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Politique française

La droite face à de nouveaux défis

Dans le sillage de la victoire triomphale de Jacques Chirac à la présidentielle, une véritable vague «bleue», de la couleur de la droite, submergeait la France. Un an plus tard, le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin doit faire face à une délicate situation économique et sociale qui fait chuter sa popularité. Seul Jacques Chirac est épargné.
La riposte de Jean-Pierre Raffarin ne s’est pas fait attendre. Quarante-huit heures après la diffusion d’un tract signé par le Parti socialiste dénonçant «la casse sociale et économique après un an de gouvernement Chirac-Raffarin», le Premier ministre français choisissait de défendre lui-même son bilan dans une tribune publiée jeudi par huit quotidiens régionaux. Un texte dans lequel il n’hésite pas à son tour à se montrer très critique. «Il y a un an, la France vivait son «mal d’avril» duquel allait naître «l’esprit de mai». (…) L’impuissance politique est la première cause du «mal d’avril». Les Français et les Françaises ont reproché à la République de ne pas tenir ses promesses». Selon Jean-Pierre Raffarin, trois priorités s’imposaient pour regagner la confiance des Français: «redonner à la politique sa crédibilité, être capable d’écouter les gens, affirmer le besoin de France et d’intérêt général».

Dans cette tribune, le Premier ministre dresse logiquement un bilan élogieux de la première année de travail. Et il espère que «l’esprit de mai» continuera à porter la politique de son équipe. Celui-ci bénéficie depuis onze mois de conditions politiques exceptionnelles. Dans le sillage de l’écrasante victoire de Jacques Chirac au second tour de la présidentielle, la droite a obtenu la majorité au sein des principales institutions de l’Etat, notamment l’Assemblée nationale, le Sénat et le Conseil constitutionnel. Jamais une même formation politique n’avait réussi, depuis 1981, à concentrer autant de pouvoirs. Et la droite parvenait, dans le même temps, à unir ses forces au sein d’un même parti, l’Union pour la majorité présidentielle (UMP). Crée au printemps 2002 pour soutenir la candidature de Jacques Chirac, cette alliance changeait de nom en novembre 2002 et devenait l’Union pour un Mouvement populaire. Un grand parti de droite dont la présidence est revenue à l’ancien Premier ministre Alain Juppé.

Après plusieurs années de difficile cohabitation, le président réélu Jacques Chirac pouvait donc savourer le début d’une ère politique beaucoup plus confortable. Il a laissé à son Premier ministre le soin de gérer les affaires internes et s’est concentré essentiellement sur la politique étrangère de la France. Au fil des mois, le président français a retrouvé une stature d’homme d’Etat international, n’ayant plus cette fois à lutter contre un Premier ministre envahissant comme l’était Lionel Jospin. Et ses prises de position contre la guerre en Irak lui ont notamment permis d’acquérir une popularité exceptionnelle au sein de la population française.

Une réforme électorale avortée

Le gouvernement vit une situation inverse puisqu’il voit sa cote baisser. Différents sondages indiquent que la dégradation du contexte social et économique inspire un grand sentiment de pessimisme aux Français. Et les bons résultats obtenus dans certains secteurs comme la lutte contre l’insécurité routière ne suffisent pas à les rassurer. Conscient de la désaffection d’une partie de son électorat, le gouvernement a certes choisi de jouer la carte de la transparence, Jean-Pierre Raffarin reconnaissant par exemple dans sa tribune que la «croissance en 2003 sera moitié moindre que celle que nous espérions». Mais il sait bien qu’il sera jugé sur ses performances réelles et non sur ce qu’il espérait réaliser.

Le premier test électoral se produira l’année prochaine, à l’occasion des élections régionales. Ce scrutin aura d’autant plus d’importance qu’il est à l’origine de l’un des principaux revers politiques enregistré jusqu’à présent par le gouvernement Raffarin. Son projet de réforme électorale pour les régionales a été partiellement invalidé par le Conseil constitutionnel qui a refusé d’obliger les listes candidates à obtenir au moins 10% des électeurs inscrits pour participer au second tour, au lieu de 10% des suffrages exprimés. Les effets de la censure du Conseil constitutionnel ont été doublements nocifs pour l’UMP. Elle a d’une part réveillé certaines dissensions internes au sein de cette formation, plusieurs dirigeants de l’UMP n’hésitant pas à critiquer la manière dont cette tentative de réforme avait été menée. Et elle place, d’autre part, l’UMP dans une situation inconfortable vis-à-vis du Front National, l’une des formations politiques qui aurait le plus pâti de cette réforme.

La droite redoute que l’extrême droite ne joue, comme en 1998, un rôle d’arbitre lors des élections régionales. Lors du précédent scrutin, plusieurs candidats de la droite n’avaient pas hésité à négocier avec le Front National pour assurer leur élection, déclenchant alors une crise politique sans précédent. Un scénario catastrophe que l’UMP souhaite à tout prix éviter.



par Olivier  Bras

Article publié le 22/04/2003