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Irak

«La force assujettie au droit»

La diplomatie tente de reprendre ses droits, après la chute du régime de Saddam Hussein. De Saint-Pétersbourg au Caire en passant par Calcutta, cette diplomatie se manifeste en faveur d’un avenir de l’Irak dans les mains des Irakiens.
La France, l’Allemagne et la Russie préviennent contre toute tentative des Etats-Unis de mettre sous tutelle l’Irak. Jacques Chirac, Gerhard Schroeder et Vladimir Poutine, réunis les 11 et 12 avril à Saint-Pétersbourg ont redit la confiance qu’ils plaçaient dans l’ONU pour jouer un «rôle central» dans la reconstruction de l’Irak. Les trois dirigeants n’ont pas publié de déclaration, mais lors des points de presse ont défendu individuellement des positions communes, refusant un système unique dominé par les Etats-Unis. Le président russe Vladimir Poutine a eu les termes les plus durs pour exprimer son aversion du modèle que les Américains seraient tentés d’imposer au monde. Il a dénoncé «l’exportation de la révolution capitalistico-démocratique, qui ressemble à un néo-colonialisme et qui risque de provoquer des guerres sans fin».

Jacques Chirac a lui défendu le rôle aussi bien humanitaire que politique et économique que l’ONU doit jouer dans la reconstruction de l’Irak. Selon lui, seules les Nations-unies peuvent apporter «crédibilité et légitimité» à toute instance qui devra assurer l’après guerre pour que les Irakiens soient maîtres de leur propre destin. Le président français a parlé d’un retour rapide de la souveraineté de l’Irak, pour que le peuple irakien retrouve «sa dignité dans la liberté», a-t-il ajouté. A l’université de droit de Saint-Pétersbourg, Jacques Chirac a soutenu que «la force doit être assujettie au droit» défendant une fois de plus le «rôle central» de l’ONU dans la reconstruction de l’Irak.

Le chancelier allemand, Gerhard Schroeder, qui partage les mêmes points de vue a également rejoint le président russe quant au rôle dévolu à l’ONU et la responsabilité qui incombe «aux forces d’occupation», celle de porter secours aux populations. A l’issue de cette rencontre, le chancelier allemand a été fait docteur honoris causa de l’université de droit de Saint-Pétersbourg, ville natale de Vladimir Poutine.

Le plan de paix de Villepin

L’offensive diplomatique de ceux qui ont refusé la guerre en Irak se poursuit au Proche-Orient avec une tournée du ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin. «Je sais combien est grand le sentiment de peine et d’injustice qu’éprouve aujourd’hui le monde arabe» a-t-il déclaré au Caire, en Egypte, en parlant de la guerre en Irak. Pour lui la question irakienne n’est pas le problème premier de l’instabilité dans la région et au Moyen–Orient en général. Il lie plutôt cette instabilité à la question israëlo-palestienne. Le chef de la diplomatie française a souhaité qu’un effort particulier soit désormais mis sur la recherche de la paix dans la région.

Dominique de Villepin a alors proposé un plan décliné en cinq étapes pour ramener la paix au Moyen-Orient. Ce plan, inspiré de celui du «quartette» (Etats-Unis, Russie, ONU et Union européenne), prévoit la déclaration préalable de «la trêve» entre Israëliens et Palestiniens, validée par un référendum. Ces deux premières démarches devraient ouvrir la voie à une prise de responsabilité directe par les autorités palestiniennes avec l’appui de la communauté internationale. Dominique de Villepin poursuit, en quatrième point, par la tenue à Paris d’une conférence internationale sur la «paix des braves» qui devrait enfin déboucher sur la proclamation d’un Etat palestinien à l’horizon 2005. Le ministre français termine cette tournée par une visite à Damas, en Syrie.

Par ailleurs, la déclaration du ministre indien de la Défense, George Fernandes, vient conforter le camp du «non» à la guerre en Irak. «Les Etats-Unis ont commencé par parler d’armes de destruction massive et sont finalement venus au changement de régime. Ils étaient résolus à faire ce qu’ils ont fait en Irak et le reste n’a été que prétextes. Ce qui s’est passé en Irak est inacceptable» a–t-il déclaré.



par Didier  Samson

Article publié le 12/04/2003