Indonésie
Abou Bakar Bashir inculpé
Abou Bakar Bashir a été officiellement inculpé de crime de haute trahison. L’inspirateur idéologique de la Jemaah Islamyah, le réseau terroriste responsable de l’attentat de Bali, est aussi accusé d’avoir participé à l’organisation d’attentats.
De notre correspondant à Djakarta
Abou Bakar Bashir ne serait pas seulement le guide spirituel de la Jemaah Islamyah. Il en serait aussi le chef opérationnel. C’est en substance ce qu’il faut retenir du dossier d’inculpation, long de 25 pages, publié ce lundi 14 avril, par le procureur de la République d’Indonésie. Le leader musulman est accusé d’avoir organisé les attaques contre des églises indonésiennes, qui, le soir de noël 2000, avaient 17 morts et plusieurs centaines de blessés. Il aurait aussi donné son accord à une série d’attentats, déjoués au dernier moment, contre des intérêts occidentaux à Singapour. Enfin, il aurait accepté de mettre les ressources de la Jemaah Islamyah au service d’Al-Qaïda pour faire exploser plusieurs ambassades américaines en Asie du sud-est autour de la date du 11 septembre 2002. Concernant l’attentat de Bali, Bashir n’est pas mis en cause mais le procureur a déclaré qu’il pourrait l’être, plus tard, en fonction des progrès de l’enquête de police.
Abou Bakar Bachir, 64 ans, en prison depuis novembre 2002, milite pour l'instauration de la charia (loi islamique) mais a toujours dénié toute implication dans des activités terroristes. Il a affirmé que la Jemaah Islamyah, que l’on soupçonne de vouloir déstabiliser plusieurs gouvernements pour ouvrir la voie à un Etat islamique englobant la Malaisie, l'Indonésie, Singapour, le Bruneï et le sud des Philippines, n'existait pas. Mais Bachir, dirige une école coranique à Solo, dans le centre de l’île de Java, qui apparaît depuis le début des années 1970 au centre d'un réseau informel de partisans islamistes. Certains se retrouveront en Malaisie à la fin des années 1980 après avoir fui, comme lui, la répression des islamistes par la dictature Suharto. Bachir, reviendra au pays après la chute du dictateur en 1998.
Certains de ses militants l’accompagneront mais d’autres prendront le chemin de l’Afghanistan pour s’entraîner dans les camps d’Al-Qaïda. Après les attentats du 11 septembre, la Malaisie, Singapour et les États-Unis se persuadent qu'il existe bien un réseau régional structuré en Asie du Sud-Est, lié à Oussama Ben Laden. En décembre 2001, les autorités de Singapour ont arrêté 15 personnes, dont 13 appartenant à une cellule d'un groupe qu'elles identifient comme la Jemaah Islamyah. Les services de renseignements de la ville-État accuse alors Bashir d’être le chef de l’organisation et demande son extradition au gouvernement indonésien. Celui-ci refuse estimant à cette époque, qu’aucune preuve solide n’existait contre lui. Il faudra attendre l’attentat de Bali pour que Bashir soit arrêté par la police indonésienne et qu’une enquête soit ouverte.
Le risque d’attentats demeure
Prudentes, les autorités indonésiennes ont précisé que si Bashir était bien le chef de la Jemaah Islamyah, celle-ci n’en était pas pour autant décapitée. La menace terroriste demeure même si les principaux responsables de l’attentat de Bali (Muklas et Imam Samudra) sont aujourd’hui sous les verrous. Car le numéro 2 de l’organisation, Riduan Isamuddin, un indonésien de 36 ans, plus connu sous le nom d'Hambali, est toujours en fuite. Celui qu’on surnomme aussi le «ben Laden» d'Asie du Sud-Est a très vite rejoint Bashir dans son exil malaisien.
A la fin des années 80, il se porte volontaire dans la guerre contre les Soviétiques en Afghanistan où il rencontre le chef d’al-Qaïda, organisation dont il intègre, un peu plus tard, le conseil consultatif (Shoura). A son retour en Malaisie en 1995, il met en place le premier réseau opérationnel de la Jemaah islamyah. On le soupçonne d’avoir organisé une opération, déjouée au dernier moment, visant à faire exploser 12 avions de ligne américains au dessus de l'Océan Pacifique en 1996. Il aurait également participé aux attaques de noël 2000 et à plusieurs attentats commis aux Philippines. L'attentat du 12 octobre pourrait sa marque, selon les services de renseignements australiens, très actifs dans l’Archipel. Recherché par toutes les polices de la région, Hambali reste introuvable. Certains le disent caché en Indonésie, d’autres dans les zones tribales du Pakistan où il serait devenu un des plus proches conseillers d’Oussama Ben Laden.
Les services de sécurité indonésiens, qui ont longtemps démenti l’existence de ce réseau sur leur territoire, reconnaissent eux-mêmes la persistance du danger et restent mobilisés en conséquence. La sécurité des sites stratégiques -aéroports, ports, sites touristiques et centrales électriques- a été considérablement renforcée alors que dans les villes, la fouille est désormais systématique à l’entrée des immeubles de bureaux et des grands hôtels. De son côté, le gouvernement a promis des châtiments exemplaires aux coupables de l’attentat de Bali, dont les procès pourraient débutés le mois prochain, en agitant notamment le spectre de la peine de mort. La détermination affichée est à la hauteur de l’enjeu.
Le carnage du 12 octobre alimente la crainte des investisseurs étrangers, qui ont massivement déserté l’Archipel depuis la crise boursière asiatique de 1997, et mis au bord de la faillite une industrie touristique qui rapportait chaque année 5 milliards de dollars de devises étrangères.
Abou Bakar Bashir ne serait pas seulement le guide spirituel de la Jemaah Islamyah. Il en serait aussi le chef opérationnel. C’est en substance ce qu’il faut retenir du dossier d’inculpation, long de 25 pages, publié ce lundi 14 avril, par le procureur de la République d’Indonésie. Le leader musulman est accusé d’avoir organisé les attaques contre des églises indonésiennes, qui, le soir de noël 2000, avaient 17 morts et plusieurs centaines de blessés. Il aurait aussi donné son accord à une série d’attentats, déjoués au dernier moment, contre des intérêts occidentaux à Singapour. Enfin, il aurait accepté de mettre les ressources de la Jemaah Islamyah au service d’Al-Qaïda pour faire exploser plusieurs ambassades américaines en Asie du sud-est autour de la date du 11 septembre 2002. Concernant l’attentat de Bali, Bashir n’est pas mis en cause mais le procureur a déclaré qu’il pourrait l’être, plus tard, en fonction des progrès de l’enquête de police.
Abou Bakar Bachir, 64 ans, en prison depuis novembre 2002, milite pour l'instauration de la charia (loi islamique) mais a toujours dénié toute implication dans des activités terroristes. Il a affirmé que la Jemaah Islamyah, que l’on soupçonne de vouloir déstabiliser plusieurs gouvernements pour ouvrir la voie à un Etat islamique englobant la Malaisie, l'Indonésie, Singapour, le Bruneï et le sud des Philippines, n'existait pas. Mais Bachir, dirige une école coranique à Solo, dans le centre de l’île de Java, qui apparaît depuis le début des années 1970 au centre d'un réseau informel de partisans islamistes. Certains se retrouveront en Malaisie à la fin des années 1980 après avoir fui, comme lui, la répression des islamistes par la dictature Suharto. Bachir, reviendra au pays après la chute du dictateur en 1998.
Certains de ses militants l’accompagneront mais d’autres prendront le chemin de l’Afghanistan pour s’entraîner dans les camps d’Al-Qaïda. Après les attentats du 11 septembre, la Malaisie, Singapour et les États-Unis se persuadent qu'il existe bien un réseau régional structuré en Asie du Sud-Est, lié à Oussama Ben Laden. En décembre 2001, les autorités de Singapour ont arrêté 15 personnes, dont 13 appartenant à une cellule d'un groupe qu'elles identifient comme la Jemaah Islamyah. Les services de renseignements de la ville-État accuse alors Bashir d’être le chef de l’organisation et demande son extradition au gouvernement indonésien. Celui-ci refuse estimant à cette époque, qu’aucune preuve solide n’existait contre lui. Il faudra attendre l’attentat de Bali pour que Bashir soit arrêté par la police indonésienne et qu’une enquête soit ouverte.
Le risque d’attentats demeure
Prudentes, les autorités indonésiennes ont précisé que si Bashir était bien le chef de la Jemaah Islamyah, celle-ci n’en était pas pour autant décapitée. La menace terroriste demeure même si les principaux responsables de l’attentat de Bali (Muklas et Imam Samudra) sont aujourd’hui sous les verrous. Car le numéro 2 de l’organisation, Riduan Isamuddin, un indonésien de 36 ans, plus connu sous le nom d'Hambali, est toujours en fuite. Celui qu’on surnomme aussi le «ben Laden» d'Asie du Sud-Est a très vite rejoint Bashir dans son exil malaisien.
A la fin des années 80, il se porte volontaire dans la guerre contre les Soviétiques en Afghanistan où il rencontre le chef d’al-Qaïda, organisation dont il intègre, un peu plus tard, le conseil consultatif (Shoura). A son retour en Malaisie en 1995, il met en place le premier réseau opérationnel de la Jemaah islamyah. On le soupçonne d’avoir organisé une opération, déjouée au dernier moment, visant à faire exploser 12 avions de ligne américains au dessus de l'Océan Pacifique en 1996. Il aurait également participé aux attaques de noël 2000 et à plusieurs attentats commis aux Philippines. L'attentat du 12 octobre pourrait sa marque, selon les services de renseignements australiens, très actifs dans l’Archipel. Recherché par toutes les polices de la région, Hambali reste introuvable. Certains le disent caché en Indonésie, d’autres dans les zones tribales du Pakistan où il serait devenu un des plus proches conseillers d’Oussama Ben Laden.
Les services de sécurité indonésiens, qui ont longtemps démenti l’existence de ce réseau sur leur territoire, reconnaissent eux-mêmes la persistance du danger et restent mobilisés en conséquence. La sécurité des sites stratégiques -aéroports, ports, sites touristiques et centrales électriques- a été considérablement renforcée alors que dans les villes, la fouille est désormais systématique à l’entrée des immeubles de bureaux et des grands hôtels. De son côté, le gouvernement a promis des châtiments exemplaires aux coupables de l’attentat de Bali, dont les procès pourraient débutés le mois prochain, en agitant notamment le spectre de la peine de mort. La détermination affichée est à la hauteur de l’enjeu.
Le carnage du 12 octobre alimente la crainte des investisseurs étrangers, qui ont massivement déserté l’Archipel depuis la crise boursière asiatique de 1997, et mis au bord de la faillite une industrie touristique qui rapportait chaque année 5 milliards de dollars de devises étrangères.
par Jocelyn Grange
Article publié le 14/04/2003