Algérie
Le mystère des disparus du Sahara plane toujours
Près de trois mois après les premières disparitions de touristes étrangers dans le Sahara algérien, la thèse de l’enlèvement n’est toujours pas confirmée par les autorités locales. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Joschka Fischer, est arrivé lundi à Alger pour tenter d’en savoir plus sur le sort des trente-deux Européens portés disparus parmi lesquels figurent seize citoyens allemands.
«Dans l’attente d’une élucidation de ces disparitions, tout déplacement dans cette région est fortement déconseillé». Cette mise en garde est adressée par le ministère français des Affaires étrangères qui appelle à la prudence tant que le mystère des disparus du Sahara perdurera. Les premiers touristes à avoir disparu dans cette région n’ont pas donné de nouvelles depuis pratiquement trois mois. D’autres groupes se sont ensuite volatilisés et trente-deux personnes au total sont actuellement recherchées: seize Allemands, dix Autrichiens, quatre Suisses, un Néerlandais et un Suédois. Ils appartenaient à sept groupes de voyageurs qui sont entrés en Algérie avec leurs propres véhicules par la Tunisie, en passant par le poste-frontière de Taleb Larbie.
Composé de trois à six personnes, les groupes n’avaient, à priori, aucun lien entre eux. Ils réunissaient des hommes et des femmes âgés de 19 à 68 ans désireux de parcourir le Sahara algérien, un territoire quatre fois grand comme la France, en moto ou bien en voitures tout-terrains. Ils ont disparu dans un triangle formé par les villes d’Ouargla, de Djanet et de Tamanrasset, situées entre 800 et 1 900 kilomètres au sud d’Alger. Une région dans laquelle les activités touristiques ont repris depuis quelques mois à peine, la violence liée à la lutte armée islamiste ayant éloigné les visiteurs étrangers pendant de longues années. Les recherches menées dans cette zone par plusieurs milliers de soldats algériens n’ont pour l’instant rien donné.
Face à toutes les interrogations que soulèvent ces 32 disparitions, les réponses sont, pour l’instant, peu nombreuses. Les autorités algériennes semblent privilégier la thèse d’enlèvements commis par une organisation islamiste armée, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Faction dissidente du Groupe islamique armé (GIA), ce groupe est accusé par Alger d’entretenir des liens avec l’organisation terroriste Al Qaïda. Et il ne fait pas de doute pour les services de sécurité algériens que l’un des chefs du GSPC, Mokhtar Belmokhtar, est l’auteur de cette vague d’enlèvements. Une thèse qui laisse sceptique de nombreux experts. D’une part parce qu'une partie de cette région riche en hydrocarbures avait jusque-là été pratiquement épargnée par les violences en raison de la forte présence militaire. Et d’autre part parce que la filiation de Mokhtar Belmokhtar avec les mouvements intégristes ne semble pas clairement établie. En revanche, son nom figure aux côtés de ceux des trafiquants qui animent dans cette région un commerce florissant de contrebande en tout genre, négociant notamment des armes, de la drogue ou bien des cigarettes.
Alger refuse toute «ingérence allemande»
La publication suisse L’Hebdo avait révélé la semaine dernière que les autorités algériennes auraient reçu trois demandes de rançons et que les ravisseurs exigeraient entre 20 et 30 millions d’euros. La revue précisait également qu’elles connaissaient les lieux dans lesquels étaient retenus les Européens mais qu’elles n’en donnaient pas l’assaut en raison de la réticence du gouvernement allemand qui craint pour la vie des otages. Une version reprise par l’hebdomadaire allemand Focus dans son édition de ce lundi qui ajoute que les ravisseurs demanderaient à négocier directement avec Berlin. Une exigence qu’Alger aurait catégoriquement repoussée en refusant «toute ingérence allemande» dans les efforts déployés pour obtenir la libération des touristes européens. Ces spéculations ont été clairement démenties par le gouvernement algérien qui n’a pas officiellement accrédité la thèse de l’enlèvement et qui a nié, par l’entremise du ministre algérien de l’Intérieur Yazid Zerhouni, toute négociation avec d’éventuels ravisseurs. Une seule chose ne fait aucun doute pour Zerhouni: les touristes sont encore vivants.
Arrivé lundi à Alger, le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer ne manquera pas de l’interroger au sujet des informations qui lui permettent de se montrer aussi affirmatif. Avant son voyage, le chef de la diplomatie allemande avait indiqué dans un communiqué que la question des touristes disparus serait au cœur des discussions qu’il aurait avec son homologue Abdelazi Belkhadem et le président algérien Abdelaziz Bouteflika. Il devrait ainsi réussir à connaître avec précision les moyens mis en œuvre par Alger pour retrouver les touristes disparus. Et il devrait également renouveler l’offre du chancelier allemand Gerhard Schroeder d’envoyer sur place une équipe d’experts pour les retrouver. Le manque de résultats des policiers et militaires algériens, qui recherchent également les touristes dans les pays frontaliers, provoque l’énervement des pays européens comptant des ressortissants disparus. La Suisse avait ainsi déjà dépêché la semaine dernière un diplomate chargé de faire le point sur place. Et le rythme des visites de délégations étrangères à Alger pourrait bien s’intensifier dans les jours à venir.
Composé de trois à six personnes, les groupes n’avaient, à priori, aucun lien entre eux. Ils réunissaient des hommes et des femmes âgés de 19 à 68 ans désireux de parcourir le Sahara algérien, un territoire quatre fois grand comme la France, en moto ou bien en voitures tout-terrains. Ils ont disparu dans un triangle formé par les villes d’Ouargla, de Djanet et de Tamanrasset, situées entre 800 et 1 900 kilomètres au sud d’Alger. Une région dans laquelle les activités touristiques ont repris depuis quelques mois à peine, la violence liée à la lutte armée islamiste ayant éloigné les visiteurs étrangers pendant de longues années. Les recherches menées dans cette zone par plusieurs milliers de soldats algériens n’ont pour l’instant rien donné.
Face à toutes les interrogations que soulèvent ces 32 disparitions, les réponses sont, pour l’instant, peu nombreuses. Les autorités algériennes semblent privilégier la thèse d’enlèvements commis par une organisation islamiste armée, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Faction dissidente du Groupe islamique armé (GIA), ce groupe est accusé par Alger d’entretenir des liens avec l’organisation terroriste Al Qaïda. Et il ne fait pas de doute pour les services de sécurité algériens que l’un des chefs du GSPC, Mokhtar Belmokhtar, est l’auteur de cette vague d’enlèvements. Une thèse qui laisse sceptique de nombreux experts. D’une part parce qu'une partie de cette région riche en hydrocarbures avait jusque-là été pratiquement épargnée par les violences en raison de la forte présence militaire. Et d’autre part parce que la filiation de Mokhtar Belmokhtar avec les mouvements intégristes ne semble pas clairement établie. En revanche, son nom figure aux côtés de ceux des trafiquants qui animent dans cette région un commerce florissant de contrebande en tout genre, négociant notamment des armes, de la drogue ou bien des cigarettes.
Alger refuse toute «ingérence allemande»
La publication suisse L’Hebdo avait révélé la semaine dernière que les autorités algériennes auraient reçu trois demandes de rançons et que les ravisseurs exigeraient entre 20 et 30 millions d’euros. La revue précisait également qu’elles connaissaient les lieux dans lesquels étaient retenus les Européens mais qu’elles n’en donnaient pas l’assaut en raison de la réticence du gouvernement allemand qui craint pour la vie des otages. Une version reprise par l’hebdomadaire allemand Focus dans son édition de ce lundi qui ajoute que les ravisseurs demanderaient à négocier directement avec Berlin. Une exigence qu’Alger aurait catégoriquement repoussée en refusant «toute ingérence allemande» dans les efforts déployés pour obtenir la libération des touristes européens. Ces spéculations ont été clairement démenties par le gouvernement algérien qui n’a pas officiellement accrédité la thèse de l’enlèvement et qui a nié, par l’entremise du ministre algérien de l’Intérieur Yazid Zerhouni, toute négociation avec d’éventuels ravisseurs. Une seule chose ne fait aucun doute pour Zerhouni: les touristes sont encore vivants.
Arrivé lundi à Alger, le ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer ne manquera pas de l’interroger au sujet des informations qui lui permettent de se montrer aussi affirmatif. Avant son voyage, le chef de la diplomatie allemande avait indiqué dans un communiqué que la question des touristes disparus serait au cœur des discussions qu’il aurait avec son homologue Abdelazi Belkhadem et le président algérien Abdelaziz Bouteflika. Il devrait ainsi réussir à connaître avec précision les moyens mis en œuvre par Alger pour retrouver les touristes disparus. Et il devrait également renouveler l’offre du chancelier allemand Gerhard Schroeder d’envoyer sur place une équipe d’experts pour les retrouver. Le manque de résultats des policiers et militaires algériens, qui recherchent également les touristes dans les pays frontaliers, provoque l’énervement des pays européens comptant des ressortissants disparus. La Suisse avait ainsi déjà dépêché la semaine dernière un diplomate chargé de faire le point sur place. Et le rythme des visites de délégations étrangères à Alger pourrait bien s’intensifier dans les jours à venir.
par Olivier Bras
Article publié le 12/05/2003