Proche-Orient
Abbas-Sharon : rencontre sur fond d’attentats
Quelques heures après que les Premiers ministres israélien et palestinien aient pu constater de visu l’étendue de leur désaccord, un double attentat suicide a de nouveau ensanglanté Jérusalem.
De notre correspondant dans les Territoires palestiniens
C’est un rituel macabre désormais bien établi. Depuis que l’Autorité palestinienne s’efforce de transposer l’Intifada sur le terrain diplomatique, chacun de ses pas en avant est accueilli par un attentat suicide. Samedi soir, quelques heures après la fin de la rencontre entre Mahmoud Abbas, le Premier ministre palestinien et son homologue Ariel Sharon, une double attaque à Jérusalem a fait 7 morts et 20 blessés, dont quatre grièvement, en plus des deux kamikazes. Toutes les victimes se trouvaient dans un autobus de la ligne 6, dont la partie avant a explosé vers 6h du matin, aux abords de French Hill, une colonie de Jérusalem-est. Selon la police israélienne, le terroriste était déguisé en juif religieux, une kippa et un châle de prière ayant été retrouvé sur son cadavre. Une demi-heure plus tard, près du quartier arabe d’A Ram, un second kamikaze s’est fait exploser à l’approche d’un barrage routier dressé par la police sans faire toutefois de victimes.
Ces opérations quasi simultanées avaient été précédées, dans l’après-midi, par un premier attentat à Hébron. Un militant du Hamas, lui aussi déguisé en fidèle juif, s’était fait exploser près d’une colonie tuant un couple d’Israéliens, dont une femme enceinte. Enfin, signe ultime du caractère concertée de ces attaques, deux Palestiniens armés qui tentaient de s’infiltrer dans la soirée dans une autre colonie, en bordure d’Israël, ont été tués après une bataille de quarante minutes avec des soldats.
Sharon arc-bouté sur la sécurité
Cette offensive des factions radicales palestiniennes a achevé de réduire à néant les faibles espoirs soulevés par la reprise des contacts entre les deux camps, après plus de deux ans et demi de gel des négociations. Certes la rencontre des deux Premiers ministres était vouée à l’échec. Avant même leur poignée de main, ils avaient fait état de divergences inconciliables et de fait, ils se sont séparés sur un constat de désaccord complet. Fidèle à son refus de négocier «sous le feu», Sharon s’est arc-bouté sur la sécurité, exigeant, comme préalable à toute contrepartie israélienne, que les Palestiniens s’attaquent de front aux groupes armés. De son côté, Abbas, alias Abou Mazen, a refusé de prendre la moindre mesure contre le Hamas et le Djihad Islamique tant que le gouvernement israélien n’acceptait pas officiellement la Feuille de route, le plan de paix international qui prévoit un Etat palestinien à l’horizon 2005.
Pour Abbas cependant, cette rencontre, aussi vaine fut-elle, avait un intérêt: transférer la pression internationale sur les épaules de Sharon, en démontrant son refus obstiné d’entamer des négociations. Le Premier ministre palestinien espérait ce faisant desserrer l’étau dans lequel il se démène depuis son entrée en fonction. Ce calcul reposait sur l’hypothèse d’une accalmie terroriste. Peine perdue. Après l’attentat de Tel Aviv le 30 avril, qui avait coïncidé avec la remise de la Feuille de route, la vague d’attaques de cette nuit renforce le leitmotiv sécuritaire de Sharon au détriment de la logique diplomatique. Elle donne encore davantage de poids à ses demandes répétées auprès de la Maison Blanche d’un remodelage de la Feuille de route, dans un sens plus contraignant pour les Palestiniens. Le Premier ministre israélien qui devait s’envoler ce matin pour Washington a repoussé son voyage pour présider une réunion de son cabinet de sécurité à midi. On ne sait pas encore si sa rencontre avec Georges Bush mardi est annulée ou si son départ est juste retardé. Ce qui est sûr en revanche, c’est que deux semaines seulement après sa publication, la Feuille de route est déjà en sursis. Et que son échec programmé fait autant l’affaire des radicaux palestiniens que du gouvernement israélien.
C’est un rituel macabre désormais bien établi. Depuis que l’Autorité palestinienne s’efforce de transposer l’Intifada sur le terrain diplomatique, chacun de ses pas en avant est accueilli par un attentat suicide. Samedi soir, quelques heures après la fin de la rencontre entre Mahmoud Abbas, le Premier ministre palestinien et son homologue Ariel Sharon, une double attaque à Jérusalem a fait 7 morts et 20 blessés, dont quatre grièvement, en plus des deux kamikazes. Toutes les victimes se trouvaient dans un autobus de la ligne 6, dont la partie avant a explosé vers 6h du matin, aux abords de French Hill, une colonie de Jérusalem-est. Selon la police israélienne, le terroriste était déguisé en juif religieux, une kippa et un châle de prière ayant été retrouvé sur son cadavre. Une demi-heure plus tard, près du quartier arabe d’A Ram, un second kamikaze s’est fait exploser à l’approche d’un barrage routier dressé par la police sans faire toutefois de victimes.
Ces opérations quasi simultanées avaient été précédées, dans l’après-midi, par un premier attentat à Hébron. Un militant du Hamas, lui aussi déguisé en fidèle juif, s’était fait exploser près d’une colonie tuant un couple d’Israéliens, dont une femme enceinte. Enfin, signe ultime du caractère concertée de ces attaques, deux Palestiniens armés qui tentaient de s’infiltrer dans la soirée dans une autre colonie, en bordure d’Israël, ont été tués après une bataille de quarante minutes avec des soldats.
Sharon arc-bouté sur la sécurité
Cette offensive des factions radicales palestiniennes a achevé de réduire à néant les faibles espoirs soulevés par la reprise des contacts entre les deux camps, après plus de deux ans et demi de gel des négociations. Certes la rencontre des deux Premiers ministres était vouée à l’échec. Avant même leur poignée de main, ils avaient fait état de divergences inconciliables et de fait, ils se sont séparés sur un constat de désaccord complet. Fidèle à son refus de négocier «sous le feu», Sharon s’est arc-bouté sur la sécurité, exigeant, comme préalable à toute contrepartie israélienne, que les Palestiniens s’attaquent de front aux groupes armés. De son côté, Abbas, alias Abou Mazen, a refusé de prendre la moindre mesure contre le Hamas et le Djihad Islamique tant que le gouvernement israélien n’acceptait pas officiellement la Feuille de route, le plan de paix international qui prévoit un Etat palestinien à l’horizon 2005.
Pour Abbas cependant, cette rencontre, aussi vaine fut-elle, avait un intérêt: transférer la pression internationale sur les épaules de Sharon, en démontrant son refus obstiné d’entamer des négociations. Le Premier ministre palestinien espérait ce faisant desserrer l’étau dans lequel il se démène depuis son entrée en fonction. Ce calcul reposait sur l’hypothèse d’une accalmie terroriste. Peine perdue. Après l’attentat de Tel Aviv le 30 avril, qui avait coïncidé avec la remise de la Feuille de route, la vague d’attaques de cette nuit renforce le leitmotiv sécuritaire de Sharon au détriment de la logique diplomatique. Elle donne encore davantage de poids à ses demandes répétées auprès de la Maison Blanche d’un remodelage de la Feuille de route, dans un sens plus contraignant pour les Palestiniens. Le Premier ministre israélien qui devait s’envoler ce matin pour Washington a repoussé son voyage pour présider une réunion de son cabinet de sécurité à midi. On ne sait pas encore si sa rencontre avec Georges Bush mardi est annulée ou si son départ est juste retardé. Ce qui est sûr en revanche, c’est que deux semaines seulement après sa publication, la Feuille de route est déjà en sursis. Et que son échec programmé fait autant l’affaire des radicaux palestiniens que du gouvernement israélien.
par Benjamin Barthe
Article publié le 18/05/2003