Côte d''Ivoire
Instabilités militaires à l’ouest
Les hélicoptères MI-24 des forces loyalistes mettent à mal les accords de cessation des hostilités en Côte d’Ivoire. Des attaques répétées sur des positions rebelles et aussi sur villes et villages en zones sous contrôle de la rébellion prouvent bien que la Côte d’Ivoire traverse une situation de guerre civile qu’un gouvernement de réconciliation nationale, fraîchement installé, n’est pas arrivé à endiguer.
Au centre de la Côte d’Ivoire, à Monoko-Zohi, des accrochages ont été signalés entre des soldats du MPCI et des Fanci (Forces armées nationales de Côte d’Ivoire). Les rebelles affirment s’être opposés à des tentatives d’«infiltration» d’éléments des Fanci à Vavoua. «Nous les avons repoussés jusqu’à Belleville, à 30 km de Daola», précise un communiqué du MPCI. Inversement, l’état-major des Fanci affirme que les positions loyalistes à Belleville «ont été attaquées très tôt le 17 avril» et que la ville est tombée aux mains des rebelles. Aucun bilan n’a été publié. Les forces de la CEDEAO, averties, ont dépêché sur place une mission d’information qui n’a pas encore rendu compte de ses observations, mais d’ores et déjà, elle annonce qu’«il est impossible de savoir qui a eu l’initiative de cette attaque, d’autant que nous ne sommes pas en effectifs suffisants pour contrôler correctement notre secteur», précise un communiqué de la CEDEAO.
Ces accrochages terrestres font suite à une séries d’attaques aériennes des Fanci que le MPCI situe dès le 8 avril. Le mouvement rebelle publie les dates et bilan des attaques et la liste des villes qui ont été frappées. Danané, Sanguinaré, Zouan-Hounien, Mahapleu ont enregistré une vingtaine de morts et au moins une centaine de blessés au total. Marchés, lieux publics et même des hôpitaux n’auraient pas été épargnés par les assauts d’hélicoptère. L’état-major des Fanci dément ces allégations mais selon l’organisation humanitaire, Médecins du monde (MDM), présente à l’hôpital de Séguéla, une quarantaine de blessés a été admise aux urgences de l’hôpital en provenance de Vavoua. Les personnes sont touchées par des «éclats de roquettes» a indiqué MDM. Une autre organisation humanitaire, Médecins sans frontières (MSF), confirme la mort d’au moins huit personnes dont trois enfants admis à l’hôpital de Man. Ces différentes sources tendent à confirmer la réalité des attaques d’hélicoptères dans la région. MSF profite de cette situation pour demander aux parties en conflit de «respecter les populations civiles et de tout mettre en œuvre pour protéger les installations médicales, le matériel et le personnel soignant, comme l’exigent les conventions de Genève».
Des questions sans réponses
Le MPCI pense que ces attaques font partie d’un plan d’offensive de l’armée nationale, s’indigne du silence observé par les différentes missions présentes en Côte d’Ivoire, malgré l’évidence. L’état-major des opérations militaires du MPCI affirme avoir averti l’Ecoforce (CEDEAO), l’opération Licorne et le Comité de suivi de l’accord de Marcoussis des intentions des Fanci de faire décoller les hélicoptères MI-24, «mais personne n’a bougé» déplore cette même source. Néanmoins, le 17 avril, des militaires béninois de la CEDEAO se sont rendus à Vavoua pour vérifier les différentes informations. Ils auraient transmis quelques observations au Comité de suivi qui se refuse pour l’instant à toute déclaration.
Le président du Comité de suivi, Albert Tévoédjrè, a toutefois été reçu le 15 avril à New York, au Conseil de sécurité des Nations unies. Il y a fait un point sur la situation en Côte d’Ivoire, avant que le Conseil ne se retire pour huis clos. Il a été demandé au gouvernement ivoirien de «cesser d’utiliser ses hélicoptères de combat MI-24 contre des localités contrôlées par les rebelles» précise un communiqué qui ponctue la séance consacrée à la Côte d’Ivoire. Mais on sait par ailleurs que le Conseil de sécurité a l’intention de mettre sur pied une Mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (MUNICI) par une résolution qui sera bientôt soumise au vote des membres du Conseil.
Albert Tévoédjrè, très optimiste, reste persuadé que les différents accrochages n’entameront pas la volonté des acteurs de la vie politique en Côte d’Ivoire d’aller vers la paix. Plusieurs communiqués de la présidence de la République vont également dans ce sens. Laurent Gbagbo, avant le dernier conseil des ministres, avait même demandé à «toutes les forces militaires et para-militaires de s’abstenir de tout acte de belligérance». Mais les accrochages fréquents dans la région de l’ouest posent tout de même plusieurs questions. Est-il possible que des hélicoptères de combats décollent sans que le président de la République, chef suprême des armées en soit informé ? A quoi sert le Conseil de sécurité nationale ? Le Premier ministre et le ministre de la Défense du nouveau gouvernement de réconciliation nationale ont-ils une autorité réelle sur les Fanci (Forces armées nationales de Côte d’Ivoire) ? Que font les forces de surveillance de cessation des hostilités, les Français de l’opération Licorne et les Ouest-africains de l’Ecoforce (CEDEAO) ? Pourquoi n’empêchent-elles pas les raids d’hélicoptères ?
Ces questions sans réponse poussent les forces rebelles à envisager de «prendre leurs responsabilités» selon l’adjudant Antoine Beugré du MPCI. Les «Forces nouvelles» (MJP, MPIGo et MPCI) pensent que ces questions sans réponses témoignent bien du «double jeu du pouvoir d’Abidjan». Dans un aveu implicite des opérations impliquant les Fanci à l’ouest du pays, le nouveau ministre de la Défense par intérim, Adou Assoa, promet que «les forces régulières, françaises et ouest-africaines et les Forces nouvelles (rebelles) viendraient à bout de l’invasion d’éléments armés venus de Sierra Leone et du Liberia», remettant de fait en cause les accusations d’agression formulées par les mouvements rebelles.
Ces accrochages terrestres font suite à une séries d’attaques aériennes des Fanci que le MPCI situe dès le 8 avril. Le mouvement rebelle publie les dates et bilan des attaques et la liste des villes qui ont été frappées. Danané, Sanguinaré, Zouan-Hounien, Mahapleu ont enregistré une vingtaine de morts et au moins une centaine de blessés au total. Marchés, lieux publics et même des hôpitaux n’auraient pas été épargnés par les assauts d’hélicoptère. L’état-major des Fanci dément ces allégations mais selon l’organisation humanitaire, Médecins du monde (MDM), présente à l’hôpital de Séguéla, une quarantaine de blessés a été admise aux urgences de l’hôpital en provenance de Vavoua. Les personnes sont touchées par des «éclats de roquettes» a indiqué MDM. Une autre organisation humanitaire, Médecins sans frontières (MSF), confirme la mort d’au moins huit personnes dont trois enfants admis à l’hôpital de Man. Ces différentes sources tendent à confirmer la réalité des attaques d’hélicoptères dans la région. MSF profite de cette situation pour demander aux parties en conflit de «respecter les populations civiles et de tout mettre en œuvre pour protéger les installations médicales, le matériel et le personnel soignant, comme l’exigent les conventions de Genève».
Des questions sans réponses
Le MPCI pense que ces attaques font partie d’un plan d’offensive de l’armée nationale, s’indigne du silence observé par les différentes missions présentes en Côte d’Ivoire, malgré l’évidence. L’état-major des opérations militaires du MPCI affirme avoir averti l’Ecoforce (CEDEAO), l’opération Licorne et le Comité de suivi de l’accord de Marcoussis des intentions des Fanci de faire décoller les hélicoptères MI-24, «mais personne n’a bougé» déplore cette même source. Néanmoins, le 17 avril, des militaires béninois de la CEDEAO se sont rendus à Vavoua pour vérifier les différentes informations. Ils auraient transmis quelques observations au Comité de suivi qui se refuse pour l’instant à toute déclaration.
Le président du Comité de suivi, Albert Tévoédjrè, a toutefois été reçu le 15 avril à New York, au Conseil de sécurité des Nations unies. Il y a fait un point sur la situation en Côte d’Ivoire, avant que le Conseil ne se retire pour huis clos. Il a été demandé au gouvernement ivoirien de «cesser d’utiliser ses hélicoptères de combat MI-24 contre des localités contrôlées par les rebelles» précise un communiqué qui ponctue la séance consacrée à la Côte d’Ivoire. Mais on sait par ailleurs que le Conseil de sécurité a l’intention de mettre sur pied une Mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (MUNICI) par une résolution qui sera bientôt soumise au vote des membres du Conseil.
Albert Tévoédjrè, très optimiste, reste persuadé que les différents accrochages n’entameront pas la volonté des acteurs de la vie politique en Côte d’Ivoire d’aller vers la paix. Plusieurs communiqués de la présidence de la République vont également dans ce sens. Laurent Gbagbo, avant le dernier conseil des ministres, avait même demandé à «toutes les forces militaires et para-militaires de s’abstenir de tout acte de belligérance». Mais les accrochages fréquents dans la région de l’ouest posent tout de même plusieurs questions. Est-il possible que des hélicoptères de combats décollent sans que le président de la République, chef suprême des armées en soit informé ? A quoi sert le Conseil de sécurité nationale ? Le Premier ministre et le ministre de la Défense du nouveau gouvernement de réconciliation nationale ont-ils une autorité réelle sur les Fanci (Forces armées nationales de Côte d’Ivoire) ? Que font les forces de surveillance de cessation des hostilités, les Français de l’opération Licorne et les Ouest-africains de l’Ecoforce (CEDEAO) ? Pourquoi n’empêchent-elles pas les raids d’hélicoptères ?
Ces questions sans réponse poussent les forces rebelles à envisager de «prendre leurs responsabilités» selon l’adjudant Antoine Beugré du MPCI. Les «Forces nouvelles» (MJP, MPIGo et MPCI) pensent que ces questions sans réponses témoignent bien du «double jeu du pouvoir d’Abidjan». Dans un aveu implicite des opérations impliquant les Fanci à l’ouest du pays, le nouveau ministre de la Défense par intérim, Adou Assoa, promet que «les forces régulières, françaises et ouest-africaines et les Forces nouvelles (rebelles) viendraient à bout de l’invasion d’éléments armés venus de Sierra Leone et du Liberia», remettant de fait en cause les accusations d’agression formulées par les mouvements rebelles.
par Didier Samson
Article publié le 18/04/2003