Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Congo démocratique

Catastrophe de l’Iliouchine : «Comme le Joola»

Selon les autorités congolaises, entre 23 et 50 personnes sont rescapées de la catastrophe aérienne du 8 mai, au cours de laquelle un appareil de transport militaire immatriculé en Ukraine, suite à une avarie de la porte ventrale, a perdu en vol l’essentiel de ses passagers.
Une source militaire congolaise citée par l'AFP estime que «c'est le même phénomène que le bateau Joola au Sénégal : nous ne saurons jamais combien ils étaient exactement». Depuis la date de la catastrophe, le 8 mai, on n'en sait en effet guère plus sur le bilan des victimes de l’avarie de l'Iliouchine 76. L’Iliouchine 76 est un appareil de transport militaire qui, selon les versions, est équipé pour transporter des hommes ou du matériel. Les premiers témoignages semblent indiquer que celui-ci ne disposait pas de sièges dans sa partie centrale, mais seulement de chaque côté, le long de la carlingue. Ainsi les passagers ont-ils pris place là où ils le pouvaient, parfois à même le plancher.

A mi-parcours entre Kinshasa et Lubumbashi la porte ventrale de l’appareil s'est donc ouverte et l'avion a été durement secoué au point que nombre d'entre eux sont tombés par l’ouverture béante (d’environ 5 m²), plutôt qu'ils n'ont été aspirés par le phénomène de dépressurisation. L'appareil croisait à 7 000 pieds (environ 2 200 mètres). Soit une altitude insuffisante pour créer un vide massif de nature à provoquer l'éjection de 160 passagers. Voire 200, ou plus, selon une source aéroportuaire interrogée à Kinshasa par l'AFP et selon laquelle «l’évaluation de 160 disparus (avancée vendredi de source militaire) est certainement inférieure à la réalité. On a logé dans ce type d’avion jusqu’à 300 personnes».

L’enquête sera difficile

De même source, on indique que les mécaniciens en charge de l’appareil avaient identifié un problème sur cette fameuse porte et avaient passé près d’une heure à la réparer. Après plusieurs tentatives l’équipage avait tout de même décidé de partir embarquant, outre le personnel militaire (une centaine de policiers), un véhicule, des munitions et des uniformes. Les rescapés doivent leur salut aux filets de protection et aux sangles d’arrimage du matériel auxquels ils se sont accrochés. Mais de toute évidence, cette appareil transportait également des hommes, des femmes et des enfants qui n’auraient jamais dû être embarqués.

C’est cette dimension de l’affaire, avec l’embarquement de passagers clandestins, comme c’est l’usage dans un pays immense dont les moyens de communication sont rares, qui risque de retarder la publication d’un bilan exhaustif. L’enquête sera difficile car, en répondant aux questions sur la nature de l’accident, sur la qualité des victimes et les conditions de leur embarquement, elle pourrait révéler que des erreurs, ou des fautes, ont été commises. D’où l’embarras des autorités qui se réfugient derrière l’argument militaire pour ne rien dire. Quant au ministère ukrainien de la Défense, propriétaire de l’appareil et employeur des pilotes, il affirmait vendredi encore que tous les passagers avaient survécu.



par Georges  Abou

Article publié le 12/05/2003