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Epidémie

Comment contrôler le SRAS

Le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) continue à se propager dans le monde et à faire de nombreuses victimes chaque jour. L’Organisation mondiale de la Santé a déjà recensé 5 462 cas probables et 374 décès. Si la situation reste donc très préoccupante, notamment parce que le taux de mortalité a tendance à augmenter (6,3%), quelques progrès ont tout de même été enregistrés et donnent l’espoir d’arriver à limiter la progression de l’épidémie. Le nombre de cas répertoriés est, en effet, en diminution dans les principaux foyers. Seule la Chine demeure confrontée à une propagation rapide et incontrôlée.
«Il apparaît d’après les rapports que nous avons de Hong Kong, Singapour, Toronto et du Vietnam que l’épidémie a atteint un pic et qu’ils ont moins de cas chaque jour, et dans certains pays, pas de nouveaux cas, comme au Vietnam». Pour David Heymann, le directeur exécutif de la section des maladies transmissibles de l’Organisation mondiale de la Santé, l’épidémie de pneumonie atypique se trouverait donc dans une «courbe descendante» dans plusieurs pays. Même à Hong Kong, le territoire le plus touché après la Chine, le nombre de cas recensés chaque jour est en diminution. Mercredi, les autorités ont annoncé 17 nouvelles contaminations alors qu’il y a quelques jours encore, on en dénombrait plusieurs dizaines.

Le Vietnam est quant à lui le premier pays à avoir officiellement réussi à contrôler l’épidémie du SRAS qui a atteint 63 personnes parmi lesquelles 5 sont décédées. L’OMS a annoncé que ce pays avait réussi à maîtriser la propagation du virus et que depuis le 8 avril, aucun nouveau cas de contamination n’avait été déclaré. Cette réussite tend à prouver que la mise en œuvre de mesures sanitaires strictes, au premier rang desquelles l’isolement des malades, permet d’obtenir des résultats. Les autorités vietnamiennes ont, en effet, décidé très rapidement après l’apparition du premier cas de SRAS de mettre en quarantaine les personnes contaminées de l’hôpital français de Hanoï (patients et personnels médicaux) et cette stratégie a été efficace.

On ne peut pas, malgré ce constat encourageant, estimer que le Vietnam est totalement à l’abri d’une réapparition du virus par l’intermédiaire des voyageurs en provenance des zones à risque qui entreraient dans le pays. Mais pour se prémunir contre ce danger potentiel, la surveillance aux frontières, notamment avec la Chine, a été renforcée.

L’Organisation mondiale de la Santé a, d’autre part, décidé de lever hier la recommandation faite la semaine dernière aux voyageurs internationaux d’éviter Toronto. Cette ville canadienne située dans la province de l’Ontario qui compte le plus grand nombre de cas de SRAS hors d’Asie semble, elle aussi, avoir réussi à limiter la propagation du virus. Le dernier cas de transmission locale date d’il y a vingt jours, soit deux fois la période d’incubation de la maladie. Cela indique donc que l’intensité de la flambée épidémique a baissé.

La situation à Pékin est «grave»

Les autorités canadiennes qui s’étaient insurgées contre la décision de l’OMS de mettre Toronto sur la liste noire du SRAS, n’en demeurent pas moins très vigilantes et ont pris des dispositions pour assurer un contrôle optimum des voyageurs qui quittent le pays. Elles envisagent d’ailleurs d’équiper les aéroports de détecteurs de température à infrarouges pour repérer plus facilement les personnes à risque. Ces mesures ont contribué à convaincre l’OMS, dont l’un des critères d’appréciation de la situation dans les pays touchés par le SRAS (27 à ce jour) est leur capacité à limiter l’exportation du virus vers d’autres destinations, de retirer Toronto des zones à risque.

Dans ce contexte, l’OMS a fait part de son optimisme. Dick Thompson, le porte-parole de l’organisation a même estimé qu’il y avait des chances que cette maladie soit finalement «contrôlée et éradiquée». Si tant est que la situation en Chine, d’où l’épidémie est partie, ne continue pas à se dégrader comme elle le fait actuellement. Le nombre de cas recensés dans la province de Guangdong, qui a été le premier foyer de l’épidémie, semble être en diminution mais le SRAS a atteint d’autres régions du pays où la flambée continue. A Pékin où l’on dénombre plus de 1 300 cas confirmés, autant de cas suspects et 66 morts, le maire lui-même a estimé que la situation était «grave». Chaque jour, les autorités recensent une centaine de malades supplémentaires et les hôpitaux n’arrivent plus à les prendre en charge.

Après plusieurs mois de mutisme, le gouvernement chinois a enfin accepté de collaborer et a pris des mesures pour endiguer l’épidémie. Mais dans l’intervalle, le virus s’est répandu dans plusieurs zones du pays et la lutte est devenue d’autant plus difficile. Les spécialistes craignent de plus en plus que le SRAS ne répande dans les régions rurales chinoises, où la prise en charge médicale serait quasiment impossible, et ne devienne alors une maladie endémique. Pour éviter d’en arriver là, les pays asiatiques ont entrepris de mener une collaboration étroite. Dans le cadre d’un sommet exceptionnel de l’Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) auquel la Chine a participé, ils ont annoncé un plan d’action commun et la création d’un fonds. L’implication de la Chine dans un processus régional de lutte contre le virus a été jugée très positive. Reste à savoir si elle arrive trop tard alors même que les autorités chinoises, pourtant peu enclines à dramatiser, qualifient l’épidémie de pneumonie qui sévit sur leur territoire de «récurrente et à long terme».



par Valérie  Gas

Article publié le 30/04/2003