Burkina Faso
Plus de deux milliards de francs CFA pour les victimes de crimes politiques
Le gouvernement burkinabé a récemment fait le bilan d’un an d’indemnisation financière des nombreuses «victimes de la violence en politique». Ces réparations s’inscrivent dans le cadre d’un processus de réconciliation nationale lancé par le président Blaise Compaoré en réponse à la crise socio-politique qui a secoué le Burkina après l’assassinat en décembre 1998 du journaliste Norbert Zongo.
De notre correspondant au Burkina Faso
L’indemnisation des victimes ou ayants-cause des victimes avait été décidée le 30 mars 2001 lors de la Journée nationale de pardon (JNP) censée mettre fin à la grave crise politique dans laquelle le Burkina avait été plongé après la mort dans des conditions troubles du journaliste Norbert Zongo. Ce jour-là, Blaise Compaoré avait demandé «pardon» à ses compatriotes et leur avait exprimé ses «profonds regrets pour les tortures, les crimes, les injustices commis depuis 1960» dans son pays. Le président burkinabé avait, dans la foulée, pris «l'engagement ferme et solennel» de la création d'un fonds d'indemnisation en faveur de toutes les familles des victimes de la violence en politique.
Ces indemnisations concernent des cas de personnes décédées, des cas de spoliation, de vandalisme, de séquestration ou de fuite contrainte. En 2000, la Commission nationale de réconciliation mise en place par le gouvernement avait recensé plus de 100 crimes politiques depuis 1960, année de l’indépendance du pays. La plupart de ces crimes ont été perpétrés à partir de 1983 c’est-à-dire sous les régimes du capitaine Thomas Sankara et de Blaise Compaoré.
En mars 2002, le gouvernement avait mis en place un fonds doté de 6 milliards de francs CFA pour couvrir l’ensemble des indemnisations. Selon les critères fixés par le comité de gestion du fonds dirigé par le pasteur Freeman Compaoré, président de la fédération des églises évangéliques du Burkina, chaque famille ayant perdu un membre reçoit de 20 millions de francs CFA soit 30 489,80 euros. Cette somme est majorée en tenant compte du nombre des ayants-cause.
Dès sa création, le comité de gestion du fonds a reçu plus de 400 demandes d’indemnisation en tous genres. Selon le dernier rapport fait par le gouvernement, 120 dossiers ont reçu, à ce jour, un avis favorable du conseil des ministres. Cela représente une somme totale de 2,306 milliards de francs CFA liquidée au profit des victimes ou de leurs familles.
«La crise est derrière nous»
Si des centaines de familles des victimes frappent à la porte du fonds d’indemnisation, celles des plus illustres disparus comme Norbert Zongo ou l’ancien président Thomas Sankara assassiné dans le coup d’État qui porta au pouvoir Blaise Compaoré en 1987 ont très tôt rejeté le processus de réconciliation nationale telle qu’engagé par le gouvernement. «J'observe qu'il fallait rechercher la vérité, la justice, avant d'arriver à la réconciliation», avait écrit en mars 2001 la veuve Mariam Sankara dans une lettre adressée à Ram Ouédraogo, à l’époque ministre d’État chargé de la Réconciliation. Aujourd’hui encore, le Collectif contre l’impunité créé après l’assassinat du journaliste Zongo pour réclamer la lumière sur tous les crimes politiques dénonce dans une récente déclaration un «chantage ignoble» dans l’indemnisation des victimes des crimes politiques. Le collectif qui regrette qu’il soit expressément interdit «aux ayants droit de recourir à la justice sous n’importe quelle forme dès lors qu’ils s’adressent à la commission de traitement des dossiers» souligne que «le devoir de mémoire et la sanction des coupables sont un droit incontournable que nous devons aider à mettre en œuvre comme verrou principal de la réconciliation et du pardon».
Le gouvernement, lui, se réjouit du retour de la paix. «Notre pays a retrouvé sa quiétude sociale et sa paix habituelles», affirme Alain Yoda, ministre de la Santé qui avait piloté l’organisation de la journée nationale de pardon. Si les acteurs politiques continuent d’entretenir une certaine controverse sur les résultats du processus de réconciliation lancé par le gouvernement, on peut aisément constater que la tension socio-politique a baissé depuis deux ans dans le pays. «Même si la justice n’a pas avancé dans les affaires Norbert Zongo et Thomas Sankara, la crise est désormais derrière nous», constate un observateur de la scène politique burkinabé qui cite la fin des manifestations contre le gouvernement, l’accalmie à l’université de Ouagadougou et dans les établissement secondaires et l’entrée à l’Assemblée nationale des principaux leaders de l’opposition.
L’indemnisation des victimes ou ayants-cause des victimes avait été décidée le 30 mars 2001 lors de la Journée nationale de pardon (JNP) censée mettre fin à la grave crise politique dans laquelle le Burkina avait été plongé après la mort dans des conditions troubles du journaliste Norbert Zongo. Ce jour-là, Blaise Compaoré avait demandé «pardon» à ses compatriotes et leur avait exprimé ses «profonds regrets pour les tortures, les crimes, les injustices commis depuis 1960» dans son pays. Le président burkinabé avait, dans la foulée, pris «l'engagement ferme et solennel» de la création d'un fonds d'indemnisation en faveur de toutes les familles des victimes de la violence en politique.
Ces indemnisations concernent des cas de personnes décédées, des cas de spoliation, de vandalisme, de séquestration ou de fuite contrainte. En 2000, la Commission nationale de réconciliation mise en place par le gouvernement avait recensé plus de 100 crimes politiques depuis 1960, année de l’indépendance du pays. La plupart de ces crimes ont été perpétrés à partir de 1983 c’est-à-dire sous les régimes du capitaine Thomas Sankara et de Blaise Compaoré.
En mars 2002, le gouvernement avait mis en place un fonds doté de 6 milliards de francs CFA pour couvrir l’ensemble des indemnisations. Selon les critères fixés par le comité de gestion du fonds dirigé par le pasteur Freeman Compaoré, président de la fédération des églises évangéliques du Burkina, chaque famille ayant perdu un membre reçoit de 20 millions de francs CFA soit 30 489,80 euros. Cette somme est majorée en tenant compte du nombre des ayants-cause.
Dès sa création, le comité de gestion du fonds a reçu plus de 400 demandes d’indemnisation en tous genres. Selon le dernier rapport fait par le gouvernement, 120 dossiers ont reçu, à ce jour, un avis favorable du conseil des ministres. Cela représente une somme totale de 2,306 milliards de francs CFA liquidée au profit des victimes ou de leurs familles.
«La crise est derrière nous»
Si des centaines de familles des victimes frappent à la porte du fonds d’indemnisation, celles des plus illustres disparus comme Norbert Zongo ou l’ancien président Thomas Sankara assassiné dans le coup d’État qui porta au pouvoir Blaise Compaoré en 1987 ont très tôt rejeté le processus de réconciliation nationale telle qu’engagé par le gouvernement. «J'observe qu'il fallait rechercher la vérité, la justice, avant d'arriver à la réconciliation», avait écrit en mars 2001 la veuve Mariam Sankara dans une lettre adressée à Ram Ouédraogo, à l’époque ministre d’État chargé de la Réconciliation. Aujourd’hui encore, le Collectif contre l’impunité créé après l’assassinat du journaliste Zongo pour réclamer la lumière sur tous les crimes politiques dénonce dans une récente déclaration un «chantage ignoble» dans l’indemnisation des victimes des crimes politiques. Le collectif qui regrette qu’il soit expressément interdit «aux ayants droit de recourir à la justice sous n’importe quelle forme dès lors qu’ils s’adressent à la commission de traitement des dossiers» souligne que «le devoir de mémoire et la sanction des coupables sont un droit incontournable que nous devons aider à mettre en œuvre comme verrou principal de la réconciliation et du pardon».
Le gouvernement, lui, se réjouit du retour de la paix. «Notre pays a retrouvé sa quiétude sociale et sa paix habituelles», affirme Alain Yoda, ministre de la Santé qui avait piloté l’organisation de la journée nationale de pardon. Si les acteurs politiques continuent d’entretenir une certaine controverse sur les résultats du processus de réconciliation lancé par le gouvernement, on peut aisément constater que la tension socio-politique a baissé depuis deux ans dans le pays. «Même si la justice n’a pas avancé dans les affaires Norbert Zongo et Thomas Sankara, la crise est désormais derrière nous», constate un observateur de la scène politique burkinabé qui cite la fin des manifestations contre le gouvernement, l’accalmie à l’université de Ouagadougou et dans les établissement secondaires et l’entrée à l’Assemblée nationale des principaux leaders de l’opposition.
par Alpha Barry
Article publié le 21/04/2003