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Epidémie

Du sérum sanguin pour soigner les malades du SRAS

Des chercheurs de Hong Kong ont annoncé qu’un certain nombre de malades contaminés par le virus du SRAS avaient bien réagi à des traitements élaborés à partir du sérum sanguin de patients eux-mêmes guéris. Il s’agit des premiers résultats d’une équipe de scientifiques concernant cette hypothèse de travail qui fait partie des principales pistes envisagées par les chercheurs pour mettre au point rapidement un traitement. Il ne faut malgré tout pas crier victoire car ces tests ont été effectués sur quelques malades seulement et doivent faire l’objet d’essais complémentaires.
Aucun traitement spécifique n’a pour le moment été mis au point pour soigner les malades atteints par le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Les médecins utilisent des médicaments existant et notamment un cocktail à base de Ribavirin (antiviral utilisé aussi dans le traitement du sida ou de l’hépatite) et de stéroïdes. Mais leur efficacité n’est pas du tout assurée. Face à un virus nouveau et mutant, le travail des chercheurs pour mettre au point une molécule adaptée est difficile et long. L’espoir de trouver un vaccin à brève échéance étant quant à lui extrêmement mince, les scientifiques ont sélectionné un certain nombre de pistes de travail susceptibles d’avancer plus vite. Celle de l’utilisation du sérum provenant du sang des malades déjà guéris qui contient des anticorps contre le virus du SRAS, en fait partie.

Elle a donc été suivie notamment par une équipe de Hong Kong qui vient d’annoncer qu’elle a obtenu des résultats encourageants. Les médecins ont mené des tests sur environ soixante-dix patients soignés à l’aide du sérum sanguin de malades sortis d’affaire. Près des deux tiers d’entre eux ont pu quitter l’hôpital après trois semaines de traitement. Une vingtaine de ces malades ont même pu être soignés alors que le protocole thérapeutique classique, utilisé auparavant, avait échoué sur eux. Malgré tout, l’utilisation du sérum sanguin semble être plus efficace lorsqu’elle intervient rapidement dans le processus d’évolution de la maladie, que lorsqu’elle fait office de traitement de la dernière chance.

Attention aux effets secondaires

Ces tests ne permettent néanmoins pas d’affirmer que ce traitement a fait la preuve de son efficacité car ils ont été effectués sur un nombre de malades trop limité. Des essais complémentaires doivent être menés pour établir s’il est véritablement adapté à la pneumonie atypique et faire la preuve de son innocuité. Car l’utilisation du sérum sanguin pour soigner les malades du SRAS n’est pas forcément sans danger. Il peut, en effet, contenir d’autres virus comme celui de l’hépatite et contaminer les receveurs. L’apparition d’effets secondaires est l’un des principaux dangers de l’utilisation d’un traitement. Des doutes sont d’ailleurs apparus concernant la Ribavirin, un médicament très puissant, qui peut provoquer de graves déficiences du foie ou de cœur. Il est ainsi possible que l’augmentation du taux de mortalité notée à Hong Kong ces dernières semaines soit en partie liée à l’utilisation de ce médicament.

Une étude conduite durant les neuf premières semaines de propagation du virus, par un expert britannique spécialisé dans les prévisions et analyses en matière d’épidémies, Roy Anderson, a d’autre part montré qu’à Hong Kong le taux de mortalité du SRAS se situait en moyenne autour de 10 % et non de 5 %, et pouvait atteindre plus de 50 % chez les personnes âgées de plus de 60 ans. Par contre, il semble que les enfants développent une forme moins grave de la maladie et souffrent le plus souvent de symptômes bénins.

Des laboratoires de Hong Kong mais aussi du Japon, d’Allemagne et de Chine ont quant à eux établi que le virus peut aussi se transmettre par le simple fait de toucher un objet contaminé (porte, bouton d’ascenseur…) et pas uniquement par le contact direct et rapproché avec un malade. Le virus peut survivre plusieurs heures hors de l’organisme humain (48 heures sur une surface plastique à température ambiante) et jusqu’à quatre jours dans les selles sous forme de diarrhées. Ces études confirment des hypothèses déjà émises sur les modes de contamination et montrent la nécessité d’avoir une grande hygiène corporelle, particulièrement des mains, pour se protéger.



par Valérie  Gas

Article publié le 07/05/2003