Guerre en Irak
Les <i>marines </i>à Tikrit
La quasi-totalité du pays est ce dimanche aux mains de la coalition. Les marines sont entrés dans Tikrit, le fief de Saddam Hussein qui, selon le commandement central américain, n’aurait offert aucune résistance. Après d’intenses bombardements aériens, il n’y a plus de soldats irakiens dans la ville, mais seulement des civils armés se déclarant prêts à se rendre sous condition aux troupes américaines. Alors que la tension semble très forte à Tikrit, la situation est loin d’être normalisée dans le reste du pays. A Bagdad, un calme précaire s’est installé, mais la situation reste tendue.
Au 25ème jour de la guerre en Irak, les marines ont pénétré dans Tikrit, l'un des derniers bastions des forces loyales à Saddam Hussein. La ville natale du raïs, située à 180 km au nord de Bagdad, a fait l’objet toute la semaine d’un pilonnage aérien incessant de la part des Américains. Ces bombardements sont venus à bout de la résistance des soldats irakiens. Lesquels ont, semble-t-il quitté la ville, restent seulement des civils armés se déclarant prêts à se rendre sous condition aux troupes américaines. Pour l’heure, le commandement central des forces alliées a refusé de commenter les informations selon lesquelles des négociations seraient en cours dans cette ville pour une reddition des forces encore loyales à Saddam Hussein. Dimanche matin, une équipe de la chaîne de télévision CNN diffusait des images d’un important camp de la garde républicaine apparemment déserté. Arrivée par le nord, l'envoyé spécial de CNN à Tikrit, Brent Sadler et son équipe se sont trouvés pris sous un feu nourri de forces irakiennes «en direct».
Sur le terrain, la situation reste confuse dans la plupart des grandes villes après le renversement du régime de Saddam Hussein. Bagdad continue d’être le théâtre d’affrontements sporadiques. Signe des dangers qui persistent dans les rues de la capitale irakienne, un marine a été tué samedi à un barrage par un homme qui s'est approché de lui et a ouvert le feu, selon le commandement central américain. D’intenses échanges de tirs ont également éclaté hier dans le centre de Bagdad, opposant des Irakiens armés à des soldats américains.
L’insécurité prédomine dans la capitale livrée ces derniers jours aux pilleurs et à l’anarchie. Pour rétablir l’ordre et reconstruire le pays, les forces de la coalition en appellent à la mobilisation des Irakiens eux-mêmes. L’armée américaine recensait dimanche les premiers volontaires désireux de participer aux opérations de police et au redémarrage des services publics. Le département d’Etat américain annonce l’envoi de plus de 1200 policiers et consultants en sécurité publique pour restaurer l’ordre. De son côté, le général américain à la retraite Jay Garner, qui doit prochainement diriger l'administration américaine intérimaire, a promis que l'armée mettrait fin aux pillages une fois les combats totalement terminés.
La presse US plaide pour un rôle de l'Onu
La journée de samedi a été marquée par la première reddition volontaire d'un haut dignitaire du régime. Le conseiller scientifique de Saddam Hussein, le général Amer al-Saadi, qui avait été chargé de la coordination avec les inspecteurs en désarmement de l’Onu, s'est rendu de son plein gré à Bagdad aux forces américaines, accompagné d’une équipe de la télévision allemande ZDF. Devant les caméras, il a assuré que l’Irak ne disposait pas d’armes de destruction massive. Ce très haut dignitaire figure sur la liste des dirigeants irakiens recherchés «morts ou vifs» par la coalition.
Du côté des opérations, environ 300 exilés irakiens recrutés et entraînés par les Etats-Unis en Hongrie ont pris le contrôle de la ville de Chatra, au sud de l’Irak. Et selon la radio-télévision britannique BBC, les marines se sont emparés de la ville d’Al-Kout, au sud-est de Bagdad. Sur le front nord, un début de normalisation était perceptible dans la ville pétrolière de Kirkouk, après une journée de chaos. Les forces américaines ont pris le relais des combattants kurdes en faction devant le gouvernorat de Kirkouk. La situation était plus confuse à Mossoul, où des règlements de comptes entre Arabes et Kurdes ont fait 15 à 20 morts et au moins 200 blessés depuis vendredi.
Au même moment, les chancelleries se concentrent sur l’après-guerre. L’avenir de l’Irak était au menu de la réunion de Washington des ministres des finances du G7 et des représentants du FMI. Pour eux, la reconstruction de l’Irak doit se faire dans le cadre d’une nouvelle résolution des Nations unies. «Cette résolution, dont le principe a été soutenu par les deux organisations, devra évoquer la levée des sanctions contre Bagdad, l'avenir des avoirs gelés et le rôle des institutions internationales dans la reconstruction», a déclaré samedi soir à Washington le ministre britannique des Finances Gordon Brown.
Deux des quotidiens les plus influents de la presse américaine estiment eux-aussi que l’Onu doit être associée à l’après-guerre. Le Washington Post et le New-York Times, ont appelé dimanche le président George W.Bush à associer l'Onu à la gestion de l'après-guerre en Irak et à limiter le recours à sa doctrine de frappes préventives. «La vague de pillages qui a frappé Bagdad et d'autres villes (...) a démontré une vérité que l’administration Bush a mis du temps à accepter: les Etats-Unis ne pourront pas gérer seuls l'après-guerre en Irak», écrit l'éditorialiste du Washington Post. Pour sa part, le New-York Times a mis en garde M. Bush contre toute velléité de recourir à la force contre d'autres pays jugés menaçants, estimant qu'il ne devait «pas prendre la victoire militaire en Irak pour une confirmation de la validité de sa doctrine de frappes préventives».
Sur le terrain, la situation reste confuse dans la plupart des grandes villes après le renversement du régime de Saddam Hussein. Bagdad continue d’être le théâtre d’affrontements sporadiques. Signe des dangers qui persistent dans les rues de la capitale irakienne, un marine a été tué samedi à un barrage par un homme qui s'est approché de lui et a ouvert le feu, selon le commandement central américain. D’intenses échanges de tirs ont également éclaté hier dans le centre de Bagdad, opposant des Irakiens armés à des soldats américains.
L’insécurité prédomine dans la capitale livrée ces derniers jours aux pilleurs et à l’anarchie. Pour rétablir l’ordre et reconstruire le pays, les forces de la coalition en appellent à la mobilisation des Irakiens eux-mêmes. L’armée américaine recensait dimanche les premiers volontaires désireux de participer aux opérations de police et au redémarrage des services publics. Le département d’Etat américain annonce l’envoi de plus de 1200 policiers et consultants en sécurité publique pour restaurer l’ordre. De son côté, le général américain à la retraite Jay Garner, qui doit prochainement diriger l'administration américaine intérimaire, a promis que l'armée mettrait fin aux pillages une fois les combats totalement terminés.
La presse US plaide pour un rôle de l'Onu
La journée de samedi a été marquée par la première reddition volontaire d'un haut dignitaire du régime. Le conseiller scientifique de Saddam Hussein, le général Amer al-Saadi, qui avait été chargé de la coordination avec les inspecteurs en désarmement de l’Onu, s'est rendu de son plein gré à Bagdad aux forces américaines, accompagné d’une équipe de la télévision allemande ZDF. Devant les caméras, il a assuré que l’Irak ne disposait pas d’armes de destruction massive. Ce très haut dignitaire figure sur la liste des dirigeants irakiens recherchés «morts ou vifs» par la coalition.
Du côté des opérations, environ 300 exilés irakiens recrutés et entraînés par les Etats-Unis en Hongrie ont pris le contrôle de la ville de Chatra, au sud de l’Irak. Et selon la radio-télévision britannique BBC, les marines se sont emparés de la ville d’Al-Kout, au sud-est de Bagdad. Sur le front nord, un début de normalisation était perceptible dans la ville pétrolière de Kirkouk, après une journée de chaos. Les forces américaines ont pris le relais des combattants kurdes en faction devant le gouvernorat de Kirkouk. La situation était plus confuse à Mossoul, où des règlements de comptes entre Arabes et Kurdes ont fait 15 à 20 morts et au moins 200 blessés depuis vendredi.
Au même moment, les chancelleries se concentrent sur l’après-guerre. L’avenir de l’Irak était au menu de la réunion de Washington des ministres des finances du G7 et des représentants du FMI. Pour eux, la reconstruction de l’Irak doit se faire dans le cadre d’une nouvelle résolution des Nations unies. «Cette résolution, dont le principe a été soutenu par les deux organisations, devra évoquer la levée des sanctions contre Bagdad, l'avenir des avoirs gelés et le rôle des institutions internationales dans la reconstruction», a déclaré samedi soir à Washington le ministre britannique des Finances Gordon Brown.
Deux des quotidiens les plus influents de la presse américaine estiment eux-aussi que l’Onu doit être associée à l’après-guerre. Le Washington Post et le New-York Times, ont appelé dimanche le président George W.Bush à associer l'Onu à la gestion de l'après-guerre en Irak et à limiter le recours à sa doctrine de frappes préventives. «La vague de pillages qui a frappé Bagdad et d'autres villes (...) a démontré une vérité que l’administration Bush a mis du temps à accepter: les Etats-Unis ne pourront pas gérer seuls l'après-guerre en Irak», écrit l'éditorialiste du Washington Post. Pour sa part, le New-York Times a mis en garde M. Bush contre toute velléité de recourir à la force contre d'autres pays jugés menaçants, estimant qu'il ne devait «pas prendre la victoire militaire en Irak pour une confirmation de la validité de sa doctrine de frappes préventives».
par Myriam Berber
Article publié le 13/04/2003