Développement
Jouer le jeu de la mondialisation
La conférence internationale sur le commerce et l’investissement en Afrique, organisée par l’OCDE à Dakar du 23 au 26 avril a aussi permis de faire l’inventaire des capacités africaines et des dispositions du continent à participer pleinement à la mondialisation.
De notre envoyé spécial à Dakar
Plusieurs centaines d’experts (économistes, chercheurs, diplomates, ONG), des représentants secteurs public et privé, venus des quatre coins du monde ont profité du cadre offert par l’OCDE pour échanger et communiquer sur les expériences, la réussite ou l’échec de certains pays dans l’économie mondiale. De nombreux ateliers de travail ont permis à des groupes restreints d’aborder les difficultés secteur par secteur pour que chaque pays africain puisse tirer parti de l’organisation du marché qui se tisse autour de lui. Les réflexions ont aussi été construites à partir des organes d’intégration économique et régionale. En effet, il est apparu, à la remise des travaux des différents groupes que la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (CEMAC), ou la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) devraient rester des organes de régulation des diverses activités commerciales et économiques des régions.
De nombreux États appliquent les accords de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), mais la mise en œuvre d’un Document douanier unique (DDU) et l’interconnexion des réseaux informatiques douaniers dans la zone CEDEAO, en cours d’élaboration, constitue une valeur d’accueil qui fluidifie les échanges au même titre que le Transit routier inter-États (TRIE) pour l’acheminement des marchandises, progressivement mis en place. Pour les entrepreneurs la juxtaposition des bureaux de douanes aux frontières pour des opérations «conjointement exécutées» seraient aussi un gage de sérieux et de simplification des procédures administratives. Ils ont réclamé, de la part des différents États, la levée des postes de douane et de gendarmerie à l’intérieur des pays, qui sont positionnés tout le long des grands axes inter-États. Les fonctionnaires, souvent corrompus qui réclament des dessous de table selon l’importance des convois et des marchandises «détruisent le commerce et font augmenter de manière incohérente le coût de revient de nos produits», déplorent les commerçants.
Utiliser la contrainte extérieure comme tremplin
A l’intérieur des différents espaces régionaux d’intégration économique il existe de nombreux accords dont ne profitent pas assez les opérateurs économiques. Le manque d’information en est le principal responsable, mais il faut aussi reconnaître que seules «les institutionnelles» reçoivent l’information et que le secteur dit informel se trouve d’autant marginalisé. Or il occupe une part équivalant à 75% dans le commerce national des pays africains. Selon les économistes il faudrait désormais considérer ce commerce au quotidien, qui échappe aux normes conventionnelles, comme partie intégrante de l’économie nationale. Cette démarche devrait offrir de nouvelles perspectives, parce qu’elle permet à ces activités de grandir et de tomber forcément dans l’escarcelle de l’économie contrôlée.
Par ailleurs, la quasi totalité des participants à la conférence de Dakar ont évoqué le manque de mesures d’accompagnement et de promotion du secteur privé. Cette faiblesse se ressent aussi sur les exportations, qui elles, ne sont favorisées que par des accords de partenariat, Union européenne/Afrique, Caraïbes, Pacifique (UE/ACP) ou par certaines opportunités d’affaires conclues avec les États-Unis à travers l’African growth and opportunity act (AGOA) qui permettent l’accès direct au marché américain.
L’exportation directe du textile rentre dans le cadre de ces accords. L’île Maurice, le Sénégal et de nombreux pays est-africains profitent déjà des possibilités offertes par ces accords. Le Canada a aussi proposé l’accès à son marché en franchise des droits de douane des produits des pays les moins avancés, à l’exception des produits laitiers, de la volaille et des œufs. Mais une difficulté apparaît comme un frein aux exportations malgré les accords d’accès directs aux marchés nord-américain et européen. : celle de la qualité et des normes. Pour Karim Dahou de l’ONG ENDA-Tiers-monde, «l’utilisation de la contrainte extérieure devrait servir de tremplin à l’industrie des pays africains».
Un exemple en la matière dans la zone Afrique, est celui de l’Île Maurice. Sans grandes ressources naturelles, elle a développé une industrie de transformation et de service, aujourd’hui mondialement réputée. Selon des économistes, l’Île Maurice «fait le jeu de l’OMC et tire profit de la mondialisation». Cela sous-tend que dans la plupart des pays africains tous les ingrédients ne sont par réunis pour saisir les opportunités.
La Compagnie mauricienne de textile en fait l’expérience au Sénégal. Cette entreprise cherche à délocaliser ses activités au Sénégal pour plusieurs unités de filature et confection. Mais les industriels mauriciens ont jugé le code du travail sénégalais «trop rigide». Ils souhaiteraient négocier une flexibilité de l’emploi en fonction du carnet de commande de l’entreprise. L’opposition des syndicats a été ferme, mais l’État sénégalais souhaitant saisir cette opportunité de création de plusieurs milliers d’emplois a confié le dossier à l’Agence nationale chargée de la promotion de l’investissement et des grands travaux (APIX). Hamat Sall, le directeur général adjoint de l’APIX, assure que son organe mène des discussions avec tous les partenaires, ministère sénégalais de l’emploi, les syndicats et les entrepreneurs mauriciens pour qu’une issue heureuse de ce dossier avant la fin de l’année en cours.
Plusieurs centaines d’experts (économistes, chercheurs, diplomates, ONG), des représentants secteurs public et privé, venus des quatre coins du monde ont profité du cadre offert par l’OCDE pour échanger et communiquer sur les expériences, la réussite ou l’échec de certains pays dans l’économie mondiale. De nombreux ateliers de travail ont permis à des groupes restreints d’aborder les difficultés secteur par secteur pour que chaque pays africain puisse tirer parti de l’organisation du marché qui se tisse autour de lui. Les réflexions ont aussi été construites à partir des organes d’intégration économique et régionale. En effet, il est apparu, à la remise des travaux des différents groupes que la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (CEMAC), ou la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) devraient rester des organes de régulation des diverses activités commerciales et économiques des régions.
De nombreux États appliquent les accords de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), mais la mise en œuvre d’un Document douanier unique (DDU) et l’interconnexion des réseaux informatiques douaniers dans la zone CEDEAO, en cours d’élaboration, constitue une valeur d’accueil qui fluidifie les échanges au même titre que le Transit routier inter-États (TRIE) pour l’acheminement des marchandises, progressivement mis en place. Pour les entrepreneurs la juxtaposition des bureaux de douanes aux frontières pour des opérations «conjointement exécutées» seraient aussi un gage de sérieux et de simplification des procédures administratives. Ils ont réclamé, de la part des différents États, la levée des postes de douane et de gendarmerie à l’intérieur des pays, qui sont positionnés tout le long des grands axes inter-États. Les fonctionnaires, souvent corrompus qui réclament des dessous de table selon l’importance des convois et des marchandises «détruisent le commerce et font augmenter de manière incohérente le coût de revient de nos produits», déplorent les commerçants.
Utiliser la contrainte extérieure comme tremplin
A l’intérieur des différents espaces régionaux d’intégration économique il existe de nombreux accords dont ne profitent pas assez les opérateurs économiques. Le manque d’information en est le principal responsable, mais il faut aussi reconnaître que seules «les institutionnelles» reçoivent l’information et que le secteur dit informel se trouve d’autant marginalisé. Or il occupe une part équivalant à 75% dans le commerce national des pays africains. Selon les économistes il faudrait désormais considérer ce commerce au quotidien, qui échappe aux normes conventionnelles, comme partie intégrante de l’économie nationale. Cette démarche devrait offrir de nouvelles perspectives, parce qu’elle permet à ces activités de grandir et de tomber forcément dans l’escarcelle de l’économie contrôlée.
Par ailleurs, la quasi totalité des participants à la conférence de Dakar ont évoqué le manque de mesures d’accompagnement et de promotion du secteur privé. Cette faiblesse se ressent aussi sur les exportations, qui elles, ne sont favorisées que par des accords de partenariat, Union européenne/Afrique, Caraïbes, Pacifique (UE/ACP) ou par certaines opportunités d’affaires conclues avec les États-Unis à travers l’African growth and opportunity act (AGOA) qui permettent l’accès direct au marché américain.
L’exportation directe du textile rentre dans le cadre de ces accords. L’île Maurice, le Sénégal et de nombreux pays est-africains profitent déjà des possibilités offertes par ces accords. Le Canada a aussi proposé l’accès à son marché en franchise des droits de douane des produits des pays les moins avancés, à l’exception des produits laitiers, de la volaille et des œufs. Mais une difficulté apparaît comme un frein aux exportations malgré les accords d’accès directs aux marchés nord-américain et européen. : celle de la qualité et des normes. Pour Karim Dahou de l’ONG ENDA-Tiers-monde, «l’utilisation de la contrainte extérieure devrait servir de tremplin à l’industrie des pays africains».
Un exemple en la matière dans la zone Afrique, est celui de l’Île Maurice. Sans grandes ressources naturelles, elle a développé une industrie de transformation et de service, aujourd’hui mondialement réputée. Selon des économistes, l’Île Maurice «fait le jeu de l’OMC et tire profit de la mondialisation». Cela sous-tend que dans la plupart des pays africains tous les ingrédients ne sont par réunis pour saisir les opportunités.
La Compagnie mauricienne de textile en fait l’expérience au Sénégal. Cette entreprise cherche à délocaliser ses activités au Sénégal pour plusieurs unités de filature et confection. Mais les industriels mauriciens ont jugé le code du travail sénégalais «trop rigide». Ils souhaiteraient négocier une flexibilité de l’emploi en fonction du carnet de commande de l’entreprise. L’opposition des syndicats a été ferme, mais l’État sénégalais souhaitant saisir cette opportunité de création de plusieurs milliers d’emplois a confié le dossier à l’Agence nationale chargée de la promotion de l’investissement et des grands travaux (APIX). Hamat Sall, le directeur général adjoint de l’APIX, assure que son organe mène des discussions avec tous les partenaires, ministère sénégalais de l’emploi, les syndicats et les entrepreneurs mauriciens pour qu’une issue heureuse de ce dossier avant la fin de l’année en cours.
par Didier Samson
Article publié le 03/05/2003