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Australie

Pneumonie, la panique

L’Australie enregistre seulement trois cas de pneumonie atypique, pourtant la panique s’est déjà emparée de l’ensemble de la population. Des mesures majeures ont été prises aux aéroports qui voient l’arrivée quotidienne de plus de 25 000 personnes.
De notre correspondante à Melbourne

Même si le nombre de personnes présumées «contaminées» par le sévère (SRAS) ne cesse de croître, le pays n’a pourtant officiellement jusqu’ici identifié que trois cas. Cependant un vent de panique souffle sur le sol australien. Les hôpitaux et les cabinets des généralistes sont submergés de personnes inquiètent qui viennent se faire examiner. Des étudiants et leurs professeurs sont mis en quarantaine par leur établissement scolaire après leur retour d’un tournoi sportif à Hong-Kong bien qu’aucun d’entre eux ne présente de symptômes. Une femme enceinte s’est vu refuser l’accès à la maternité parce qu’elle revenait d’un voyage en Asie. Les expatriés australiens commencent à quitter le continent asiatique, et la ville de Darwin vient d’annuler les rencontres sportives d’Arafura qui devaient, le mois prochain, réunir plus de 3 000 athlètes en provenance de 25 pays d’Asie et du Pacifique.

Des mesures de sécurité exceptionnelles ont été mises en place pour limiter la contagion sur le territoire. Tout d’abord aux aéroports où débarquent chaque jour plus de 25 000 personnes principalement en provenance d’Asie. Tout le personnel aérien a désormais l’obligation de dénoncer une personne présentant des symptômes. Qantas, la compagnie aérienne australienne, a pour consigne de donner des masques aux six rangs voisins d’une personne suspecte. Dès l’atterrissage une infirmière ausculte la personne en question. En cas de doute, celle-ci est tout de suite transférée en zone de quarantaine. Les compagnies aériennes d’Asie-Pacifique souffrent particulièrement de la situation. Qantas a annulé jusqu'à 20% de ces vols internationaux et compte supprimer plus de 1400 emplois. Cathay Pacifique et Singapour Airlines, qui enregistrent respectivement une chute de près de 42% et 20%, envisagent de stationner leurs appareils en Australie si la crise se poursuit.

Avec la baisse de fréquentation des compagnies aériennes c’est en fait tout le secteur touristique qui est touché. Durant la semaine de Pâques, l’état du Queensland a enregistré une chute des réservations des touristes japonais, consommateurs importants en Australie, de près de 24 %. C’est la première fois depuis dix ans que le chiffre de voyageurs durant cette période tombe en dessous de 400 000. De leur côté, les casinos de la Gold Coast, de Perth et de Melbourne commencent à ressentir l’absence des clients asiatiques, particulièrement joueurs sur de grosses sommes.

Sur le pied de guerre

Le Premier ministre australien, tente de minimiser les conséquences économiques pour l’Australie. John Howard préfère souligner «l’aubaine» que les Australiens restent et consomment sur le territoire national. Cependant cette déclaration n’a convaincu personne et le pays tout entier est désormais bel et bien sur le pied de guerre.

Biota, une société basée dans l’Etat du Victoria, spécialisée dans la recherche et la mise au point d’anti-virus respiratoires vient de rejoindre les troupes qui travaillent actuellement à l’identification de la maladie. Pour le moment les scientifiques du CSIRO (Commonweath Scientific & Industrial Research Organisation), souhaitent importer, sous haute surveillance et avec la plus grande précaution, une fiole du virus afin de faire des tests sur des animaux. Ils espèrent ainsi identifier l’origine du SRAS et trouver plus rapidement un moyen de lutter contre l’épidémie. Ce laboratoire est l’un des rares au monde à présenter toutes les sécurités nécessaires à l’opération. Les financiers, eux, ne perdent cependant pas le Nord. L’action de la société Biota, à l’annonce de leur participation dans la recherche d’un antidote, vient de faire un bond de 20%.



par Carole  Martin

Article publié le 27/04/2003