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Guerre en Irak

Kirkouk tombée aux mains des Kurdes

La ville de Kirkouk est tombée ce jeudi aux mains des combattants kurdes. Les réactions inquiètes de la Turquie à la prise de cette ville par les Kurdes ne se sont pas faites attendre. Ankara exige que les combattants kurdes soient rapidement relevés par des soldats américains.
Les Irakiens ont enregistré une nouvelle défaite militaire ce jeudi avec la prise de Kirkouk, une ville située à environ 300 kilomètres au nord de Bagdad. Les forces kurdes, soutenues par l’aviation américaine, n’auraient rencontré aucune résistance irakienne pour prendre le contrôle de cette ville stratégique pétrolière. Des témoins ont indiqué qu’aucun échange de tirs ne s’était produit ce jeudi dans la ville et que les soldats irakiens s’étaient retirés avant l’arrivée des combattants kurdes, les peshmergas. «Les peshmergas et les Américains sont entrés dans Kirkouk quand la population s’est soulevée», a déclarée le commandant kurde Hosman Bani Marani. «Quand les Irakiens ont fini de se retirer, la population s’est soulevée. Il y a eu des combats limités près de l’aéroport. Nous sommes alors entrés pour stabiliser la situation».

Ces combattants kurdes devraient être bientôt remplacés des soldats américains. Le ministre américain des Affaires étrangères, Colin Powell, a affirmé à son homologue turc Abdullah Gul que des renforts devraient bientôt être sur place. Le chef de la diplomatie turque a également annoncé que des observateurs militaires d'Ankara allaient se rendre dans le nord de l'Irak pour vérifier que les forces kurdes irakiennes quittent bien la ville de Kirkouk. Seule l’arrivée des soldats américains devrait permettre de calmer les inquiétudes de la Turquie qui ne tolérera pas que les Kurdes conservent le contrôle de cette ville. Considérée par les Kurdes comme leur capitale, Kirkouk a une grande importance stratégique. Ses richesses pétrolifères pourraient permettre aux Kurdes de financer leur indépendance. Et le gouvernement turc devrait alors gérer une situation très difficile dans le sud de son territoire, une région dans laquelle il réprime depuis des années toute velléité d’indépendance de la population kurde.«La saisie des puits de pétrole de Mossoul et de Kirkouk par les Kurdes constitueraient une raison pour l’intervention de l’armée turque dans le Nord irakien», déclarait ainsi lundi le premier ministre turc Tayyip Erdogan dont les propos sont rapportés ce jeudi par le quotidien Le Figaro. Le journal explique que l’opposition kurde s’était engagée jusque-là à respecter les schémas américains et à s’inscrire dans une fédération irakienne démocratique. Mais la prise de Bagdad pourrait éventuellement avoir modifié ce scénario d’avant-guerre.

Des combats sporadiques à Bagdad

Après avoir occupé mercredi une grande partie de Bagdad mercredi, les troupes américaines restent sur le qui-vive dans la capitale irakienne. Elles tentent à la fois de sécuriser les quartiers de la ville dans lesquels elles sont déjà positionnées et de continuer leur progression dans le reste de la capitale. De nombreux soldats irakiens armés circulent encore dans la capitale et tentent de résister. Un marine a été tué et plus de vingt autres ont ainsi été blessés ce jeudi dans de violents affrontements qui se sont déroulés autour d'une mosquée située dans le nord-ouest de la ville. «Les combats ont été violents. Les forces ennemies tiraient du secteur de la mosquée», a déclaré le capitaine Frank Thorp, du commandement de l'armée américaine au Qatar. Les soldats américains ont été attaqués au lance-roquettes, au mortier et au fusil d'assaut.

Parmi les objectifs des forces américaines se trouve la capture de Saddam Hussein et des hauts dignitaires de son régime. Elles veulent ainsi prendre le contrôle de la ville de Tikrit située au nord de Bagdad qui est le fief de la famille de Saddam Hussein. Des éléments de la garde Républicaine seraient en train de se regrouper autour de cette ville, ainsi qu’autour de Mossoul, située dans le nord du pays. «Des éléments de la Garde républicaine sont à cette heure en train de se repositionner, commencent à se regrouper et à recomposer des unités. Nous les attaquons de manière intensive par des frappes aériennes, où que ce soit entre Mossoul et Tikrit et le long de la ligne verte», a déclaré jeudi le lieutenant Mark Kitchens, du commandement central de l'armée américaine installé au Qatar. La «ligne verte» sépare le territoire irakien du Kurdistan autonome.

Le Pentagone sait bien cependant que certains dirigeants du régime ne se trouvent déjà plus dans le pays. «De hauts responsables du régime quittent l'Irak vers la Syrie», a déclaré M. Rumsfeld mercredi, ajoutant que Damas continuait à aider militairement l'Irak. Une situation qui, selon secrétaire d’Etat Colin Powell, ne représente pas une menace de guerre. Dans une interview publiée ce jeudi par le quotidien Los Angeles Times, le chef de la diplomatie américaine déclare qu’il existe pour les Etats-Unis plusieurs façons de faire face aux défis auxquels ils sont confrontés.

Parallèlement aux opérations militaires, les autorités américaines s’emploient à gérer l’après Saddam Hussein. Le vice-président américain Dick Cheney a rappelé mercredi que les Nations unies n'étaient «pas équipées» pour jouer un «rôle central» dans la reconstruction de l'Irak, confirmant ainsi les propos de George Bush selon lesquels elles devaient se contenter «d'aider les gens à vivre librement et d'apporter de la nourriture et des médicaments». Le problème de l’acheminement de l’aide humanitaire a d’ailleurs été une nouvelle fois été abordé au lendemain de l’entrée massive des militaires américains dans Bagdad. Les premiers avions américains chargés de nourriture se seraient posés sur l’un des aéroports de la capitale irakienne mais la distribution de cette aide dépend de la sécurisation progressive de la ville.



par Olivier  Bras

Article publié le 10/04/2003