Zimbabwe
Bras-de-fer entre Mugabe et l’opposition
Gibson Sibanda, numéro trois du Mouvement pour le changement démocratique (MDC), a été arrêté lundi à Bulawayo. La garde présidentielle de Robert Mugabe a pris position autour du palais présidentiel, à Harare, pour prévenir les éventuels débordements d’une manifestation que pourrait organiser le principal parti d’opposition.
De notre correspondante en Afrique Australe
Le MDC a en effet lancé un ultimatum au régime de Robert Mugabe, lui donnant jusqu’au 31 mars pour satisfaire une liste de 18 demandes, parmi lesquelles la fin des violences politiques organisées par l’Etat et la restauration d’un Etat de droit. Réponse de Robert Mugabe: «Le MDC et ses dirigeants seront prévenus: ceux qui jouent avec le feu ne seront pas seulement brûlés, mais seront carbonisés par ce feu».
Après une grève générale de deux jours, les 18 et 19 mars, lancée par le MDC dans tout le pays et très suivie dans les grandes villes, des dizaines de sympathisants et de militants supposés du MDC ont été arrêtés. Dans la rue, dans des bars et jusque chez eux, la plupart ont été copieusement bastonnés. Plus de 265 personnes ont été incarcérées au-delà du délai légal de 48 heures de garde à vue, et 250 autres dénombrées dans les hôpitaux de la seule ville de Harare. En guise de représailles, un raid de l’armée aurait été lancé contre la ferme de Roy Bennett, un député blanc du MDC, au cours duquel l’un de ses employés a trouvé la mort.
Entre deux audiences du procès pour «haute trahison» qui se joue contre lui, Morgan Tsvangirai a appelé le 25 mars à un «dialogue constructif» avec le pouvoir. Accusé d’avoir comploté en vue d’assassiner Robert Mugabe, le chef de l’opposition semble regretter aujourd’hui d’avoir refusé des négociations avec Robert Mugabe qui lui ont pourtant été proposées à plusieurs reprises. Le leader du MDC a en effet appelé le Nigeria et l’Afrique du Sud à reprendre leurs tentatives de médiation –tentatives qui avaient été abandonnées l’an dernier, le MDC ayant refusé de retirer sa plainte en justice contre le gouvernement, pour la fraude électorale qui a marqué, en mars 2002, la réélection de Robert Mugabe.
«Dégénérescence rapide»
Amnesty International a tiré la sonnette d’alarme. L’organisation de défense des droits de l’homme juge désormais la situation «explosive». Alors que Thabo Mbeki, le chef de l’Etat sud-africain, s’est opposé à la nouvelle suspension du Zimbabwe du Commonwealth, pour neuf mois, Robert Mugabe, lui, continue de n’en faire qu’à sa tête. La nouvelle flambée de violences politiques a certes incité Thabo Mbeki à changer de ton, mais pas de propos. Lors d’une visite rendue le 20 mars à Festus Mogae, le président du Botswana et l’une des voix les plus critiques en Afrique à l’égard de Robert Mugabe, Thabo Mbeki a affirmé que «la réforme agraire n’avait pas été bien menée». Il n’a pas pour autant contesté le bien-fondé de la redistribution des terres, estimant qu’il fallait «établir ce qu’il reste à faire, afin de revenir à une situation normale aussitôt que possible dans ce pays».
L’absence de résultats tangibles de la diplomatie «silencieuse» adoptée par Pretoria paraît de moins en moins tenable auprès de l’opinion sud-africaine. Jeudi dernier, le frère cadet du chef de l’Etat, Moeletsi Mbeki, directeur adjoint de l’Institut sud-africain pour les affaires internationales (Saiia), a ouvertement critiqué cette position: «Notre gouvernement a trop cédé à la propagande de Harare selon laquelle le MDC est un parti créé par une poignée de Blancs et soutenu par des intérêts financiers étrangers», a-t-il commenté sur les ondes de la radio nationale. Mangosuthu Buthelezi, le ministre sud-africain de l’Intérieur, a pour sa part évoqué la «dégénérescence rapide» de la situation politique et redouté un afflux de réfugiés.
L’opposition n’est pas la seule à lancer des ultimatum à Robert Mugabe. Principal fournisseur du pays en énergie, Eskom, la société nationale d’électricité en Afrique du Sud, a donné jusqu’au 21 mars à la Zimbabwe Electricity Supply Authority (Zesa) pour payer quelque 6,4 millions de dollars d’arriérés. Faute de devises, la Zesa ne peut régler une note de plus de 147 millions de dollars. Eskom n’a pas été payé et les interruptions de courant se multiplient. Sur tous les fronts, la situation paraît si grave que Njongonkulu Ndungane, l’archevêque Anglican du Cap, qui s’est rendu à plusieurs reprises au Zimbabwe ces derniers mois en tant que «médiateur indépendant», a affirmé que «négocier une solution reviendrait à essayer de retourner le Titanic tout en essayant d’éviter l’iceberg».
Le MDC a en effet lancé un ultimatum au régime de Robert Mugabe, lui donnant jusqu’au 31 mars pour satisfaire une liste de 18 demandes, parmi lesquelles la fin des violences politiques organisées par l’Etat et la restauration d’un Etat de droit. Réponse de Robert Mugabe: «Le MDC et ses dirigeants seront prévenus: ceux qui jouent avec le feu ne seront pas seulement brûlés, mais seront carbonisés par ce feu».
Après une grève générale de deux jours, les 18 et 19 mars, lancée par le MDC dans tout le pays et très suivie dans les grandes villes, des dizaines de sympathisants et de militants supposés du MDC ont été arrêtés. Dans la rue, dans des bars et jusque chez eux, la plupart ont été copieusement bastonnés. Plus de 265 personnes ont été incarcérées au-delà du délai légal de 48 heures de garde à vue, et 250 autres dénombrées dans les hôpitaux de la seule ville de Harare. En guise de représailles, un raid de l’armée aurait été lancé contre la ferme de Roy Bennett, un député blanc du MDC, au cours duquel l’un de ses employés a trouvé la mort.
Entre deux audiences du procès pour «haute trahison» qui se joue contre lui, Morgan Tsvangirai a appelé le 25 mars à un «dialogue constructif» avec le pouvoir. Accusé d’avoir comploté en vue d’assassiner Robert Mugabe, le chef de l’opposition semble regretter aujourd’hui d’avoir refusé des négociations avec Robert Mugabe qui lui ont pourtant été proposées à plusieurs reprises. Le leader du MDC a en effet appelé le Nigeria et l’Afrique du Sud à reprendre leurs tentatives de médiation –tentatives qui avaient été abandonnées l’an dernier, le MDC ayant refusé de retirer sa plainte en justice contre le gouvernement, pour la fraude électorale qui a marqué, en mars 2002, la réélection de Robert Mugabe.
«Dégénérescence rapide»
Amnesty International a tiré la sonnette d’alarme. L’organisation de défense des droits de l’homme juge désormais la situation «explosive». Alors que Thabo Mbeki, le chef de l’Etat sud-africain, s’est opposé à la nouvelle suspension du Zimbabwe du Commonwealth, pour neuf mois, Robert Mugabe, lui, continue de n’en faire qu’à sa tête. La nouvelle flambée de violences politiques a certes incité Thabo Mbeki à changer de ton, mais pas de propos. Lors d’une visite rendue le 20 mars à Festus Mogae, le président du Botswana et l’une des voix les plus critiques en Afrique à l’égard de Robert Mugabe, Thabo Mbeki a affirmé que «la réforme agraire n’avait pas été bien menée». Il n’a pas pour autant contesté le bien-fondé de la redistribution des terres, estimant qu’il fallait «établir ce qu’il reste à faire, afin de revenir à une situation normale aussitôt que possible dans ce pays».
L’absence de résultats tangibles de la diplomatie «silencieuse» adoptée par Pretoria paraît de moins en moins tenable auprès de l’opinion sud-africaine. Jeudi dernier, le frère cadet du chef de l’Etat, Moeletsi Mbeki, directeur adjoint de l’Institut sud-africain pour les affaires internationales (Saiia), a ouvertement critiqué cette position: «Notre gouvernement a trop cédé à la propagande de Harare selon laquelle le MDC est un parti créé par une poignée de Blancs et soutenu par des intérêts financiers étrangers», a-t-il commenté sur les ondes de la radio nationale. Mangosuthu Buthelezi, le ministre sud-africain de l’Intérieur, a pour sa part évoqué la «dégénérescence rapide» de la situation politique et redouté un afflux de réfugiés.
L’opposition n’est pas la seule à lancer des ultimatum à Robert Mugabe. Principal fournisseur du pays en énergie, Eskom, la société nationale d’électricité en Afrique du Sud, a donné jusqu’au 21 mars à la Zimbabwe Electricity Supply Authority (Zesa) pour payer quelque 6,4 millions de dollars d’arriérés. Faute de devises, la Zesa ne peut régler une note de plus de 147 millions de dollars. Eskom n’a pas été payé et les interruptions de courant se multiplient. Sur tous les fronts, la situation paraît si grave que Njongonkulu Ndungane, l’archevêque Anglican du Cap, qui s’est rendu à plusieurs reprises au Zimbabwe ces derniers mois en tant que «médiateur indépendant», a affirmé que «négocier une solution reviendrait à essayer de retourner le Titanic tout en essayant d’éviter l’iceberg».
par Sabine Cessou
Article publié le 01/04/2003