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Algérie

Vingt-neuf touristes volatilisés dans le Sud

Plusieurs groupes de touristes européens qui traversaient le sud du désert algérien en moto ou en véhicule tout terrain ont mystérieusement disparu. Certains d’entre eux n’ont plus donné signe de vie depuis le 19 février. Malgré la mise en œuvre d’importants moyens pour tenter de les localiser, aucune trace de leur passage n’a été retrouvée et toutes les hypothèses pour expliquer ces disparitions restent envisagées, de la panne de GPS à l’enlèvement par des groupes islamistes.
Quinze Allemands, huit Autrichiens, quatre Suisses, un Néerlandais et un Suédois, parmi lesquels huit femmes et vingt-et-un hommes, ont disparu dans une zone située entre Ouargla (800 kilomètres au sud d’Alger), Djanet et Tamanrasset (1900 km). Les premières disparitions ont été signalées à la fin du mois de février et les dernières il y a environ une semaine, lorsqu’un groupe de huit Autrichiens ne s’est pas présenté à l’embarquement du bateau de retour qu’il devait prendre en Tunisie.

Ces touristes européens voyageaient dans six groupes différents qui traversaient le désert à bord de 4x4 ou sur des motos. Ils étaient partis sans guide mais semblaient avoir, pour la plupart, une expérience de ce type de périple à travers le désert. Les groupes n’avaient a priori aucun lien les uns avec les autres et ne suivaient pas les mêmes itinéraires. Par contre, ils sont tous passés par la Tunisie pour atteindre le sud algérien.

L’Allemagne et l’Autriche, dont les ressortissants représentent le plus gros contingent de disparus, suivent de très près les investigations menées par les autorités algériennes pour localiser les touristes. Les ministres concernés des deux pays sont en contact étroit avec leurs homologues algériens qui ont mobilisé des moyens de recherche importants pour retrouver la trace des 29 disparus. Plus d’un millier de militaires et de gendarmes ont été envoyés sur place avec des guides expérimentés. Ils sont aidés par deux hélicoptères et un avion de reconnaissance équipé de détecteurs de chaleur qui sont capables de repérer la présence de corps ou de véhicules sous le sable. Mais l’étendue à ratisser est énorme, elle couvre près de deux millions de kilomètres carrés de désert. Et pour le moment, aucun indice n’a été trouvé.

L’Allemagne a envoyé des agents spécialisés dans la lutte anti-terroriste

Plusieurs hypothèses ont été évoquées pour expliquer ces disparitions. Les touristes ont pu tout simplement se perdre dans cette étendue désertique où ils ont pénétré sans guide mais équipés de système de guidage satellite (GPS). Selon le Quotidien d’Oran, les touristes auraient pu faire une erreur de navigation à la suite d’une dégradation ou d’un brouillage du signal GPS provoqué par les Américains pour protéger le dispositif militaire en train de se mettre en place en perspective de la guerre en Irak. Mais cette explication se heurte à deux principaux écueils. Un brouillage du GPS aurait forcément touché d’autres utilisateurs et notamment l’aviation civile, ce qui ne semble pas avoir été le cas. D’autre part, il est très improbable qu’une panne de ce type soit à l’origine de disparitions à répétition comme celles qui se sont produites en un mois et demi.

S’ils ne se sont pas perdus, les touristes ont peut-être été enlevés. L’absence total de traces de leur passage quelque part dans la zone où ils étaient censés circuler semblerait accréditer cette thèse. Deux pistes de ravisseurs potentiels ont été évoquées. Celle des contrebandiers de cigarettes ou de drogue qui trafiquent dans la région et auraient pu capturer des otages pour exiger des rançons. Et celle des islamistes qui opèrent dans cette zone. La presse algérienne a d’ailleurs rappelé la présence dans le sud du pays d’un réseau dirigé par Mokhtar Belmokhtar, qui avait proféré il y a quelques années des menaces contre le rallye Paris-Dakar, et aurait rejoint aujourd’hui le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) d’Hassan Hattab vraisemblablement affilié à Al-Qaïda. L’annonce de l’envoi d’agents d’une unité allemande de lutte contre le terrorisme pour participer aux recherches menées par les Algériens pourrait être un élément supplémentaire qui indique que cette piste est sérieusement envisagée par les enquêteurs. Un certain nombre de recherches ont d’ailleurs été menées dans les régions frontalières de la Libye et du Niger où les kidnappeurs auraient pu se réfugier. Mais jusqu’à ce jour, le mystère des disparus du désert algérien reste entier.



par Valérie  Gas

Article publié le 10/04/2003