Syrie
Damas prédit une «résistance populaire arabe»
La résistance des Irakiens face à l’offensive aéroterrestre des forces américano-britanniques semble avoir galvanisé la population syrienne. Plusieurs centaines de milliers de personnes sont en effet descendues ces derniers jours dans la rue pour protester contre ce qu’elles considèrent comme une «agression». En phase avec les Syriens, le président Bachar al-Assad dont le pays a été l’un des premiers à condamner l’offensive américano-britannique, a affirmé jeudi que Washington et Londres seront confrontés à une «résistance populaire arabe», tandis que le plus haut dignitaire religieux du pays appelait les musulmans à lancer des attentats suicide contre «les envahisseurs».
Les premières frappes américano-britanniques contre Bagdad n’avaient que très peu mobilisé les Syriens. Seuls quelques centaines d’étudiants s’étaient en effet rassemblés les premiers jours pour dénoncer «l’agression contre l’Irak» tandis que les forces de police surveillaient étroitement les ambassades américaine et britannique de Damas. Mais au fur et à mesure que le temps passe et que la résistance irakienne semble ne pas fléchir devant l’intervention des forces coalisées, les Syriens, qui dans un premier temps étaient désabusés et sans espoir face à l’issue du conflit, se sont repris et semblent désormais plus offensifs, ne cachant plus leur colère. Les images des bombardements américano-britanniques sur l’Irak, qui ont touché de nombreux civils et qui ont largement été diffusées par les télévisions arabes et surtout la mort de cinq ressortissants syriens, dont le bus a été frappé par un missile alors qu’ils tentaient de fuir la guerre, ont profondément bouleversé l’opinion publique. Plusieurs centaines de milliers de personnes, étudiants, fonctionnaires ou simples citoyens sont donc descendues dans les rues des principales villes du pays pour demander l’arrêt de la guerre. Des ministres et des responsables du parti Baas au pouvoir ont également participé aux défilés.
Bien avant le déclenchement de l’offensive américano-britannique, la Syrie, seul pays arabe au Conseil de sécurité de l’ONU, s’était vivement opposée à une guerre en Irak, plaidant notamment aux côtés de la France pour la poursuite des inspections. Elle a également été le premier Etat arabe à condamner «l’agression» des forces coalisées. Le parti Baas au pouvoir avait en outre averti dès dimanche contre «l’anarchie» et la «logique de guerre» qui selon lui prédomineront dans les relations internationales après l’offensive en Irak. Il avait estimé que cette guerre était «un précédent dangereux puisqu’elle visait le changement d’un régime d’une manière illégale, en contradiction avec la charte des Nations unies». Cette condamnation n’était pas sans arrière pensée puisque la Syrie, longtemps considérée par Washington comme un Etat terroriste, reste dans la ligne de mire de l’administration américaine. Elle ne fait certes pas partie de «l’axe du mal», comme l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord, mais ses relations avec les Etats-Unis sont loin d’être apaisées.
La Syrie a en outre gardé des relations avec son voisin irakien et c’est à Damas que s’est rendu le ministre irakien des Affaires étrangères Naji Sabri, trois jours après le début des frappes. Alors qu’il est d’usage dans les pays arabes de ne pas faire de déclarations intempestives, le chef de la diplomatie irakienne, qui devait se rendre au Caire pour une réunion de la Ligue arabe, a lancé un appel aux pays arabes pour qu’ils soutiennent le régime de Bagdad. «Nous ne demandons pas d’aide financière, a-t-il déclaré, mais nous souhaitons qu’aucun de nos voisins ne nous poignarde dans le dos», une allusion directe au Koweït d’où a été lancée l’offensive terrestre contre l’Irak. Naji Sabri a en outre mis en garde les pays arabes en expliquant qu’ils étaient tous «visés par cette agression tripartite : sioniste, américaine et britanniques». La véhémence de ces déclarations laisse supposer qu’il y a eu un accord préalable de la part des autorités syriennes.
L’appel au Jihad
Sans doute conforté par la résistance irakienne et par le rejet massif de la population syrienne de l’offensive américano-britannique, le président Bachar al-Assad a clairement manifesté jeudi son hostilité à la guerre déclenchée contre le régime de Bagdad. Dans une longue interview au quotidien libanais as-Safir, il a affirmé que Washington et Londres allaient devoir faire face à une «résistance populaire arabe» en cas d’occupation de l’Irak. «Si les Etats-Unis sont une superpuissance qui peut occuper l’Irak, ils ne pourront jamais imposer leur contrôle sur tout le pays», a-t-il souligné. Il a en outre estimé que «l’armée et le peuple irakien sont en train de s’opposer fortement» à l’offensive américano-britannique. «Mais si le stratagème américain devait réussir, ce que nous ne souhaitons pas et ce dont nous doutons, il y aura de toute façon une résistance populaire arabe à l’occupation», a-t-il également menacé, en estimant que celle-ci avait déjà commencé. Et de fait, plusieurs centaines de ressortissants arabes, parmi lesquels des Marocains et des Algériens sont actuellement en Syrie d’où ils tentent de rejoindre l’Irak pour s’opposer aux forces américano-britanniques.
Le mufti de Syrie, cheikh Ahmad Kaftaro, le plus haut dignitaire religieux du pays, nommé par le pouvoir, a par ailleurs appelé les musulmans à lancer des attentats suicide contre les «envahisseurs» américains et britanniques. «J’appelle les musulmans à utiliser tous les moyens possibles pour faire échouer l’agression, y compris les opérations martyres contre les envahisseurs belliqueux», a-t-il notamment déclaré. Se plaçant dans un contexte purement religieux il a expliqué que «la résistance aux envahisseurs belliqueux est une obligation qui incombe à tous les musulmans, en premier lieu les Irakiens». C’est la première fois qu’un dignitaire religieux syrien appelle à des attentats suicide contre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Cet appel, qui intervient le jour même des déclarations du président Bachar al-Assad prédisant «une résistance populaire arabe» à l’occupation irakienne, laisse supposer qu’il a reçu l’aval des autorités de Damas. Lors des manifestations de ces derniers jours, de nombreux syriens s’étaient déclarés prêts au Jihad pour défendre l’Irak de l’invasion américano-britannique.
Bien avant le déclenchement de l’offensive américano-britannique, la Syrie, seul pays arabe au Conseil de sécurité de l’ONU, s’était vivement opposée à une guerre en Irak, plaidant notamment aux côtés de la France pour la poursuite des inspections. Elle a également été le premier Etat arabe à condamner «l’agression» des forces coalisées. Le parti Baas au pouvoir avait en outre averti dès dimanche contre «l’anarchie» et la «logique de guerre» qui selon lui prédomineront dans les relations internationales après l’offensive en Irak. Il avait estimé que cette guerre était «un précédent dangereux puisqu’elle visait le changement d’un régime d’une manière illégale, en contradiction avec la charte des Nations unies». Cette condamnation n’était pas sans arrière pensée puisque la Syrie, longtemps considérée par Washington comme un Etat terroriste, reste dans la ligne de mire de l’administration américaine. Elle ne fait certes pas partie de «l’axe du mal», comme l’Irak, l’Iran et la Corée du Nord, mais ses relations avec les Etats-Unis sont loin d’être apaisées.
La Syrie a en outre gardé des relations avec son voisin irakien et c’est à Damas que s’est rendu le ministre irakien des Affaires étrangères Naji Sabri, trois jours après le début des frappes. Alors qu’il est d’usage dans les pays arabes de ne pas faire de déclarations intempestives, le chef de la diplomatie irakienne, qui devait se rendre au Caire pour une réunion de la Ligue arabe, a lancé un appel aux pays arabes pour qu’ils soutiennent le régime de Bagdad. «Nous ne demandons pas d’aide financière, a-t-il déclaré, mais nous souhaitons qu’aucun de nos voisins ne nous poignarde dans le dos», une allusion directe au Koweït d’où a été lancée l’offensive terrestre contre l’Irak. Naji Sabri a en outre mis en garde les pays arabes en expliquant qu’ils étaient tous «visés par cette agression tripartite : sioniste, américaine et britanniques». La véhémence de ces déclarations laisse supposer qu’il y a eu un accord préalable de la part des autorités syriennes.
L’appel au Jihad
Sans doute conforté par la résistance irakienne et par le rejet massif de la population syrienne de l’offensive américano-britannique, le président Bachar al-Assad a clairement manifesté jeudi son hostilité à la guerre déclenchée contre le régime de Bagdad. Dans une longue interview au quotidien libanais as-Safir, il a affirmé que Washington et Londres allaient devoir faire face à une «résistance populaire arabe» en cas d’occupation de l’Irak. «Si les Etats-Unis sont une superpuissance qui peut occuper l’Irak, ils ne pourront jamais imposer leur contrôle sur tout le pays», a-t-il souligné. Il a en outre estimé que «l’armée et le peuple irakien sont en train de s’opposer fortement» à l’offensive américano-britannique. «Mais si le stratagème américain devait réussir, ce que nous ne souhaitons pas et ce dont nous doutons, il y aura de toute façon une résistance populaire arabe à l’occupation», a-t-il également menacé, en estimant que celle-ci avait déjà commencé. Et de fait, plusieurs centaines de ressortissants arabes, parmi lesquels des Marocains et des Algériens sont actuellement en Syrie d’où ils tentent de rejoindre l’Irak pour s’opposer aux forces américano-britanniques.
Le mufti de Syrie, cheikh Ahmad Kaftaro, le plus haut dignitaire religieux du pays, nommé par le pouvoir, a par ailleurs appelé les musulmans à lancer des attentats suicide contre les «envahisseurs» américains et britanniques. «J’appelle les musulmans à utiliser tous les moyens possibles pour faire échouer l’agression, y compris les opérations martyres contre les envahisseurs belliqueux», a-t-il notamment déclaré. Se plaçant dans un contexte purement religieux il a expliqué que «la résistance aux envahisseurs belliqueux est une obligation qui incombe à tous les musulmans, en premier lieu les Irakiens». C’est la première fois qu’un dignitaire religieux syrien appelle à des attentats suicide contre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Cet appel, qui intervient le jour même des déclarations du président Bachar al-Assad prédisant «une résistance populaire arabe» à l’occupation irakienne, laisse supposer qu’il a reçu l’aval des autorités de Damas. Lors des manifestations de ces derniers jours, de nombreux syriens s’étaient déclarés prêts au Jihad pour défendre l’Irak de l’invasion américano-britannique.
par Mounia Daoudi
Article publié le 27/03/2003