Serbie
L’assassinat de Djindjic plonge les Balkans dans la crise
L’assassinat de Zoran Djindjic achève de plonger la Serbie dans une crise politique à l’issue imprévisible. La vacance du pouvoir à Belgrade pourrait aussi avoir les plus dangereuses conséquences régionales.
L’automne dernier, les élections présidentielles avaient été par deux fois annulées, faute d’une participation suffisante. Le même scénario s’est également produit au Monténégro. Les deux républiques, qui constituaient seules, depuis 1992, la République fédérative de Yougoslavie, ont néanmoins proclamé entre elle une nouvelle «Union étatique», le 4 février dernier. La rue belgradoise avait aussitôt rebaptisé ce nouvel État du nom de «Djindjuk», en reprenant les premières syllabes du nom des deux hommes forts de l’Union, le serbe Djindjic et le monténégrin Djukanovic. Avec l’assassinat de Zoran Djindjic, la «Djindjukie» a déjà perdu son nom, et sa survie est tout sauf assurée.
Les dirigeants de Podgorica ont unanimement dénoncé le meurtre du Premier ministre serbe, mais le Monténégro ne cache pas son inquiétude de ne plus avoir d’interlocuteur clair à Belgrade. Les dirigeants de l’OTAN et de l’Union européenne ont également employé les formules les plus fortes pour déplorer le meurtre du Premier ministre. La diplomatie européenne avait en effet joué un rôle crucial dans la mise sur pied de l’Union de Serbie et du Monténégro, censée représenter une alternative au risque de sécession du Monténégro et surtout du Kosovo. Le meurtre du Premier ministre risque fort de mettre à bas l’édifice péniblement échafaudé de l’Union de Serbie et du Monténégro.
La capacité de nuisance des bérets rouges
Depuis le début de l’année 2003, Zoran Djindjic avait lui-même multiplié les déclarations provocatrices à propos du Kosovo, évoquant une possible indépendance du territoire placé depuis juin 1999 sous administration des Nations Unies, mais aussi sa possible partition entre secteurs serbe et albanais. Son assassinat relance aussi toutes les spéculations sur les risques d’un nouvel embrasement lancé par les milieux albanais radicaux, mécontents des processus de paix. Dans la vallée de Presevo, à 300 kilomètres au sud de Belgrade, d’inquiétants bruits de bottes se font entendre depuis plusieurs semaines, et une nouvelle Armée nationale albanaise (AKSh) serait en cours de préparation.
Le nouvel homme fort qui semblait, mardi soir, pouvoir émerger à Belgrade n’est d’ailleurs autre que le vice-Premier ministre Nebojsa Covic, justement en charge du dossier du Kosovo pour le gouvernement serbe. Alors que le chaos politique risque submerger la Serbie, l’avenir du pays pourrait donc se jouer encore une fois en bonne part au Kosovo, où l’opinion albanaise ne manquera pas de se sentir confortée dans son option indépendantiste par le meurtre commis à Belgrade.
À Belgrade, la plupart des analystes expliquaient, mardi après-midi, que l’ancienne opposition devait impérativement retrouver son unité, faute de quoi le pays pourrait très vite courir à la catastrophe. Les nostalgiques de l’ancien régime, qui ont conservé des positions de force dans l’armée et la police, pourraient essayer, eux aussi, de profiter de la vacance du pouvoir.
Les milieux criminels nostalgiques de l’ancien régime de Slobodan Milosevic –en premier lieu les hommes de l’ancienne unité spéciale des «Bérets rouges», directement mis en cause par le gouvernement serbe dès mardi après-midi– ont en tout cas fait la démonstration de leur capacité de nuisance, et pourraient continuer d’essayer de peser sur l’évolution de la crise.
Les dirigeants de Podgorica ont unanimement dénoncé le meurtre du Premier ministre serbe, mais le Monténégro ne cache pas son inquiétude de ne plus avoir d’interlocuteur clair à Belgrade. Les dirigeants de l’OTAN et de l’Union européenne ont également employé les formules les plus fortes pour déplorer le meurtre du Premier ministre. La diplomatie européenne avait en effet joué un rôle crucial dans la mise sur pied de l’Union de Serbie et du Monténégro, censée représenter une alternative au risque de sécession du Monténégro et surtout du Kosovo. Le meurtre du Premier ministre risque fort de mettre à bas l’édifice péniblement échafaudé de l’Union de Serbie et du Monténégro.
La capacité de nuisance des bérets rouges
Depuis le début de l’année 2003, Zoran Djindjic avait lui-même multiplié les déclarations provocatrices à propos du Kosovo, évoquant une possible indépendance du territoire placé depuis juin 1999 sous administration des Nations Unies, mais aussi sa possible partition entre secteurs serbe et albanais. Son assassinat relance aussi toutes les spéculations sur les risques d’un nouvel embrasement lancé par les milieux albanais radicaux, mécontents des processus de paix. Dans la vallée de Presevo, à 300 kilomètres au sud de Belgrade, d’inquiétants bruits de bottes se font entendre depuis plusieurs semaines, et une nouvelle Armée nationale albanaise (AKSh) serait en cours de préparation.
Le nouvel homme fort qui semblait, mardi soir, pouvoir émerger à Belgrade n’est d’ailleurs autre que le vice-Premier ministre Nebojsa Covic, justement en charge du dossier du Kosovo pour le gouvernement serbe. Alors que le chaos politique risque submerger la Serbie, l’avenir du pays pourrait donc se jouer encore une fois en bonne part au Kosovo, où l’opinion albanaise ne manquera pas de se sentir confortée dans son option indépendantiste par le meurtre commis à Belgrade.
À Belgrade, la plupart des analystes expliquaient, mardi après-midi, que l’ancienne opposition devait impérativement retrouver son unité, faute de quoi le pays pourrait très vite courir à la catastrophe. Les nostalgiques de l’ancien régime, qui ont conservé des positions de force dans l’armée et la police, pourraient essayer, eux aussi, de profiter de la vacance du pouvoir.
Les milieux criminels nostalgiques de l’ancien régime de Slobodan Milosevic –en premier lieu les hommes de l’ancienne unité spéciale des «Bérets rouges», directement mis en cause par le gouvernement serbe dès mardi après-midi– ont en tout cas fait la démonstration de leur capacité de nuisance, et pourraient continuer d’essayer de peser sur l’évolution de la crise.
par Jean-Arnault Dérens
Article publié le 13/03/2003