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Grande-Bretagne

Tony Blair ambassadeur européen à Washington

Le Premier ministre britannique se rend aux États-Unis pour rencontrer George W. Bush ce mercredi. Au menu des discussions : l’après-guerre et la relation transatlantique.
Tony Blair a su, à l'automne dernier, persuader Georges Bush d'emprunter le chemin des Nations unies. Il s'agissait de tout faire pour obtenir l'aval de la Communauté internationale avant de partir pour une guerre déjà décidée par les États-Unis. Pour le premier ministre britannique, c'était au-delà de la défense de ses propres convictions, une façon de faire résonner à Washington la voix de l'Europe. Car Tony Blair reste le dirigeant du Royaume Uni le plus pro-européen que le continent ait connu depuis de longues années.

L'entreprise, on le sait, a échoué. Et le premier ministre britannique a dû faire un choix terrible. En s'engageant dans une guerre dite illégale, aux côtés de son allié américain, il s'est de fait écarté de la conception multilatérale des relations internationales qu'il prétendait justement défendre.

Et il apparaît dorénavant sur la scène européenne comme celui qui a choisi à l'heure du combat le grand large. Bien plus que l'Espagne ou l'Italie, dont les postures diplomatiques, pour n'être suivies par aucun engagement militaire, perdent une grande part de leur consistance.

Partenaires et non rivaux

Mais si Tony Blair a dû transiger avec certaines de ses croyances à l'occasion d'un conflit qu'il croit juste, il n'a pas pour autant abandonné l'idée de les défendre dans l'après-guerre. C'est donc pour remettre inlassablement l'ouvrage sur le métier que Tony Blair se rend dans la résidence de son ami Bush. Il veut évoquer avec lui la façon dont ils peuvent tous deux amener les États-Unis et l'Europe à travailler à nouveau ensemble en tant que partenaires et non rivaux. Le dirigeant britannique veut remettre l'ONU au cœur du système, qu'il s'agisse de la gestion de la crise humanitaire ou de la reconstruction de l'Irak. Il veut aussi reparler du processus de paix au Proche-Orient, dont la relance est permise par la désignation du premier ministre palestinien.

Des thèmes chers aux diplomaties européennes dont Tony Blair se fait l'ambassadeur à Washington. Rétablir des relations transatlantiques sereines constitue, après le déclenchement de la plus grave crise qu'ait connue l'Europe et les Etats-Unis, son actuelle feuille de route. A Washington la tâche ne sera pas aisée. Les faucons y défendent l'idée que l'Amérique ne peut décidément plus compter sur les Nations unies.

En Europe la plaie est encore trop à vif pour qu'un rapprochement se fasse. La voie empruntée par le premier ministre britannique a donc tout d'une ligne de crête. Mais cela ne semble pas gêner un Tony Blair plus ancré dans ses convictions que jamais.



par Valérie  Lainé

Article publié le 26/03/2003