Irak
L’Europe ne financera pas l’après-guerre
L'Union européenne refuse de servir de tiroir-caisse pour reconstruire ce que les États-Unis auront décidé de détruire.
De notre correspondante à Bruxelles
Alors que la crise irakienne divise les Quinze, le commissaire européen aux Affaires extérieures, le Britannique Chris Patten, dans un discours grave et passionné qui lui valut les applaudissements répétés des députés européens cette semaine à Strasbourg, a mis les choses au point: les Nations unies sont la seule instance qui peut légitimement autoriser une décision d'intervention militaire contre Bagdad.
Chris Patten déplore la «légèreté» de l'attitude américaine et voit dans l'unilatéralisme de Washington «un signal dangereux de la valeur que les Etats-Unis attribuent à leurs engagements internationaux, précisément à un moment où la discipline et la coopération internationale s'imposent, si l'on veut lutter efficacement contre le terrorisme». Les guerres, a souligné le commissaire, recrutent des terroristes au lieu de les décourager.
La Commission européenne adresse donc une mise en garde à Washington. Il ne s'agit pas seulement de gagner la guerre - les États-Unis en ont les moyens - il faudra aussi gagner la paix. Or les États-Unis restent très flous sur les modalités de l'après-guerre politique à Bagdad et du processus de reconstruction. La tâche de reconstruire l'Irak au lendemain d'un changement de régime par la force sera immense, risquée et coûteuse. Les spécialistes du Council on Foreign Relations, un centre d'analyse des questions internationales basé à New York, en évalue la facture à plusieurs milliards de dollars par an sur plusieurs années. Les Américains, comme d'habitude, devraient alors se tourner vers les Nations unies et l'Union européenne, premier donateur mondial d'aide humanitaire à l'Irak, pour financer la reconstruction.
Des actions limitées à l’humanitaire
La Commission européenne prévient Washington que sa disponibilité en tant que contributeur dépendra de la manière dont l'action militaire se sera déroulée. Si guerre il y a, il sera beaucoup plus facile de persuader le Parlement européen, qui représente l’autorité budgétaire, de dégager les crédits nécessaires s'il n'y a aucun doute sur la légitimité de cette guerre, donc s'il existe un mandat précis de l'ONU. En revanche, «il sera extrêmement difficile pour l'Union européenne de coopérer pleinement et à une grande échelle dans le processus de reconstruction, s'il n'y a pas de blanc-seing des Nations unies», insiste Chris Patten. Une mise en garde aux accents sonnants et trébuchants.
Son avertissement rejoint celui de Kofi Annan: «Si des États engagent une action en Irak sans l'aval des Nations unies, la légitimité de cette action sera largement mise en cause et n'obtiendra pas le soutien politique requis pour assurer son succès à long terme, une fois la phase militaire achevée» souligne le secrétaire général de l'ONU. Dans le contexte actuel, la Commission de Bruxelles se refuse à envisager une quelconque participation européenne à un programme de reconstruction en Irak, se contentant d'évoquer des actions limitées à l'aide humanitaire.
Alors que la crise irakienne divise les Quinze, le commissaire européen aux Affaires extérieures, le Britannique Chris Patten, dans un discours grave et passionné qui lui valut les applaudissements répétés des députés européens cette semaine à Strasbourg, a mis les choses au point: les Nations unies sont la seule instance qui peut légitimement autoriser une décision d'intervention militaire contre Bagdad.
Chris Patten déplore la «légèreté» de l'attitude américaine et voit dans l'unilatéralisme de Washington «un signal dangereux de la valeur que les Etats-Unis attribuent à leurs engagements internationaux, précisément à un moment où la discipline et la coopération internationale s'imposent, si l'on veut lutter efficacement contre le terrorisme». Les guerres, a souligné le commissaire, recrutent des terroristes au lieu de les décourager.
La Commission européenne adresse donc une mise en garde à Washington. Il ne s'agit pas seulement de gagner la guerre - les États-Unis en ont les moyens - il faudra aussi gagner la paix. Or les États-Unis restent très flous sur les modalités de l'après-guerre politique à Bagdad et du processus de reconstruction. La tâche de reconstruire l'Irak au lendemain d'un changement de régime par la force sera immense, risquée et coûteuse. Les spécialistes du Council on Foreign Relations, un centre d'analyse des questions internationales basé à New York, en évalue la facture à plusieurs milliards de dollars par an sur plusieurs années. Les Américains, comme d'habitude, devraient alors se tourner vers les Nations unies et l'Union européenne, premier donateur mondial d'aide humanitaire à l'Irak, pour financer la reconstruction.
Des actions limitées à l’humanitaire
La Commission européenne prévient Washington que sa disponibilité en tant que contributeur dépendra de la manière dont l'action militaire se sera déroulée. Si guerre il y a, il sera beaucoup plus facile de persuader le Parlement européen, qui représente l’autorité budgétaire, de dégager les crédits nécessaires s'il n'y a aucun doute sur la légitimité de cette guerre, donc s'il existe un mandat précis de l'ONU. En revanche, «il sera extrêmement difficile pour l'Union européenne de coopérer pleinement et à une grande échelle dans le processus de reconstruction, s'il n'y a pas de blanc-seing des Nations unies», insiste Chris Patten. Une mise en garde aux accents sonnants et trébuchants.
Son avertissement rejoint celui de Kofi Annan: «Si des États engagent une action en Irak sans l'aval des Nations unies, la légitimité de cette action sera largement mise en cause et n'obtiendra pas le soutien politique requis pour assurer son succès à long terme, une fois la phase militaire achevée» souligne le secrétaire général de l'ONU. Dans le contexte actuel, la Commission de Bruxelles se refuse à envisager une quelconque participation européenne à un programme de reconstruction en Irak, se contentant d'évoquer des actions limitées à l'aide humanitaire.
par Anne-Marie Mouradian
Article publié le 14/03/2003