Australie
La guerre sur l’après-guerre
Alors qu’il ne fait désormais plus de doute que la paix en Irak sera sûrement plus difficile à gagner que la guerre, l’Australie tente de tirer ses cartes du jeu. Le Premier ministre John Howard se trouve pris entre deux feux. D’un côté la pression grandissante de la part de George Bush et Tony Blair pour envoyer de nouvelles troupes. D’un autre côté la réticence des australiens à s’investir plus largement en Irak. Les intérêts économiques en jeu joueront un rôle majeur dans la prise de décision. En effet de nombreuses entreprises australiennes sont déjà sur les rangs pour débuter la guerre sur les contrats de l’après-guerre.
De notre correspondante à Melbourne
Tandis que le Canada et le Mexique payent leurs réserves dans le conflit irakien, le Premier Ministre australien bénéfice d’un traitement de faveur. En effet pour le remercier de son soutien sans faille malgré l’opposition massive de ses concitoyens, John Howard est invité dans le ranch personnel des Bush au Texas. Le tapis rouge est donc déployé pour le Premier ministre, mais à quel prix pour les Australiens ? Le contingent de 2000 hommes envoyés pour participer à la seconde guerre du Golfe semble désormais n’être qu’un début. Et John Howard, qui répète depuis les premiers jours du conflit que l’Australie ne restera en aucun cas sur le terrain après le conflit, prépare doucement la population à effectuer une rotation de 180 degrés en dénonçant l’obligation définie par la Convention de Genève de protéger la population jusqu’à la création d’un gouvernement provisoire. Même si le Premier ministre réserve sa décision pour la fin du mois d’avril, il y a peu de chances qu’il puisse refuser l’envoi d’un contingent supplémentaire en Irak.
Retournement de l’opinion en faveur de Howard
Robert Hill, le ministre australien de la Défense, a annoncé à grand renfort de médias le retour de la moitié des militaires dans le Golfe d’ici la mi-juin. Le gouvernement est resté toutefois plus discret sur l’envoi de nouvelles troupes. Ce contingent s’élèverait à 1200 personnes, soit plus de la moitié des soldats actuellement sur place. Il est encore trop tôt pour dire la réaction de la population australienne qui semble toutefois plutôt versatile. Pourtant très largement défavorables à une intervention au début du conflit, les Australiens semblent désormais s’y être résignés. Même si dans les villes principales du pays des manifestations se poursuivent, les récents sondages montrent que la majorité de la population partage désormais la position du gouvernement Howard. Le fait que l’Australie n’ait connu qu’une seule perte humaine dans le conflit, un journaliste australien installé en France, permet peut être d’expliquer ce retournement favorable pour le Premier ministre.
Par ailleurs, l’importance économique que représente le marché de la reconstruction en Irak constitue un élément majeur pour comprendre la situation. L’Australie souhaite récupérer sa part du gâteau. Selon Mark Walsh, un des responsables de la Commission nationale du commerce australien, a confié que déjà plus de 200 entreprises australiennes sont inscrites pour participer au programme de reconstruction et de nombreuses autres sont à la recherches d’opportunités. Monsieur Walsh aime à rappeler que l’Australie commerce avec l’Irak depuis 50 ans et que les exportations ont connu une expansion de 164% les cinq dernières années atteignant un budget de 840 millions de dollars australiens pour 2001-2002. Les entreprises australiennes entendent proposer leurs compétences dans des domaines aussi différents que la réhabilitation du réseau pétrolier et gazoduc, du système sanitaire, des télécommunications, du réaménagement portuaire… mais en premier lieu l’Australie compte bien promouvoir son expertise dans le domaine agricole (irrigation, traitement des céréales...)
Cependant, là encore, la bataille ne fait que commencer. Sur les huit contrats déjà signés pour la reconstruction en Irak, quatre ont été attribués à des entreprises américaines. Ces quatre contrats atteignent un budget qui s’élève à plus de 900 millions de dollars américains. En ce qui concerne le secteur agricole, le bras de fer a déjà commencé, après les rumeurs sur l’attribution du marché du blé irakien aux producteurs américains. Le Bureau du blé australien avait menacé de poursuivre et de demander des dommages et intérêts au gouvernement de John Howard en cas de perte du marché. Le gouvernement a dû racheter une partie des stocks envoyés dans le cadre de l’accord «pétrole contre nourriture». Cet accord concernait 1,2 millions de tonnes de blé à destination du marché irakien.
Pas de doutes que le Premier ministre australien tentera lors de sa prochaine rencontre avec le président américain, à la fin du mois, de négocier quelques contrats contre l’envoi de nouvelles troupes sur le terrain.
Tandis que le Canada et le Mexique payent leurs réserves dans le conflit irakien, le Premier Ministre australien bénéfice d’un traitement de faveur. En effet pour le remercier de son soutien sans faille malgré l’opposition massive de ses concitoyens, John Howard est invité dans le ranch personnel des Bush au Texas. Le tapis rouge est donc déployé pour le Premier ministre, mais à quel prix pour les Australiens ? Le contingent de 2000 hommes envoyés pour participer à la seconde guerre du Golfe semble désormais n’être qu’un début. Et John Howard, qui répète depuis les premiers jours du conflit que l’Australie ne restera en aucun cas sur le terrain après le conflit, prépare doucement la population à effectuer une rotation de 180 degrés en dénonçant l’obligation définie par la Convention de Genève de protéger la population jusqu’à la création d’un gouvernement provisoire. Même si le Premier ministre réserve sa décision pour la fin du mois d’avril, il y a peu de chances qu’il puisse refuser l’envoi d’un contingent supplémentaire en Irak.
Retournement de l’opinion en faveur de Howard
Robert Hill, le ministre australien de la Défense, a annoncé à grand renfort de médias le retour de la moitié des militaires dans le Golfe d’ici la mi-juin. Le gouvernement est resté toutefois plus discret sur l’envoi de nouvelles troupes. Ce contingent s’élèverait à 1200 personnes, soit plus de la moitié des soldats actuellement sur place. Il est encore trop tôt pour dire la réaction de la population australienne qui semble toutefois plutôt versatile. Pourtant très largement défavorables à une intervention au début du conflit, les Australiens semblent désormais s’y être résignés. Même si dans les villes principales du pays des manifestations se poursuivent, les récents sondages montrent que la majorité de la population partage désormais la position du gouvernement Howard. Le fait que l’Australie n’ait connu qu’une seule perte humaine dans le conflit, un journaliste australien installé en France, permet peut être d’expliquer ce retournement favorable pour le Premier ministre.
Par ailleurs, l’importance économique que représente le marché de la reconstruction en Irak constitue un élément majeur pour comprendre la situation. L’Australie souhaite récupérer sa part du gâteau. Selon Mark Walsh, un des responsables de la Commission nationale du commerce australien, a confié que déjà plus de 200 entreprises australiennes sont inscrites pour participer au programme de reconstruction et de nombreuses autres sont à la recherches d’opportunités. Monsieur Walsh aime à rappeler que l’Australie commerce avec l’Irak depuis 50 ans et que les exportations ont connu une expansion de 164% les cinq dernières années atteignant un budget de 840 millions de dollars australiens pour 2001-2002. Les entreprises australiennes entendent proposer leurs compétences dans des domaines aussi différents que la réhabilitation du réseau pétrolier et gazoduc, du système sanitaire, des télécommunications, du réaménagement portuaire… mais en premier lieu l’Australie compte bien promouvoir son expertise dans le domaine agricole (irrigation, traitement des céréales...)
Cependant, là encore, la bataille ne fait que commencer. Sur les huit contrats déjà signés pour la reconstruction en Irak, quatre ont été attribués à des entreprises américaines. Ces quatre contrats atteignent un budget qui s’élève à plus de 900 millions de dollars américains. En ce qui concerne le secteur agricole, le bras de fer a déjà commencé, après les rumeurs sur l’attribution du marché du blé irakien aux producteurs américains. Le Bureau du blé australien avait menacé de poursuivre et de demander des dommages et intérêts au gouvernement de John Howard en cas de perte du marché. Le gouvernement a dû racheter une partie des stocks envoyés dans le cadre de l’accord «pétrole contre nourriture». Cet accord concernait 1,2 millions de tonnes de blé à destination du marché irakien.
Pas de doutes que le Premier ministre australien tentera lors de sa prochaine rencontre avec le président américain, à la fin du mois, de négocier quelques contrats contre l’envoi de nouvelles troupes sur le terrain.
par Carole Martin
Article publié le 21/04/2003