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Guerre en Irak

Saddam déboulonné...en effigie

Lentement, lourdement, la statue géante de Saddam Hussein, place Al-Ferdaous, au centre de Bagdad s'est effondrée, marquant symboliquement la chute du rais irakien. Quelques heures après l'entrée des premiers soldats américains dans la capitale des centaines d'Irakiens s'en sont pris aux représentations les plus évocatrices du régime en cours de dissolution accélérée. Des effigies, des statues de Saddam Hussein ont été détruites, piétinées, dispersées, alors même que se poursuivaient les pillages. Une question demeure : où Saddam Hussein se trouve-t-il ?
L'action la plus spectaculaire suivant l’arrivée des Américains dans Bagdad s'est déroulée sur une place centrale devant l'hôtel Palestine où résident la plupart des journalistes étrangers. C'est donc en grande partie à l'intention des médias internationaux que des Irakiens ont entouré la statue d'une corde pour la déboulonner, avant de l'attaquer à la massue, sans plus de succès. Il a fallu avoir recours à un blindé américain pour, finalement, la renverser après qu'un soldat ait brièvement masqué le visage de bronze de Saddam Hussein d'un drapeau américain, rapidement ôté, puis d'un drapeau irakien. La chute de la statue monumentale de Saddam Hussein a été saluée par des cris et les spectateurs se sont rués sur les débris pour les piétiner. La bévue, promptement redressée, du soldat américain a cependant été commentée par la télévision qatariote Al Jazira qui y a vu «le symbole de ce qui va se passer dorénavant en Irak et dans la région».

Le triomphalisme n’est toutefois pas de mise à l’état-major de la coalition pas plus qu’à la Maison Blanche ou à Londres où le président George Bush et le Premier ministre Tony Blair ont suivi en direct à la télévision les scènes de liesse à Bagdad et le déboulonnage de la statue et, ont, chacun de leur côté, fait savoir qu’ils en étaient heureux.

Pourtant, des poches de résistance existaient toujours dans le sud-ouest de la capitale, où de violentes explosions étaient encore perceptibles, même si, selon un commandant américain, les soldats américains ont pris le contrôle de la plus grande partie de la ville. Des forces irrégulières des paramilitaires et des miliciens du parti Baas continuaient de se battre. Le général Vince Brooks du commandement central au Qatar a confirmé que certains endroits restaient contrôlés par le régime irakien et qu’il restait «encore du travail à faire». Le Pentagone a rappelé que le premier objectif fixé par le secrétaire d’Etat à la défense Donald Rumsfeld était atteint mais que le remplacement du régime de Saddam Hussein et la destruction des armes de destruction massive restaient à accomplir. Les Etats-Unis ont reconnu qu'ils n'avaient pas encore trouvé d'armes de destruction massive en Irak, mais ils craignent que le régime irakien tente d'organiser leur transfert à l'étranger, où elles pourraient tomber aux mains d'organisations terroristes.

Préparer l’avenir

Donald Rumsfeld a jugé le moment suffisamment historique pour, au cours d’une conférence de presse à Washington, le comparer à la chute du Mur de Berlin et Saddam Hussein à d’autres dictateurs brutaux déchus comme Hitler ou Staline. Le secrétaire d’état américain à la Défense s’est félicité de voir des Irakiens libres manifestant leur joie dans les rues et affirmé que de hauts responsables irakiens s’enfuient actuellement en Syrie.

En revanche pas de nouvelles de Saddam Hussein lui-même et Pentagone et CIA avouent leur ignorance sur le point de savoir s’il est vivant ou mort et, s’il est vivant, où il se trouve. Dans l’après-midi le bruit avait couru, en provenance d’autorités libanaises, que le président déchu était réfugié à l’ambassade de Russie à bagdad. Cela a immédiatement été démenti par le ministère russe des Affaires étrangères comme «du délire et des divagations».

Sans attendre la fin définitive des hostilités l’après-Saddam est l’objet des préoccupations américaines et le vice-président Dick Cheney a annoncé la tenue d’une réunion le 12 avril prochain en Irak rassemblant les Américains et des représentants des Irakiens opposés au régime de Saddam Hussein qualifiés d’Irakiens «libres» pour préparer l’avenir du pays. Quant au général américain Jay Garner, futur administrateur civil provisoire de l'Irak, il se rendra à Bagdad dès que la capitale irakienne et son aéroport seront sécurisés.



par Francine  Quentin

Article publié le 09/04/2003