Environnement
La crise de l’eau dans les villes d’Afrique et d’ailleurs
La récente conférence de Kyoto sur l’eau a mis l’accent sur les difficultés des zones urbaines, notamment en Afrique, à offrir de l’eau potable à des prix abordables aux habitants.
De notre envoyée spéciale à Kyoto
Il fait encore nuit à 4 heures et demie du matin quand Bimpe Dawode et ses deux jeunes sœurs marchent à travers les rues de Lagos au Nigeria pour aller acheter l’eau nécessaire à leur famille. Bimpe Dawode a 11 ans. Tous les jours elle parcourt 1,2 km à pied jusqu’au marchand d’eau. Tous les jours, elle porte un seau de 35 litres sur la tête et un autre de 20 litres à la main. Plus tard, Bimpe Dawode passe son uniforme pour aller à l’école, se demandant comment elle trouvera le temps de réviser pour les examens de fin de semestre.
A Pune en Inde, des femmes font la queue pendant des heures afin de remplir leurs handaas, ce récipient destinée à la collecte d’eau. Cette corvée quotidienne est accompagnée d’humiliations variées: insultées parce qu’elles vivent dans les bidonvilles de Pune et «souillent» le point d’eau, narguées par les hommes qui bloquent l’accès au robinet en prenant tout leur temps pour se laver.
Aujourd’hui la moitié de la population mondiale (3 milliards d’habitants) vit dans les villes; en 2030 on atteindra les 60%. Selon le rapport du programme de l’ONU Habitat, publié en mars, les villes africaines seraient les plus atteintes par l’urbanisation galopante. Malheureusement, elles ne disposent pas de ressources économiques suffisantes pour installer les systèmes d’approvisionnement en eau et assainissement. Quant à la gestion des déchets, elle est tout simplement mauvaise ou inexistante. L’incidence est élevée sur la santé de la population pauvre des villes. 30% de mortalité infantile dans les bidonvilles de Nairobi et on ne parle de la récurrence de la diarrhée.
L’eau est plus chère pour les pauvres que pour les riches
James Njunguna est vendeur d’eau ambulant dans l’immense bidonville de Kibera (700 000 d’habitants) à Nairobi. 20 litres d’eau à Kibera coûtent entre 10 shillings (0,12 euros) et 20 shillings (0,25 euros), ce qui est largement supérieur à ce que les habitants de quartiers chics de Nairobi paient pour l’eau de la ville. Un habitant de Kibera gagne rarement plus d’un dollar par jour. Pourtant, James Njunguna est convaincu d’occuper un rôle d’utilité public. «Nous n’exploitons pas la misère des gens, au contraire, nous sommes là pour les aider».
Selon Piers Cross, consultant en eau et assainissement pour la Banque mondiale à Nairobi, la distribution de l’eau en Afrique de l’Est est essentiellement contrôlée par les vendeurs d’eau ambulants. «C’est un secteur informel qui n’est reconnu nulle part au monde. Il contrôle 95% de la distribution de l’eau à Dar Es Salaam. S’il est difficile aujourd’hui de rendre compte de l’impact de ces vendeurs d’eau ambulants, il est néanmoins nécessaire faire passer ce secteur dans l’économie formelle, de leur donner des permis et de les former. Parce qu’ils ne vont certainement pas disparaître». N’étant pas recensés, ils ne paient pas d’impôts. Mais les autorités kenyanes estiment qu’accorder des permis aux vendeurs d’eau serait une manière de légaliser la prolifération des bidonvilles. Selon le programme eau et assainissement de la Banque mondiale, l’urbanisation à Nairobi a diminué de 6% alors que les bidonvilles ont augmenté de 12%.
Il n’existe pas d’approche globale pour résoudre le problème d’eau dans les villes en développement et alléger le fardeau des populations urbaines pauvres. Le programme Habitat de l’ONU constate que l’approvisionnement en eau et services d’assainissement est insuffisante dans les villes d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine qui n’ont pas bénéficié d’une volonté politique d’améliorer la condition de la population pauvre. La privatisation, si elle a réussi en Europe de l’Ouest, est un modèle qui connaît bien des difficultés dans le monde en développement. Malgré des exceptions tels que le Chili et l’Europe de l’Est. Il est difficile concilier l’objectif de rentabilité immédiate des grandes sociétés et la priorité d’assurer un système d’approvisionnement en eau pour des citadins à faible revenu. Le modèle appliqué au Maroc et en Afrique du Sud, appelant à un partenariat entre secteur public, secteur privé et collectivités locales est sous observation.
Sollicitant la participation des autorités locales, le programme Habitat a mis au point une nouvelle «stratégie de gestion de la demande» pour encourager une utilisation efficace des ressources en eau. Dans beaucoup de villes africaines, en raison des fuites, la moitié des réserves se perd. Le programme a démarré dans les villes d’Abidjan, Accra, Addis Abeba, Dakar, Dar es Salaam, Johannesbourg, Lusaka et Nairobi.
Il fait encore nuit à 4 heures et demie du matin quand Bimpe Dawode et ses deux jeunes sœurs marchent à travers les rues de Lagos au Nigeria pour aller acheter l’eau nécessaire à leur famille. Bimpe Dawode a 11 ans. Tous les jours elle parcourt 1,2 km à pied jusqu’au marchand d’eau. Tous les jours, elle porte un seau de 35 litres sur la tête et un autre de 20 litres à la main. Plus tard, Bimpe Dawode passe son uniforme pour aller à l’école, se demandant comment elle trouvera le temps de réviser pour les examens de fin de semestre.
A Pune en Inde, des femmes font la queue pendant des heures afin de remplir leurs handaas, ce récipient destinée à la collecte d’eau. Cette corvée quotidienne est accompagnée d’humiliations variées: insultées parce qu’elles vivent dans les bidonvilles de Pune et «souillent» le point d’eau, narguées par les hommes qui bloquent l’accès au robinet en prenant tout leur temps pour se laver.
Aujourd’hui la moitié de la population mondiale (3 milliards d’habitants) vit dans les villes; en 2030 on atteindra les 60%. Selon le rapport du programme de l’ONU Habitat, publié en mars, les villes africaines seraient les plus atteintes par l’urbanisation galopante. Malheureusement, elles ne disposent pas de ressources économiques suffisantes pour installer les systèmes d’approvisionnement en eau et assainissement. Quant à la gestion des déchets, elle est tout simplement mauvaise ou inexistante. L’incidence est élevée sur la santé de la population pauvre des villes. 30% de mortalité infantile dans les bidonvilles de Nairobi et on ne parle de la récurrence de la diarrhée.
L’eau est plus chère pour les pauvres que pour les riches
James Njunguna est vendeur d’eau ambulant dans l’immense bidonville de Kibera (700 000 d’habitants) à Nairobi. 20 litres d’eau à Kibera coûtent entre 10 shillings (0,12 euros) et 20 shillings (0,25 euros), ce qui est largement supérieur à ce que les habitants de quartiers chics de Nairobi paient pour l’eau de la ville. Un habitant de Kibera gagne rarement plus d’un dollar par jour. Pourtant, James Njunguna est convaincu d’occuper un rôle d’utilité public. «Nous n’exploitons pas la misère des gens, au contraire, nous sommes là pour les aider».
Selon Piers Cross, consultant en eau et assainissement pour la Banque mondiale à Nairobi, la distribution de l’eau en Afrique de l’Est est essentiellement contrôlée par les vendeurs d’eau ambulants. «C’est un secteur informel qui n’est reconnu nulle part au monde. Il contrôle 95% de la distribution de l’eau à Dar Es Salaam. S’il est difficile aujourd’hui de rendre compte de l’impact de ces vendeurs d’eau ambulants, il est néanmoins nécessaire faire passer ce secteur dans l’économie formelle, de leur donner des permis et de les former. Parce qu’ils ne vont certainement pas disparaître». N’étant pas recensés, ils ne paient pas d’impôts. Mais les autorités kenyanes estiment qu’accorder des permis aux vendeurs d’eau serait une manière de légaliser la prolifération des bidonvilles. Selon le programme eau et assainissement de la Banque mondiale, l’urbanisation à Nairobi a diminué de 6% alors que les bidonvilles ont augmenté de 12%.
Il n’existe pas d’approche globale pour résoudre le problème d’eau dans les villes en développement et alléger le fardeau des populations urbaines pauvres. Le programme Habitat de l’ONU constate que l’approvisionnement en eau et services d’assainissement est insuffisante dans les villes d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine qui n’ont pas bénéficié d’une volonté politique d’améliorer la condition de la population pauvre. La privatisation, si elle a réussi en Europe de l’Ouest, est un modèle qui connaît bien des difficultés dans le monde en développement. Malgré des exceptions tels que le Chili et l’Europe de l’Est. Il est difficile concilier l’objectif de rentabilité immédiate des grandes sociétés et la priorité d’assurer un système d’approvisionnement en eau pour des citadins à faible revenu. Le modèle appliqué au Maroc et en Afrique du Sud, appelant à un partenariat entre secteur public, secteur privé et collectivités locales est sous observation.
Sollicitant la participation des autorités locales, le programme Habitat a mis au point une nouvelle «stratégie de gestion de la demande» pour encourager une utilisation efficace des ressources en eau. Dans beaucoup de villes africaines, en raison des fuites, la moitié des réserves se perd. Le programme a démarré dans les villes d’Abidjan, Accra, Addis Abeba, Dakar, Dar es Salaam, Johannesbourg, Lusaka et Nairobi.
par Zeenat Hansrod
Article publié le 14/04/2003