu tirés devant le siège du gouvernement à Belgrade. Zoran Djindjic, atteint de deux projectiles de fort calibre, est mort de ses blessures peu après son arrivée à l'hôpital. Deux personnes ont été arrêtées. L'état d'urgence a été déclaré par le président par intérim.
Cette fois le coup a été fatal. Un sniper tirant du haut d’un immeuble a en effet atteint la poitrine et le ventre du premier ministre serbe Zoran Djindjic alors qu’il se trouvait sur le parking du siège du gouvernement. Il a succombé a ses blessures quelques heures plus tard a l’hôpital militaire de Belgrade. Deux autres meurtriers qui lui tiraient dessus a bout portant auraient été arrêtés. Depuis, la capitale est placée sous l’état d’urgence, tous ses accès fermés, et les véhicules systématiquement fouillés.

Il y a moins d’un mois, le chef de file des réformistes serbes avait déjà été la cible d’un attentat, mais il en avait réchappé. Un camion avait changé de voie sur l’autoroute pour foncer sur la voiture du Premier ministre. Le conducteur avait alors été arrête puis relâché. Ce dernier, surnomme Bagzi, est selon les analystes, lié a l’un des clans mafieux, celui de Dejan Spasojevic, de la banlieue de Surcin. «Je croyais que c’etait de la science-fiction, commentait alors le Premier ministre serbe Zoran Djindjic lors de sa dernière conférence de presse le 27 février dernier. Si certains pensent que rien n’a change depuis la chute de l’ancien président Slobodan Milosevic, ils se trompent lourdement», ajoutait-il sur le ton énergique qu le caractérisait.

Les analystes concluaient alors que le Premier ministre avait décidé de démanteler les réseaux mafieux lies notamment a certains membres des «bérets rouges», les unités militaires spéciales mises en place par le régime de l’ancien président Slobodan Milosevic restées en place et demeurées puissantes
«Nous sommes en alerte maximum», nous confiait alors un membre du gouvernement annonçant que la tache allait se poursuiivre et que certains anciens membres des bérets rouges lies aux trafics divers et par ailleurs figurant sur les listes des inculpes par le tribunal pénal international allaient être arrêtés. La rumeur à Belgrade disait que le Premier ministre avait réussi à convaincre certains initiés de témoigner notamment contre l’ancien chef des bérets rouges, Legija.

Djindjic a perdu la partie

«Il faut se débarrasser du dernier dépôt de déchets atomiques», déclarait Zoran Djindjic le 27 fevrier ajoutant que tout dépendait des événements des quinze jours qui allaient suivre. Pour ses opposants et notamment le parti de l’ancien président yougoslave Vojislav Kostunica, Zoran Djindjic, mal-aimé, avait chorégraphié la tentative d’attentat pour provoquer l’émotion de l’opinion. Car sa cote de popularité était à moins de 10%.

Les faits prouvent qu’il y avait bel et bien des comptes à régler et que dans cette partie de poker auquel Zoran Djindjic aimait tant jouer, c’est lui qui a perdu. Laissant le pays sur la voie des réformes bien engagées et applaudies par la communauté internationale notamment dans le domaine économique. «Nous avons établi un diagnostic et appliquons une thérapie de choc», disait-il.

L’assassinat de celui que l’on surnommait «Zoki» et qui était représenté par un gamin batailleur par l’illustrateur Corax peut tout remettre en question en Serbie. «Ou l’opposition démocratique refera bloc, ou c’est la catastrophe», commentait une source du gouvernement.



par Milica  Cubrilo

Article publié le 12/03/2003