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Congo démocratique

La fin du dialogue intercongolais

Bientôt la fin du dialogue intercongolais. Les dates du 24 et du 25 mars ont été retenues pour les dernières sessions de travail à Sun City, en Afrique du sud. A l’issue de cette réunion la transition se mettra en place pour une période de deux ans et devra déboucher sur les premières élections libres en République démocratique du Congo depuis 1960.
Le facilitateur du dialogue intercongolais, l’ancien président du Botswana, Ketumile Masire, et le médiateur désigné par l’ONU, l’ancien Premier ministre sénégalais Moustapha Niasse vont parrainer le dernier acte qui scellera les décisions du dialogue intercongolais. Le président Joseph Kabila présidera un comité de suivi des décisions, avant de se retrouver au cœur du dispositif à mettre en place. Il sera flanqué de quatre vice-présidents issus des rangs de la rébellion et présidera un gouvernement d’union nationale chargé de préparer les premières élections libres du pays, depuis 1960. Après la réunion de Sun City, les 24 et 25 mars, la décision de faire démarrer les institutions de la république sera prise. Moustapha Niasse, optimiste, estime que dès le mois d’avril les nouvelles institutions seront en place, alors que de nombreux observateurs prévoient plutôt plusieurs mois.

Au début du mois de mars les états-majors de l’armée congolaise, des rébellions et de la plupart des milices connues s’étaient déjà retrouvés, près de Pretoria, pour finaliser des plans d’intégration de l’armée et les différents arrangements liés aux questions de sécurité à Kinshasa. Il a été question de la création d’une force de police intégrée, parallèle à une autre force neutre internationale qui aura en charge la sécurité des politiciens et des institutions (lieux et symboles de la République), et la sécurité dans les villes dites «clefs». Celles qui ont été le fief des mouvements rebelles ou encore les chefs lieux de provinces et capitales régionales. Il ressort des entretiens que les Congolais ont tous une confiance mesurée et relative en la force de police intégrée. Ils souhaitent tous que la force neutre accompagne, dans un premier temps, les premiers pas des institutions de la république. Ils réclament aussi la poursuite de la mission du facilitateur et du médiateur de l’ONU qui pourrait intervenir si un problème politique surgissait.

Le principe de ces demandes a été accepté, mais les services spécialisés de l’ONU ne disent quels seront les Etats contributeurs à la force neutre, par exemple, qui jouera un rôle de police, de sécurisation et de surveillance des instances de la République, ni les effectifs à déployer. Les chefs militaires, rebelles et miliciens congolais s’en remettent aux instances de la médiation onusienne et de la facilitation africaine pour apprécier dans le détail le déploiement de la force neutre. Alors que rien n’est confirmé ni engagé, le RCD, principal mouvement de rébellion à l’est du Congo, a déclaré que ses membres ne se rendraient pas à Kinshasa avant la mise en place de la force neutre qui «garantirait la sécurité du gouvernement et de la population».

Recomposition politique

En revanche, il y a eu plus de promptitude à négocier le partage du pouvoir entre les différentes factions et à jeter les bases de quelques alliances politiques. Ce «pré-positionnement» en vue des élections de 2005 ont débuté, alors que combats se poursuivent dans l’est du Congo. L’armée ougandaise a pris le contrôle de la ville de Bunia après avoir livré d’âpres combats contre les rebelles de l’Union patriotique du Congo (UPC). Les chefs militaires ougandais accusent les rebelles de l’UPC de collaborer avec «les combattants de l’Armée populaire de rédemption (PRA) , qui se préparent à attaquer l’Ouganda», déclarent-ils. Ils accusent aussi les Rwandais qui démentent toute implication dans les combats, mais menacent de reprendre des positions en RDC si l’ONU n’obtient pas le «retrait total des troupes ougandaises du nord-est de ce pays».

Les alliances politiques se poursuivent et montrent la recomposition politique de la RDC autour des mouvements rebelles qui ont installé leur notoriété autour du terrain gagné par la force. L’Union des démocrates pour la solidarité (UDS) a annoncé son «partenariat politique» avec la rébellion du RCD. Le Mouvement démocratique et de développement (MDD) et la Droite plurielle ont aussi annoncé leur ralliement au RCD. La Droite plurielle, réclame par ailleurs, l’ouverture des institutions de la transition aux mouvements politiques qui n’étaient pas présent à Pretoria, dans le cadre du dialogue intercongolais. Du côté du pouvoir de Kinshasa, on assisté à l’autodissolution des Comité du pouvoir populaire (CPP) mis en place en juillet 1999 par Laurent-Désiré Kabila, le père de l’actuel président. Joseph Kabila a souhaité et obtenu la dissolution de tous les mouvements politiques qui se réclament de son défunt père, pour qu’ils s’unissent plutôt autour de lui. En effet, le Parti du peuple pour le reconstruction et le développement (PPRD) vient de voir le jour et regroupera en son sein tous les mouvements et partis qui soutiennent le pouvoir de Kinshasa.



par Didier  Samson

Article publié le 14/03/2003