Politique française
Le Pen s’accroche à la barre
Le Front national fête ce week-end ses trente ans d’existence. Réuni en congrès à Nice, il va définir ses nouvelles orientations et sa stratégie pour les élections régionales de 2004. Porté par les très bons résultats obtenus voilà un an lors des présidentielles, Jean-Marie Le Pen entend rester le seul capitaine à bord, tout en envisageant de faire monter à ses côtés sa fille cadette Marine.
Un an près les élections présidentielles, Jean-Marie Le Pen participe à un suffrage qu’il est, cette fois, certain d’emporter. Son parti, le Front National, tient jusqu’à lundi son congrès national à Nice, et s’apprête, en l’absence de tout autre candidat, à le reconduire dans ses fonctions de président pour un mandat de trois ans. A 74 ans, Jean-Marie le Pen n’envisage absolument pas d’abandonner la politique et se concentre déjà sur ce qui devrait être son prochain grand combat politique, la conquête de la présidence de la région Provence-Alpes Côte d’Azur lors des élections régionales de 2004. Une candidature qu’il pourrait choisir d’annoncer officiellement au cours du Congrès de Nice.
Particulièrement tenace et endurant, Jean-Marie Le Pen semblerait en fait même prêt à poursuivre sa carrière politique jusqu’en 2007, date de la prochaine élection présidentielle. L’âge qu’il aurait alors, 78 ans, constitue certes un obstacle de poids. Mais le suffrage du 21 avril dernier semble avoir été une véritable cure de jouvence pour le président du Front National qui, après trois tentatives infructueuses, a réussi à se qualifier pour le deuxième tour de l’élection présidentielle. Il semblait pourtant difficile pour Jean-Marie Le Pen d’améliorer son score électoral du premier tour de la présidentielle de 1995, un scrutin au cours duquel il avait obtenu 15,5% des voix. Les sondages ne lui donnaient d’ailleurs qu’entre 10 et 12% des suffrages pour celles de 2002. Obtenant finalement 17%, il déjouait tous les pronostics et éliminait le candidat socialiste Lionel Jospin de la course à la présidentielle, améliorant dans le même temps son record établi en 1995 de 150 000 voix.
Sur sa lancée, Jean-Marie Le Pen se fixait un objectif très élevé pour le deuxième tour en espérant avoir au moins 25% des voix contre Jacques Chirac. Pratiquement tous les partis politiques se mobilisent contre lui et appellent à voter en faveur du président sortant lors du deuxième tour. Du coup, le candidat de l’extrême droite obtient un peu moins de 18% des suffrages, soit 5,5 millions de voix. Un précieux butin que le Front National espère bien capitaliser quelques semaines plus tard lors des élections législatives. Il ne parvient cependant pas à transformer l’essai des présidentielles et ne peut finalement compter sur aucun représentant au sein de l’Assemblée nationale.
Marine en toile de fond
Le revers enregistré aux législatives traduit l’une des principales faiblesses du Front National, à savoir son incapacité à se doter de dirigeants politiques charismatiques derrière l’écrasante personnalité de Jean-Marie Le Pen. Les membres de la direction du Front National vivent dans l’ombre de leur président et semblent incapables de faire entendre leur voix. A l’instar du numéro deux du parti, Bruno Gollnisch, battu lors de la dernière élection législative dans la circonscription du Gard. Le dauphin politique de Jean-Marie Le Pen ignore quand sonnera l’heure de la succession. Après plusieurs années de bons et loyaux services, il redoute en fait surtout de se faire détrôner par une rivale contre laquelle il aura beaucoup de mal à lutter, Marine Le Pen, la fille cadette du président du Front National.
Bruno Gollnisch a eu beau affirmer que la succession du président du Front National ne serait pas débattue lors du Congrès de Nice, il ne fait pas de doute que Marine Le Pen espère profiter de cette importante réunion pour affirmer ses ambitions politiques. Déjà membre du bureau politique du Parti, elle pourrait intégrer le bureau exécutif du Front National. Elle s’est contentée de déclarer jusque-là qu’elle souhaitait effectivement faire partie de cette instance mais que sa candidature n’interviendrait pas forcément à Nice. Interrogée mercredi à ce sujet, elle estimait tout de même qu’il ne serait pas «illogique» qu’elle intègre cette instance. La décision dépend en fait d’un seul homme, son père, chargé de proposer la composition du nouveau bureau.
Au cours des derniers mois, Marine Le Pen a réalisé une offensive médiatique sans précédent. Pratiquement tous les médias ont dressé d’elle un portrait flatteur, en lui reconnaissant notamment des qualités de diplomate et de négociatrice que ne possède pas son père. Trois années au sein du bureau exécutif lui permettraient, sans nul doute, de s’aguerrir un peu plus en politique, et de pouvoir éventuellement briguer la présidence du parti en 2006. Un scénario que Jean-Marie Le Pen n’a pour l’instant jamais évoqué. Il avait plusieurs fois déclaré au cours de la campagne présidentielle de 2002 que Bruno Gollnisch serait son dauphin. Depuis, les choses ont bien changé. Jean-Marie Le Pen sait que le Front National a besoin de se moderniser pour séduire un électorat plus jeune. Mais il a également bien conscience du fait qu’une dérive clanique ne manquerait pas d’entraîner d’importantes dissensions internes, voire même l’implosion de son parti.
Particulièrement tenace et endurant, Jean-Marie Le Pen semblerait en fait même prêt à poursuivre sa carrière politique jusqu’en 2007, date de la prochaine élection présidentielle. L’âge qu’il aurait alors, 78 ans, constitue certes un obstacle de poids. Mais le suffrage du 21 avril dernier semble avoir été une véritable cure de jouvence pour le président du Front National qui, après trois tentatives infructueuses, a réussi à se qualifier pour le deuxième tour de l’élection présidentielle. Il semblait pourtant difficile pour Jean-Marie Le Pen d’améliorer son score électoral du premier tour de la présidentielle de 1995, un scrutin au cours duquel il avait obtenu 15,5% des voix. Les sondages ne lui donnaient d’ailleurs qu’entre 10 et 12% des suffrages pour celles de 2002. Obtenant finalement 17%, il déjouait tous les pronostics et éliminait le candidat socialiste Lionel Jospin de la course à la présidentielle, améliorant dans le même temps son record établi en 1995 de 150 000 voix.
Sur sa lancée, Jean-Marie Le Pen se fixait un objectif très élevé pour le deuxième tour en espérant avoir au moins 25% des voix contre Jacques Chirac. Pratiquement tous les partis politiques se mobilisent contre lui et appellent à voter en faveur du président sortant lors du deuxième tour. Du coup, le candidat de l’extrême droite obtient un peu moins de 18% des suffrages, soit 5,5 millions de voix. Un précieux butin que le Front National espère bien capitaliser quelques semaines plus tard lors des élections législatives. Il ne parvient cependant pas à transformer l’essai des présidentielles et ne peut finalement compter sur aucun représentant au sein de l’Assemblée nationale.
Marine en toile de fond
Le revers enregistré aux législatives traduit l’une des principales faiblesses du Front National, à savoir son incapacité à se doter de dirigeants politiques charismatiques derrière l’écrasante personnalité de Jean-Marie Le Pen. Les membres de la direction du Front National vivent dans l’ombre de leur président et semblent incapables de faire entendre leur voix. A l’instar du numéro deux du parti, Bruno Gollnisch, battu lors de la dernière élection législative dans la circonscription du Gard. Le dauphin politique de Jean-Marie Le Pen ignore quand sonnera l’heure de la succession. Après plusieurs années de bons et loyaux services, il redoute en fait surtout de se faire détrôner par une rivale contre laquelle il aura beaucoup de mal à lutter, Marine Le Pen, la fille cadette du président du Front National.
Bruno Gollnisch a eu beau affirmer que la succession du président du Front National ne serait pas débattue lors du Congrès de Nice, il ne fait pas de doute que Marine Le Pen espère profiter de cette importante réunion pour affirmer ses ambitions politiques. Déjà membre du bureau politique du Parti, elle pourrait intégrer le bureau exécutif du Front National. Elle s’est contentée de déclarer jusque-là qu’elle souhaitait effectivement faire partie de cette instance mais que sa candidature n’interviendrait pas forcément à Nice. Interrogée mercredi à ce sujet, elle estimait tout de même qu’il ne serait pas «illogique» qu’elle intègre cette instance. La décision dépend en fait d’un seul homme, son père, chargé de proposer la composition du nouveau bureau.
Au cours des derniers mois, Marine Le Pen a réalisé une offensive médiatique sans précédent. Pratiquement tous les médias ont dressé d’elle un portrait flatteur, en lui reconnaissant notamment des qualités de diplomate et de négociatrice que ne possède pas son père. Trois années au sein du bureau exécutif lui permettraient, sans nul doute, de s’aguerrir un peu plus en politique, et de pouvoir éventuellement briguer la présidence du parti en 2006. Un scénario que Jean-Marie Le Pen n’a pour l’instant jamais évoqué. Il avait plusieurs fois déclaré au cours de la campagne présidentielle de 2002 que Bruno Gollnisch serait son dauphin. Depuis, les choses ont bien changé. Jean-Marie Le Pen sait que le Front National a besoin de se moderniser pour séduire un électorat plus jeune. Mais il a également bien conscience du fait qu’une dérive clanique ne manquerait pas d’entraîner d’importantes dissensions internes, voire même l’implosion de son parti.
par Olivier Bras
Article publié le 19/04/2003