Congo démocratique
Un millier de civils massacrés en Ituri
Au moment même où le Congo démocratique s’apprêtait à entrer officiellement dans une longue phase de démocratisation et de réunification, à l’issue d’une guerre qui a commencé en 1997, un nouveau massacre était perpétré à Drodro, près de Bunia, selon la MONUC (Mission de l’ONU).
Un millier de cadavres enterrés à la hâte dans une vingtaine de fosses communes, identifiables par des traces de sang encore fraîches, et beaucoup de questions demeurées sans réponse. Le dernier en date des massacres de civils perpétrés en Ituri - une région isolée du nord-est du Congo démocratique, située près de la frontière ougandaise - ressemble à ceux qui l’ont précédé ces quatre dernières années et qui ont causé la mort d’environ 50 000 civils. Il est intervenu tôt jeudi 3 avril, entre 5 et 8 heures du matin, c’est-à-dire au moment même où la RDC entrait officiellement dans un processus de démocratisation et de pacification.
D’après les premier témoignages et «selon des listes dressées par les chefs de groupements, 966 personnes auraient été sommairement exécutées», à Drodro et quatorze autres localités environnantes. Les victimes seraient pour la plupart des Héma, des bergers tombés apparemment sous les coups des Lendu, des agriculteurs majoritaires dans cette région. La MONUC a refusé de se prononcer sur l’identité des assaillants, en précisant qu’elle allait «poursuivre son enquête pour identifier les responsables de ces crimes».
50 000 morts en quatre ans
Seule certitude pour l’heure : il s’agit bien d’une attaque en règle, presque «manu militari», déclenchée par une long coup de sifflet qui aurait permis aux assaillants de lancer leur assaut au même moment sur tous les villages des environs de Drodro.
Ces massacres ont été confirmés ces derniers jours par différentes sources, et notamment par Thomas Lubanga, le leader d’un petit groupe de rebelles locaux, l’UPC (Union des patriotes congolais), qui a accusé l’armée ougandaise d’avoir perpétré ces massacres, avec l’aide des Lendu. Ce qui a été aussitôt démenti par le général ougandais Kayihura. Tandis qu’une source indépendante à Bunia citée par l’Agence France Presse (AFP) indiquait que «des affrontements entre l’armée ougandaise et l’UPC» avaient bien eu lieu à Drodro dernièrement. L’UPC de Lubanga se serait récemment rapproché du RCD-Goma, le groupe rebelle proche du Rwanda de Paul Kagamé, et est le seul mouvement à s’être opposé, début mars, à la signature d’une trêve entre tous les belligérants de l’Ituri. Mais cela suffit-il pour le soupçonner d’avoir utilisé les rivalités traditionnelles entre Héma (minoritaires) et Lendu (majoritaires en Ituri, mais pas à Drodro) pour perpétrer ce massacre ?
Des représentants des Héma basés à Kinshasa ont pour leur part déclaré qu’il «ne s’agit pas d’un massacre inter-ethnique, mais d’une opération téléguidée par le Rwanda pour semer la terreur et bloquer l’avancée de la paix en Ituri». D’autres sources, notamment dans les milieux associatifs et religieux locaux, font état quant à eux de «messages contradictoires» sur ce qui s’est réellement passé la semaine dernière à Drodro.
Il demeure néanmoins que Kampala et Kinshasa sont signataires d’un accord qui prévoit non seulement la pacification de cette région, mais aussi le retrait total, le 24 avril prochain, de toutes les troupes ougandaises basées en Ituri (avec l’accord de la MONUC, très préoccupée par la présence de quelques «seigneurs de la guerre» de plus en plus incontrôlables). Ce que Kampala a de nouveau promis de respecter ce dimanche.
L’enquête de la MONUC a quant à elle déjà commencé, par un premier survol de cette région de forêt très dense par un hélicoptère transportant des membres de l’ONU, des représentants Héma et de l’armée ougandaise, mais pas des Lendu, qui auraient refusé de s’y joindre, selon l’agence de presse Misna. Pourquoi ?
Depuis le début de la guerre en RDC, la confrontation traditionnelle entre les 700 000 Lendu et les 150 000 Héma a été constamment exacerbée par les différents groupes rebelles qui ont essayé de s’implanter en Ituri, dans le but d’en exploiter les richesses. A commencer par ses mines d’or.
D’après les premier témoignages et «selon des listes dressées par les chefs de groupements, 966 personnes auraient été sommairement exécutées», à Drodro et quatorze autres localités environnantes. Les victimes seraient pour la plupart des Héma, des bergers tombés apparemment sous les coups des Lendu, des agriculteurs majoritaires dans cette région. La MONUC a refusé de se prononcer sur l’identité des assaillants, en précisant qu’elle allait «poursuivre son enquête pour identifier les responsables de ces crimes».
50 000 morts en quatre ans
Seule certitude pour l’heure : il s’agit bien d’une attaque en règle, presque «manu militari», déclenchée par une long coup de sifflet qui aurait permis aux assaillants de lancer leur assaut au même moment sur tous les villages des environs de Drodro.
Ces massacres ont été confirmés ces derniers jours par différentes sources, et notamment par Thomas Lubanga, le leader d’un petit groupe de rebelles locaux, l’UPC (Union des patriotes congolais), qui a accusé l’armée ougandaise d’avoir perpétré ces massacres, avec l’aide des Lendu. Ce qui a été aussitôt démenti par le général ougandais Kayihura. Tandis qu’une source indépendante à Bunia citée par l’Agence France Presse (AFP) indiquait que «des affrontements entre l’armée ougandaise et l’UPC» avaient bien eu lieu à Drodro dernièrement. L’UPC de Lubanga se serait récemment rapproché du RCD-Goma, le groupe rebelle proche du Rwanda de Paul Kagamé, et est le seul mouvement à s’être opposé, début mars, à la signature d’une trêve entre tous les belligérants de l’Ituri. Mais cela suffit-il pour le soupçonner d’avoir utilisé les rivalités traditionnelles entre Héma (minoritaires) et Lendu (majoritaires en Ituri, mais pas à Drodro) pour perpétrer ce massacre ?
Des représentants des Héma basés à Kinshasa ont pour leur part déclaré qu’il «ne s’agit pas d’un massacre inter-ethnique, mais d’une opération téléguidée par le Rwanda pour semer la terreur et bloquer l’avancée de la paix en Ituri». D’autres sources, notamment dans les milieux associatifs et religieux locaux, font état quant à eux de «messages contradictoires» sur ce qui s’est réellement passé la semaine dernière à Drodro.
Il demeure néanmoins que Kampala et Kinshasa sont signataires d’un accord qui prévoit non seulement la pacification de cette région, mais aussi le retrait total, le 24 avril prochain, de toutes les troupes ougandaises basées en Ituri (avec l’accord de la MONUC, très préoccupée par la présence de quelques «seigneurs de la guerre» de plus en plus incontrôlables). Ce que Kampala a de nouveau promis de respecter ce dimanche.
L’enquête de la MONUC a quant à elle déjà commencé, par un premier survol de cette région de forêt très dense par un hélicoptère transportant des membres de l’ONU, des représentants Héma et de l’armée ougandaise, mais pas des Lendu, qui auraient refusé de s’y joindre, selon l’agence de presse Misna. Pourquoi ?
Depuis le début de la guerre en RDC, la confrontation traditionnelle entre les 700 000 Lendu et les 150 000 Héma a été constamment exacerbée par les différents groupes rebelles qui ont essayé de s’implanter en Ituri, dans le but d’en exploiter les richesses. A commencer par ses mines d’or.
par Elio Comarin avec AFP
Article publié le 07/04/2003