Corée
Moscou change d’attitude à l’égard de Pyongyang
La Russie, qui soutenait jusqu'à présent la Corée du Nord, estime que la Corée du Nord s’approche d’une dangereuse ligne rouge et lui demande de «garder la raison».
Le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) compte un membre de moins depuis ce jeudi 10 avril 2003. Pour la première fois depuis son entrée en vigueur en 1970, un pays s’en est retiré, la Corée du Nord. La décision de Pyongyang, qui avait été annoncée au début du mois de janvier, est devenue effective après l’expiration d’un préavis de quatre-vingt dix jours. Et le TNP, le plus vaste traité international du monde, ne compte donc désormais plus que 187 membres.
Les discussions et négociations diplomatiques s’étaient multipliées au cours des dernières semaines pour tenter de faire revenir Pyongyang sur sa décision. Les autorités nord-coréennes avaient justifié la nécessité de relancer son programme nucléaire à des fins civiles, dans le but notamment de produire de l’électricité. Et elles avaient alors enlevé les caméras de surveillance installées dans la centrale nucléaire de Yongbyon par l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) et expulsé ses inspecteurs. L’AIEA avait décidé quelques semaines plus tard de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU, plaçant ainsi cette crise dans un cadre multilatéral. Une décision rejetée par la Chine et la Russie qui estimaient que seul un dialogue bilatéral entre Pyongyang et Washington permettrait de trouver une solution à cette crise.
Fidèles à leurs positions, Pékin et Moscou ont continué de soutenir la Corée du Nord au sein du Conseil de sécurité lors des consultations à huis clos qui se sont déroulées mercredi à New York. A l’issue de cette réunion qui n’a débouché sur aucune décision concrète, l’ambassadeur russe aux Nations unies, Sergueï Lavrov s’était contenté de déclarer que ces consultations onusiennes étaient «prématurées et contre-productives». De son côté, la Chine, fermement opposée à toute éventuelle sanction contre le régime de Pyongyang, avait réitéré que le Conseil de Sécurité n’était pas «une instance appropriée pour être impliquée dans la crise à ce stade».
Une dangereuse «ligne rouge»
En l’espace de quarante-huit heures, le ton des autorités russes a radicalement changé. De compréhensif à l’égard du régime de Pyongyang, il est devenu clairement menaçant. «Nous nous prononcerons contre «l’introduction de sanctions» aussi longtemps que nos collègues nord-coréens garderont la raison», a déclaré vendredi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexandre Lossioukov. «Suite aux prises de position des Etats-Unis et de la Corée du Nord, qui ne favorisent pas l’engagement des pourparlers, la crise dans la péninsule coréenne continue hélas à s’aggraver et approche de la ligne rouge au-delà de laquelle une réaction incontrôlable devient possible».
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères a justifié l’éventuelle approbation de sanctions économiques contre le régime de Pyongyang. Il a notamment expliqué que la Russie se trouverait «devant un choix très difficile» si la Corée du Nord décidait «de fabriquer des armes nucléaires» et évoquait la possibilité des utiliser. «Nous sommes obligés de réfléchir à des mesures préventives pour défendre nos intérêts et, il ne sert à rien de le cacher, pour défendre notre population sur les territoires proches de la Corée en cas d’un conflit sérieux dans cette région», a ajouté M. Lossioukov. Quelques heures plus tard, un autre membre du gouvernement russe, le ministre de la Défense, Sergueï Ivanov, appelait lui la Corée du Nord à autoriser le retour sur son territoire des inspecteurs de l'AEIA.
Sans le soutien de la Russie, la Corée du Nord se retrouve plus isolée que jamais au sein de la communauté internationale. Elle ne peut plus compter sur le soutien indéfectible que d’un seul membre permanent du Conseil de sécurité pour défendre ses intérêts, la Chine. Pékin, qui n’a pas intérêt à voir se fragiliser le régime de son voisin, continuera d’insister sur la nécessité d’un dialogue bilatéral entre Washington et Pyongyang pour régler cette crise. Celui-ci a été, jusqu’à présent, refusé par les Américains qui conditionnent toute négociation à la fin du programme nucléaire. Depuis plusieurs semaines, le régime nord-coréen dit se sentir «menacé» et redoute une frappe préventive américaine contre ses installations nucléaires. De fait, ce pays figure aux côtés de l’Irak et de l’Iran au sein de «l’axe du mal» défini par le président américain George Bush après les attentats du 11 septembre 2001. Et l’intervention militaire en Irak de la coalition américano-britannique, justifiée par la recherche d’armes de destruction massive, ne peut que contribuer à augmenter la nervosité de la Corée du Nord.
Les discussions et négociations diplomatiques s’étaient multipliées au cours des dernières semaines pour tenter de faire revenir Pyongyang sur sa décision. Les autorités nord-coréennes avaient justifié la nécessité de relancer son programme nucléaire à des fins civiles, dans le but notamment de produire de l’électricité. Et elles avaient alors enlevé les caméras de surveillance installées dans la centrale nucléaire de Yongbyon par l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) et expulsé ses inspecteurs. L’AIEA avait décidé quelques semaines plus tard de saisir le Conseil de sécurité de l’ONU, plaçant ainsi cette crise dans un cadre multilatéral. Une décision rejetée par la Chine et la Russie qui estimaient que seul un dialogue bilatéral entre Pyongyang et Washington permettrait de trouver une solution à cette crise.
Fidèles à leurs positions, Pékin et Moscou ont continué de soutenir la Corée du Nord au sein du Conseil de sécurité lors des consultations à huis clos qui se sont déroulées mercredi à New York. A l’issue de cette réunion qui n’a débouché sur aucune décision concrète, l’ambassadeur russe aux Nations unies, Sergueï Lavrov s’était contenté de déclarer que ces consultations onusiennes étaient «prématurées et contre-productives». De son côté, la Chine, fermement opposée à toute éventuelle sanction contre le régime de Pyongyang, avait réitéré que le Conseil de Sécurité n’était pas «une instance appropriée pour être impliquée dans la crise à ce stade».
Une dangereuse «ligne rouge»
En l’espace de quarante-huit heures, le ton des autorités russes a radicalement changé. De compréhensif à l’égard du régime de Pyongyang, il est devenu clairement menaçant. «Nous nous prononcerons contre «l’introduction de sanctions» aussi longtemps que nos collègues nord-coréens garderont la raison», a déclaré vendredi le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexandre Lossioukov. «Suite aux prises de position des Etats-Unis et de la Corée du Nord, qui ne favorisent pas l’engagement des pourparlers, la crise dans la péninsule coréenne continue hélas à s’aggraver et approche de la ligne rouge au-delà de laquelle une réaction incontrôlable devient possible».
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères a justifié l’éventuelle approbation de sanctions économiques contre le régime de Pyongyang. Il a notamment expliqué que la Russie se trouverait «devant un choix très difficile» si la Corée du Nord décidait «de fabriquer des armes nucléaires» et évoquait la possibilité des utiliser. «Nous sommes obligés de réfléchir à des mesures préventives pour défendre nos intérêts et, il ne sert à rien de le cacher, pour défendre notre population sur les territoires proches de la Corée en cas d’un conflit sérieux dans cette région», a ajouté M. Lossioukov. Quelques heures plus tard, un autre membre du gouvernement russe, le ministre de la Défense, Sergueï Ivanov, appelait lui la Corée du Nord à autoriser le retour sur son territoire des inspecteurs de l'AEIA.
Sans le soutien de la Russie, la Corée du Nord se retrouve plus isolée que jamais au sein de la communauté internationale. Elle ne peut plus compter sur le soutien indéfectible que d’un seul membre permanent du Conseil de sécurité pour défendre ses intérêts, la Chine. Pékin, qui n’a pas intérêt à voir se fragiliser le régime de son voisin, continuera d’insister sur la nécessité d’un dialogue bilatéral entre Washington et Pyongyang pour régler cette crise. Celui-ci a été, jusqu’à présent, refusé par les Américains qui conditionnent toute négociation à la fin du programme nucléaire. Depuis plusieurs semaines, le régime nord-coréen dit se sentir «menacé» et redoute une frappe préventive américaine contre ses installations nucléaires. De fait, ce pays figure aux côtés de l’Irak et de l’Iran au sein de «l’axe du mal» défini par le président américain George Bush après les attentats du 11 septembre 2001. Et l’intervention militaire en Irak de la coalition américano-britannique, justifiée par la recherche d’armes de destruction massive, ne peut que contribuer à augmenter la nervosité de la Corée du Nord.
par Olivier Bras
Article publié le 11/04/2003