Mexique
Menaces américaines sans effets
Les Etats-Unis sont agacés par l’attitude pacifiste du Mexique sur l’Irak alors que ce pays assure, à partir du 1er avril, la présidence tournante du Conseil de sécurité des Nations Unies. Ils auraient aimé le voir se mobiliser à leurs cotés car ce pays est l’un de leurs principaux partenaires économiques et Washington a toujours considéré son voisin du sud comme son arrière-cour.
De notre correspondant à Mexico
L’attitude très ferme du gouvernement mexicain surprend la Maison Blanche. Depuis l’entrée du Mexique au Conseil de sécurité des Nations unies en janvier 2002, rien ne va plus entre les deux pays mais, comme dans les vieux couples, on sait jusqu’où aller pour limiter les dégâts. Pour montrer ce mécontentement, surtout après les discussions houleuses sur la résolution 1441, les Etats-Unis menacent à tout bout de champs le Mexique de terribles représailles.
Les dernières pressions en date sont diplomatiques. La Maison Blanche voudrait que le Mexique change son ambassadeur auprès de l’ONU car à partir du 1er avril, la présidence tournante du Conseil de sécurité sera assurée par le Mexique. Or, l’ambassadeur Adolfo Aguilar Zinser qui devra mener les discussions sur l’aide humanitaire et sur la reconstruction si la guerre prenait fin rapidement, est un homme issu de la gauche mexicaine qui n’est pas un inconditionnel des Etats-Unis. Washington l’a vu à la tâche, c’est un bon stratège, partisan de la paix et de la recherche de consensus internationaux mais un homme difficile, enclin à défendre coûte que coûte l’ONU passablement ébranlée. Vicente Fox que l’on a senti vaciller un moment a finalement résisté, choisissant la cohérence. Il a annoncé clairement que tout cela n’était que rumeur et qu’il n’était pas question de remplacer Aguilar Zinser.
Une longue tradition de paix
En se mettant du coté de la paix, le Mexique est en symbiose avec son histoire que semble totalement méconnaître Washington. Son attitude pacifiste n’est pas un orgueil mal placé vis-à-vis des Etats-Unis mais répond à une longue tradition politique. Ce pays qui ne possède pas d’armes nucléaires, biologiques ou chimiques et dont le budget de la Défense nationale est l’un des plus faibles du monde, a toujours fait la promotion de la paix au sein de la communauté internationale. Un activisme déjà récompensé, en 1982, par un prix Nobel donné au chancelier Alfonso Garcia Robles, pour son action en faveur de la non-prolifération des armes nucléaires. Si le Mexique ne soutient pas George Bush en Irak, par contre, il participe activement au plan de défense américain contre le terrorisme. Le Président Vicente Fox a lancé l’opération Centinela (sentinelle) qui consiste au déploiement de 18 000 soldats chargés de la surveillance des 3 200 km de frontière entre les deux pays. L’armée mexicaine a même installé 4 lance-missiles qu’elle vient d’acheter aux Russes pour protéger les plate-formes pétrolières de la sonde de Campeche qui assurent une partie de l’approvisionnement en pétrole des Etats-Unis.
Cette éthique politique qui tient davantage à des valeurs philosophiques, a beaucoup de mal à être comprise par les faucons américains qui pensent encore pouvoir faire changer d’avis le président Vicente Fox, comme si l’ex-président de Coca-Cola pour l’Amérique latine, un allié de poids en théorie, était le seul responsable de cette prise de position.
Les menaces de représailles sont donc constantes et sur tous les fronts. Celle qui revient avec le plus d’acuité touche l’accord migratoire que le Mexique aimerait signer depuis 50 ans. Mais, ces pressions paraissent bien peu réalistes : les fermiers américains du Middle West ont besoin de la main d’œuvre mexicaine et, chaque année, comme par enchantement, les sévères contrôles migratoires laissent malgré tout passer les ouvriers mexicains. Les «maquiladoras» (usines de montage) installées à la frontière, ont besoin de la main d’œuvre bon marché du Mexique. Ces pressions sont donc plus verbales que réelles. Du reste, s’il y avait des mesures de représailles contre le Mexique, elles se retourneraient immédiatement contre les Etats-Unis puisque ces deux économies sont intimement liées et réalisent, bon an mal an, 350 milliards de dollars d’échanges.
En revanche, les répercussions de la guerre en Irak constituent une véritable menace pour le Mexique. Moins d’échanges, moins de consommation, moins de touristes, une vie plus chère. Vicente Fox qui a longtemps estimé que le développement du pays devait coller celui des Etats-Unis est en train de se rendre compte que son pays est très vulnérable aux fluctuations économiques de son voisin, ce qui pourrait favoriser, à terme, une nouvelle politique de développement interne qui manque terriblement au Mexique.
L’attitude très ferme du gouvernement mexicain surprend la Maison Blanche. Depuis l’entrée du Mexique au Conseil de sécurité des Nations unies en janvier 2002, rien ne va plus entre les deux pays mais, comme dans les vieux couples, on sait jusqu’où aller pour limiter les dégâts. Pour montrer ce mécontentement, surtout après les discussions houleuses sur la résolution 1441, les Etats-Unis menacent à tout bout de champs le Mexique de terribles représailles.
Les dernières pressions en date sont diplomatiques. La Maison Blanche voudrait que le Mexique change son ambassadeur auprès de l’ONU car à partir du 1er avril, la présidence tournante du Conseil de sécurité sera assurée par le Mexique. Or, l’ambassadeur Adolfo Aguilar Zinser qui devra mener les discussions sur l’aide humanitaire et sur la reconstruction si la guerre prenait fin rapidement, est un homme issu de la gauche mexicaine qui n’est pas un inconditionnel des Etats-Unis. Washington l’a vu à la tâche, c’est un bon stratège, partisan de la paix et de la recherche de consensus internationaux mais un homme difficile, enclin à défendre coûte que coûte l’ONU passablement ébranlée. Vicente Fox que l’on a senti vaciller un moment a finalement résisté, choisissant la cohérence. Il a annoncé clairement que tout cela n’était que rumeur et qu’il n’était pas question de remplacer Aguilar Zinser.
Une longue tradition de paix
En se mettant du coté de la paix, le Mexique est en symbiose avec son histoire que semble totalement méconnaître Washington. Son attitude pacifiste n’est pas un orgueil mal placé vis-à-vis des Etats-Unis mais répond à une longue tradition politique. Ce pays qui ne possède pas d’armes nucléaires, biologiques ou chimiques et dont le budget de la Défense nationale est l’un des plus faibles du monde, a toujours fait la promotion de la paix au sein de la communauté internationale. Un activisme déjà récompensé, en 1982, par un prix Nobel donné au chancelier Alfonso Garcia Robles, pour son action en faveur de la non-prolifération des armes nucléaires. Si le Mexique ne soutient pas George Bush en Irak, par contre, il participe activement au plan de défense américain contre le terrorisme. Le Président Vicente Fox a lancé l’opération Centinela (sentinelle) qui consiste au déploiement de 18 000 soldats chargés de la surveillance des 3 200 km de frontière entre les deux pays. L’armée mexicaine a même installé 4 lance-missiles qu’elle vient d’acheter aux Russes pour protéger les plate-formes pétrolières de la sonde de Campeche qui assurent une partie de l’approvisionnement en pétrole des Etats-Unis.
Cette éthique politique qui tient davantage à des valeurs philosophiques, a beaucoup de mal à être comprise par les faucons américains qui pensent encore pouvoir faire changer d’avis le président Vicente Fox, comme si l’ex-président de Coca-Cola pour l’Amérique latine, un allié de poids en théorie, était le seul responsable de cette prise de position.
Les menaces de représailles sont donc constantes et sur tous les fronts. Celle qui revient avec le plus d’acuité touche l’accord migratoire que le Mexique aimerait signer depuis 50 ans. Mais, ces pressions paraissent bien peu réalistes : les fermiers américains du Middle West ont besoin de la main d’œuvre mexicaine et, chaque année, comme par enchantement, les sévères contrôles migratoires laissent malgré tout passer les ouvriers mexicains. Les «maquiladoras» (usines de montage) installées à la frontière, ont besoin de la main d’œuvre bon marché du Mexique. Ces pressions sont donc plus verbales que réelles. Du reste, s’il y avait des mesures de représailles contre le Mexique, elles se retourneraient immédiatement contre les Etats-Unis puisque ces deux économies sont intimement liées et réalisent, bon an mal an, 350 milliards de dollars d’échanges.
En revanche, les répercussions de la guerre en Irak constituent une véritable menace pour le Mexique. Moins d’échanges, moins de consommation, moins de touristes, une vie plus chère. Vicente Fox qui a longtemps estimé que le développement du pays devait coller celui des Etats-Unis est en train de se rendre compte que son pays est très vulnérable aux fluctuations économiques de son voisin, ce qui pourrait favoriser, à terme, une nouvelle politique de développement interne qui manque terriblement au Mexique.
par Patrice Gouy
Article publié le 30/03/2003