Côte d''Ivoire
Le gouvernement en ordre de marche
Le gouvernement de réconciliation nationale et de transition se constitue pièce par pièce comme un puzzle. Chaque élément juge de l’opportunité de son intégration au groupe. Mais le président Laurent Gbagbo et le Premier ministre Seydou Diarra ont dû lancer des ultimatums pour que les ministres issus de la rébellion prennent «la charge de leur fonction» à Abidjan.
«Au travail maintenant !». C’est le mot d’ordre que les Ivoiriens semblent lancer à l’endroit du nouveau gouvernement enfin au complet. Guillaume Soro, secrétaire général du MPCI était le 16 avril à Abidjan pour prendre officiellement ses fonctions de ministre d’Etat chargé de la Communication ainsi que trois autres personnalités du MPCI. Le colonel Michel Gueu, ministre des Sports et des loisirs, l’adjudant Tuo Fozié, ministre de la Jeunesse et du service civique et l’adjudant-chef Messemba Koné ministre des Victimes de guerre, déplacés et exilés. Arrivés à Abidjan par avion, les ministres ont été conduits dans le quartier des affaires et plus précisément à l’immeuble de la «Caistab» (caisse de stabilisation et de soutien des prix des produits agricoles). Pour des raisons de sécurité, l’ensemble des passations de service a été effectué dans ce centre.
Le quartier placé sous haute surveillance policière et militaire avait l’air d’un camp retranché. Autour de l’immeuble de la «Caistab», les Fanci (Forces armées nationale de Côte d’Ivoire) ont pris position, alors que dans le quartier des soldats de l’opération Licorne et de l’Ecoforce (Forces sous mandat de la CEDEAO), assuraient la sécurité. Dans l’immeuble, journalistes et personnalités invitées à la cérémonie ont subi plusieurs fouilles avant d’assister à des séances de passation de pouvoir dans une ambiance lourde et tendue. Mais à la fin des cérémonie les anciens comme les nouveaux ministres se sont prêtés aux questions de la presse. Les uns et les autres ont dit leur foi dans une Côte d’Ivoire nouvelle et prospère et sans rancœur.
Dès le lundi 14 avril, cinq ministres, Roger Branchi (MPIGO), Youssouf Soumahoro (MJP), le colonel Issa Diakité, Mamadou Koné et Moussa Dosso (MPCI) avaient déjà leurs fonctions. Les cérémonies se sont déroulées dans les mêmes lieux avec le même dispositif de sécurité. Le colonel Issa Diakité, le nouveau ministre d’Etat chargé de l’administration du territoire a déclaré au terme des cérémonies de prise de fonction que sa priorité est «la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire, et concernant ma sécurité, l’essentiel est fait», a-t-il déclaré. Ces propos, de la bouche d’un rebelle sur l’autorité de l’Etat, ont fait sourire les «jeunes patriotes», nationalistes proches du pouvoir qui avaient organisé des manifestations d’opposition à l’entrée des rebelles au gouvernement de la République. Mais il faut entendre ces propos dans leur dimension politique. La scission de fait du pays en deux parties ne peut être gommée que par un rebelle qui avait justement combattu le pouvoir sur la mauvaise gestion de l’Etat. Issu des zones rebelles du nord qui lui sont en principe acquises, son travail consistera à asseoir les bases d’une administration dans laquelle le sud se reconnaîtra aussi pour une réelle cohésion nationale.
Gouverner de Bouaké
C’est aussi la démarche que revendique le nouveau ministre d’Etat chargé de la Communication, Guillaume Soro. Aux questions d’un journaliste sur le repentir des rebelles aujourd’hui aux affaires avec les loyalistes, il a répondu: «c’est la presse qui a inoculé le venin de la division en Côte d’Ivoire». «Qu’on ne surprenne pas le presse à persévérer dans le mensonge et le radicalisme» a-t-il averti. En effet la presse d’Abidjan avait été montré du doigt au sujet ses dérapages et incitations à la haine, au point où les recommandations des différentes conférences de paix sur le conflit en Côte d’Ivoire, allaient aux chefs de partis et même au pouvoir d’Abidjan pour que les uns et les autres calment les ardeurs de leurs supporteurs. Reçue le 15 avril par le président Laurent Gbagbo, une délégation de l’organisation de défense de la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF), a réclamé pour la Côte d’Ivoire la mise en place d’«un mécanisme de surveillance des médias d’Etat ivoiriens pour assurer l’accès de toutes les sensibilités politiques aux organes publics». Seydou Diarra, le Premier ministre a profité de cette visite de RSF à Abidjan pour déclarer que des «changements au sein des médias publics seront nécessaires si ces organes n’oeuvrent pas ou plus vite à la réconciliation nationale».
Le Premier ministre a maintenant son équipe au complet, mais un autre problème persiste: l’installation des ministres issus des rangs rebelles à Abidjan. Lundi 14, ce sont cinq ministres qui ont pris fonctions ailleurs que dans leur ministère. Ils étaient envoyés à Abidjan en éclaireurs pour tester l’efficacité du dispositif de sécurité. Leurs bases arrières étaient toutes en état d’alerte maximum pour parer à toute éventualité. Le dispositif «Fanci-Ecoforce-Licorne» ayant donné satisfaction, la deuxième vague de ministres rebelles a fait le voyage d’Abidjan pour des passations de pouvoirs dans les mêmes lieux. Puis tous les neuf ministres ex-rebelles ont été conduits à l’hôtel du Golfe où ils sont provisoirement logés.
Il ne fait aucun doute qu’une certaine partie de la population d’Abidjan est très hostile à l’arrivée de ces ministres. Plusieurs mouvements dits des patriotes ont promis de s’en prendre physiquement aux nouveaux ministres qui ont «combattu et divisé la Côte d’Ivoire», selon eux. C’est pourquoi des affrontements dans la capitale ont été redoutés, mais le calme apparent à Abidjan n’est qu’un leurre pour les mouvements rebelles. Ils réfléchissent à un système d’intérim ou de suppléants dans l’organigramme des services qui leur permettrait de ne pas rester à Abidjan pendant une période trop longue et sans nuire aux charges de leurs fonctions. Par obligations protocolaires ils seraient à Abidjan sinon le reste du temps ils assureront leurs fonctions de Bouaké. La capitale-ter de Côte d’Ivoire.
Le quartier placé sous haute surveillance policière et militaire avait l’air d’un camp retranché. Autour de l’immeuble de la «Caistab», les Fanci (Forces armées nationale de Côte d’Ivoire) ont pris position, alors que dans le quartier des soldats de l’opération Licorne et de l’Ecoforce (Forces sous mandat de la CEDEAO), assuraient la sécurité. Dans l’immeuble, journalistes et personnalités invitées à la cérémonie ont subi plusieurs fouilles avant d’assister à des séances de passation de pouvoir dans une ambiance lourde et tendue. Mais à la fin des cérémonie les anciens comme les nouveaux ministres se sont prêtés aux questions de la presse. Les uns et les autres ont dit leur foi dans une Côte d’Ivoire nouvelle et prospère et sans rancœur.
Dès le lundi 14 avril, cinq ministres, Roger Branchi (MPIGO), Youssouf Soumahoro (MJP), le colonel Issa Diakité, Mamadou Koné et Moussa Dosso (MPCI) avaient déjà leurs fonctions. Les cérémonies se sont déroulées dans les mêmes lieux avec le même dispositif de sécurité. Le colonel Issa Diakité, le nouveau ministre d’Etat chargé de l’administration du territoire a déclaré au terme des cérémonies de prise de fonction que sa priorité est «la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire, et concernant ma sécurité, l’essentiel est fait», a-t-il déclaré. Ces propos, de la bouche d’un rebelle sur l’autorité de l’Etat, ont fait sourire les «jeunes patriotes», nationalistes proches du pouvoir qui avaient organisé des manifestations d’opposition à l’entrée des rebelles au gouvernement de la République. Mais il faut entendre ces propos dans leur dimension politique. La scission de fait du pays en deux parties ne peut être gommée que par un rebelle qui avait justement combattu le pouvoir sur la mauvaise gestion de l’Etat. Issu des zones rebelles du nord qui lui sont en principe acquises, son travail consistera à asseoir les bases d’une administration dans laquelle le sud se reconnaîtra aussi pour une réelle cohésion nationale.
Gouverner de Bouaké
C’est aussi la démarche que revendique le nouveau ministre d’Etat chargé de la Communication, Guillaume Soro. Aux questions d’un journaliste sur le repentir des rebelles aujourd’hui aux affaires avec les loyalistes, il a répondu: «c’est la presse qui a inoculé le venin de la division en Côte d’Ivoire». «Qu’on ne surprenne pas le presse à persévérer dans le mensonge et le radicalisme» a-t-il averti. En effet la presse d’Abidjan avait été montré du doigt au sujet ses dérapages et incitations à la haine, au point où les recommandations des différentes conférences de paix sur le conflit en Côte d’Ivoire, allaient aux chefs de partis et même au pouvoir d’Abidjan pour que les uns et les autres calment les ardeurs de leurs supporteurs. Reçue le 15 avril par le président Laurent Gbagbo, une délégation de l’organisation de défense de la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF), a réclamé pour la Côte d’Ivoire la mise en place d’«un mécanisme de surveillance des médias d’Etat ivoiriens pour assurer l’accès de toutes les sensibilités politiques aux organes publics». Seydou Diarra, le Premier ministre a profité de cette visite de RSF à Abidjan pour déclarer que des «changements au sein des médias publics seront nécessaires si ces organes n’oeuvrent pas ou plus vite à la réconciliation nationale».
Le Premier ministre a maintenant son équipe au complet, mais un autre problème persiste: l’installation des ministres issus des rangs rebelles à Abidjan. Lundi 14, ce sont cinq ministres qui ont pris fonctions ailleurs que dans leur ministère. Ils étaient envoyés à Abidjan en éclaireurs pour tester l’efficacité du dispositif de sécurité. Leurs bases arrières étaient toutes en état d’alerte maximum pour parer à toute éventualité. Le dispositif «Fanci-Ecoforce-Licorne» ayant donné satisfaction, la deuxième vague de ministres rebelles a fait le voyage d’Abidjan pour des passations de pouvoirs dans les mêmes lieux. Puis tous les neuf ministres ex-rebelles ont été conduits à l’hôtel du Golfe où ils sont provisoirement logés.
Il ne fait aucun doute qu’une certaine partie de la population d’Abidjan est très hostile à l’arrivée de ces ministres. Plusieurs mouvements dits des patriotes ont promis de s’en prendre physiquement aux nouveaux ministres qui ont «combattu et divisé la Côte d’Ivoire», selon eux. C’est pourquoi des affrontements dans la capitale ont été redoutés, mais le calme apparent à Abidjan n’est qu’un leurre pour les mouvements rebelles. Ils réfléchissent à un système d’intérim ou de suppléants dans l’organigramme des services qui leur permettrait de ne pas rester à Abidjan pendant une période trop longue et sans nuire aux charges de leurs fonctions. Par obligations protocolaires ils seraient à Abidjan sinon le reste du temps ils assureront leurs fonctions de Bouaké. La capitale-ter de Côte d’Ivoire.
par Didier Samson
Article publié le 16/04/2003