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Economie française

Chirac vole au secours de Raffarin

Devant le corps préfectoral, réuni à l'Elysée le 6 mars, Jacques Chirac a apporté un soutien appuyé au gouvernement de Jean-Pierre Raffarin et à sa politique économique, alors que Bruxelles annonçait concomitamment son intention de poursuivre Paris pour son déficit de 3,4% du PIB pour l'année 2003. Un déficit au-dessus de la limite du plafond de 3% fixé par le Pacte de stabilité européen.
Alors que Jean-Pierre Raffarin dégringole dans les sondages depuis son arrivée à Matignon il y a dix mois - il est passé de 60% à 52% -, Jacques Chirac est venu à sa rescousse. Très présent sur la scène internationale (Irak, Algérie…etc), le président français n’en a pas moins oublié la scène nationale et les préoccupations des Français : l’emploi et la sécurité. Ainsi, le 6 mars, devant un parterre de préfets, il a tenu à apporté son soutien à son Premier ministre fragilisé par une conjoncture économique déprimée : licenciements économiques, hausse du chômage, déficits budgétaires…etc.

«Face aux incertitudes de la conjoncture mondiale, le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin mène avec constance et détermination son action de réforme. Il conduit une politique économique volontaire et responsable pour libérer les énergies, encourager l’entreprise, soutenir la consommation, favoriser l’investissement. Une politique qui prépare le retour de la croissance en écartant les approches récessives», a déclaré Jacques Chirac, avant d’ajouter : «Le combat pour l’emploi, inquiétude majeure des Français, appelle aujourd’hui à une mobilisation nationale». Cet éloge du chef de l’Etat à la politique de son Premier ministre intervient au moment où la Commission européenne a annoncé son intention de lancer contre la France une procédure pour déficits excessifs.

Eloge remarqué pour Nicolas Sarkozy

Jean-Pierre Raffarin semble, en effet, avoir choisi de laisser filer les déficits au risque pour la France de se faire taper sur les doigts par ses partenaires européens. Et c’est ce qui s’est passé. Tout en se constituant «prisonnier» en annonçant un déficit au-delà de la limite autorisée par Bruxelles, avant la réunion des ministres des Finances des Quinze, ce vendredi, Francis Mer, a confirmé, le 6 mars au soir, que la Commission européenne avait «décidé d’ouvrir une procédure en déficit excessif» à l’encontre de Paris. «Cette procédure se traduit par l’obligation pour nous de revenir sous le seuil des 3% du PIB en 2004», a déclaré le ministre français de l’Economie et des Finances. Pour 2003, le déficit serait de 3,4%, largement au-dessus du plafond de 3% fixé par le traité de Maastricht. «Un déficit de ce niveau est excessif par rapport au Pacte de stabilité mais il n’est pas excessif par rapport à la conjoncture», a estimé Francis Mer, tout en prenant soin de souligner que la «politique de baisse des impôts et des charges n’est pas remise en cause».

Jacques Chirac a également annoncé qu’il était «temps de rompre avec ce que notre héritage centralisateur avait de paralysant (…) La décentralisation, ce n’est pas le repli, ce n’est pas l’affaiblissement de l’Etat. C’est au contraire un Etat plus fort et plus efficace parce que totalement mobilisé sur ses missions essentielles». Une déclaration faite à dix jours du rassemblement à Versailles du Parlement réuni en Congrès pour discuter de la révision constitutionnelle s’agissant de la décentralisation. D’autre part, au moment où les plans sociaux se multiplient, le chef de l’Etat a dit attendre «beaucoup» des négociations engagées par les partenaires sociaux sur les licenciements pour apporter aux salariés, notamment des Petites et Moyennes entreprises (PME), une «meilleure protection face aux mutations économiques».

Assez rare pour être souligné, Jacques Chirac a encensé Nicolas Sarkozy pour sa lutte contre l’insécurité et a également salué son «énergie exemplaire». Rappelons que l’actuel ministre de l’Intérieur l’avait «trahi» lors de l’élection présidentielle de 1995 en allant soutenir Edouard Balladur, alors Premier ministre. Le président a, de plus, réaffirmé que le rapprochement de la police et de la gendarmerie au sein d’un «grand ministère en charge de la sécurité intérieure» avait été «heureusement réalisé et mis en œuvre». Cependant, il a insisté sur la nécessité pour l’Etat de rester «totalement mobilisé». «Cette action sera poursuivie avec détermination car il reste encore beaucoup à faire et le gouvernement ne manque pas de détermination», a-t-il ajouté. Comme pour corroborer les dires du chef de l’Etat, le ministère de l’Intérieur avait annoncé, dans un communiqué, que la délinquance avait reculé en février dernier de 7,44% par rapport au même mois de l’année 2002.



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 07/03/2003