Proche-Orient
La feuille de route en péril
La police, l’armée et les services de renseignement israéliens sont en état d’alerte maximale depuis lundi soir, après l’attentat d’Afoula –le cinquième en 48 heures– qui a fait 3 morts et une cinquantaine de blessés. Israël a en outre imposé un bouclage total sur les territoires palestiniens. Cette nouvelle flambée de violence menace très sérieusement la mise en place la feuille de route et affaiblit considérablement le nouveau Premier ministre Mahmoud Abbas (Abou Mazen) qui a rencontré pour la première fois samedi soir son homologue Ariel Sharon à Jérusalem. En Israël, de nombreux responsables ont une nouvelle fois mis en cause le président de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, et appelé à son bannissement.
Bien que l’armée israélienne eût imposé un bouclage total des territoires palestiniens dès dimanche en réponse aux quatre attaques suicide qui ont fait durant le week-end neuf morts en plus des 4 kamikazes, un nouvel attentat s’est produit lundi soir dans la petite ville d’Afoula, au nord d’Israël. Deux mouvements, les Brigades des martyrs d’al-Aqsa –proche du Fatah de Yasser Arafat– et le Jihad islamique, ont revendiqué cette action qui a fait 3 morts et une cinquantaine de blessés. C’est une jeune femme âgée de 19 ans, étudiante et originaire du nord de la Cisjordanie, qui a perpétré cet attentat. Les autorités israéliennes, qui s’attendent à une recrudescence de la violence, ont décrété l’état d’alerte maximale. Des milliers de policiers ont été déployés dans les centres des villes, près des arrêts d’autobus et des centres commerciaux et l’armée a renforcé ses patrouilles le long de la frontière avec la Cisjordanie pour tenter notamment d’éviter que des kamikazes ne puissent s’infiltrer en territoire hébreu.
Les autorités israéliennes ont par ailleurs accentué la pression sur le président Yasser Arafat, accusé d’encourager les attaques suicide contre l’Etat hébreu ou encore de coordonner le terrorisme. Certains ministres ont ainsi appelé à «isoler» le chef de l’Autorité palestinienne. «Il faut frapper Arafat car de son quartier général de Ramallah il continue de transmettre des messages pour encourager le terrorisme et à recevoir des visites alors qu’il faut l’isoler et provoquer sa mort politique», a notamment déclaré Eliezer Zandberg, le ministre des Sciences et de la technologie. Plus radical encore, le ministre du Commerce et de l’industrie, Ehud Olmert, un des barons du Likoud, a affirmé que «tant que Arafat vivra, des juifs mourront». Ce proche d’Ariel Sharon a lui aussi proposé d’isoler le président palestinien en lui «imposant une stricte assignation à résidence, afin qu’il ne puisse parler à personne».
La décision d’Ariel Sharon de boycotter tout responsable étranger ayant rencontré Yasser Arafat ne semble pas satisfaire les durs du paysage politique israélien qui réclament de nouveau le bannissement du chef de l’Autorité palestinienne. Cette question a d’ailleurs été abordée mardi par la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense. Le général Aharon Zeevi, chef des renseignements militaires, a tenu le président Arafat pour responsable des derniers attentats. Il a toutefois souligné qu’il n’était pas judicieux d’évoquer pour l’heure son bannissement car, selon lui, cela ne ferait que le renforcer en le mettant sous le feu des projecteurs. Cette position est largement partagée par Ariel Sharon qui a estimé que cela présenterait plus d’inconvénients que d’avantages pour Israël car «on déroulerait alors pour Yasser Arafat le tapis rouge à l’étranger».
Mahmoud Abbas en difficulté
Les attentats de ce week-end, qui sont intervenus quelques heures à peine avant la rencontre Sharon-Abbas –la première de haut niveau entre les deux parties depuis le début de l’Intifada en septembre 2000– ont considérablement affaibli le Premier ministre palestinien. Mahmoud Abbas, qui était venu tenter de convaincre son homologue israélien d’accepter la mise en place de la feuille de route, proposée par le quartette qui regroupe les Etats-Unis, l’UE, l’ONU et la Russie et acceptée par les Palestiniens, est en effet rentré bredouille, l’Etat hébreu réclamant un arrêt total des violences avant toute négociation. De nombreux observateurs estiment d’ores et déjà que cette escalade de la violence au Proche-Orient a fait voler en éclat les minces espoirs de faire appliquer ce plan de paix. Depuis sa publication officielle le 30 avril dernier, 50 palestiniens et 12 israéliens ont en effet trouvé la mort.
Soucieux de montrer sa détermination à tenter d’endiguer la violence prônée par les groupes radicaux palestiniens, Mahmoud Abbas a procédé dès lundi soir à d’importantes nominations dans le cadre de ses efforts pour reconstruire les forces de sécurité palestiniennes. Il a ainsi nommé deux généraux aux postes respectifs de chef de la Défense civile et de chef de la police palestinienne. Les deux hommes sont également vice-ministres de l’Intérieur. Leur principal mission sera sans doute de tenter de désarmer les extrémistes palestiniens.
En dépit de cette flambée de violence, l’un des principaux parrains de la feuille de route, George Bush, s’est déclaré encore optimiste quant à l’issue du conflit. «J’ai confiance en notre capacité à faire avancer le processus de paix», a-t-il notamment affirmé. S’alignant sur la position d’Israël, Washington veut clairement séparer le président de l’Autorité palestinienne de son Premier ministre. «Le président Bush continue de penser que Mahmoud Abbas est un réformateur», a ainsi affirmé Ari Fleischer, le porte-parole de la Maison Blanche. Mais loin de rendre service au chef du gouvernement palestinien, ce soutien inconditionnel de Washington et Tel Aviv ne fait que l’affaiblir auprès d’une population qui demeure encore fidèle à Yasser Arafat.
Les autorités israéliennes ont par ailleurs accentué la pression sur le président Yasser Arafat, accusé d’encourager les attaques suicide contre l’Etat hébreu ou encore de coordonner le terrorisme. Certains ministres ont ainsi appelé à «isoler» le chef de l’Autorité palestinienne. «Il faut frapper Arafat car de son quartier général de Ramallah il continue de transmettre des messages pour encourager le terrorisme et à recevoir des visites alors qu’il faut l’isoler et provoquer sa mort politique», a notamment déclaré Eliezer Zandberg, le ministre des Sciences et de la technologie. Plus radical encore, le ministre du Commerce et de l’industrie, Ehud Olmert, un des barons du Likoud, a affirmé que «tant que Arafat vivra, des juifs mourront». Ce proche d’Ariel Sharon a lui aussi proposé d’isoler le président palestinien en lui «imposant une stricte assignation à résidence, afin qu’il ne puisse parler à personne».
La décision d’Ariel Sharon de boycotter tout responsable étranger ayant rencontré Yasser Arafat ne semble pas satisfaire les durs du paysage politique israélien qui réclament de nouveau le bannissement du chef de l’Autorité palestinienne. Cette question a d’ailleurs été abordée mardi par la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense. Le général Aharon Zeevi, chef des renseignements militaires, a tenu le président Arafat pour responsable des derniers attentats. Il a toutefois souligné qu’il n’était pas judicieux d’évoquer pour l’heure son bannissement car, selon lui, cela ne ferait que le renforcer en le mettant sous le feu des projecteurs. Cette position est largement partagée par Ariel Sharon qui a estimé que cela présenterait plus d’inconvénients que d’avantages pour Israël car «on déroulerait alors pour Yasser Arafat le tapis rouge à l’étranger».
Mahmoud Abbas en difficulté
Les attentats de ce week-end, qui sont intervenus quelques heures à peine avant la rencontre Sharon-Abbas –la première de haut niveau entre les deux parties depuis le début de l’Intifada en septembre 2000– ont considérablement affaibli le Premier ministre palestinien. Mahmoud Abbas, qui était venu tenter de convaincre son homologue israélien d’accepter la mise en place de la feuille de route, proposée par le quartette qui regroupe les Etats-Unis, l’UE, l’ONU et la Russie et acceptée par les Palestiniens, est en effet rentré bredouille, l’Etat hébreu réclamant un arrêt total des violences avant toute négociation. De nombreux observateurs estiment d’ores et déjà que cette escalade de la violence au Proche-Orient a fait voler en éclat les minces espoirs de faire appliquer ce plan de paix. Depuis sa publication officielle le 30 avril dernier, 50 palestiniens et 12 israéliens ont en effet trouvé la mort.
Soucieux de montrer sa détermination à tenter d’endiguer la violence prônée par les groupes radicaux palestiniens, Mahmoud Abbas a procédé dès lundi soir à d’importantes nominations dans le cadre de ses efforts pour reconstruire les forces de sécurité palestiniennes. Il a ainsi nommé deux généraux aux postes respectifs de chef de la Défense civile et de chef de la police palestinienne. Les deux hommes sont également vice-ministres de l’Intérieur. Leur principal mission sera sans doute de tenter de désarmer les extrémistes palestiniens.
En dépit de cette flambée de violence, l’un des principaux parrains de la feuille de route, George Bush, s’est déclaré encore optimiste quant à l’issue du conflit. «J’ai confiance en notre capacité à faire avancer le processus de paix», a-t-il notamment affirmé. S’alignant sur la position d’Israël, Washington veut clairement séparer le président de l’Autorité palestinienne de son Premier ministre. «Le président Bush continue de penser que Mahmoud Abbas est un réformateur», a ainsi affirmé Ari Fleischer, le porte-parole de la Maison Blanche. Mais loin de rendre service au chef du gouvernement palestinien, ce soutien inconditionnel de Washington et Tel Aviv ne fait que l’affaiblir auprès d’une population qui demeure encore fidèle à Yasser Arafat.
par Mounia Daoudi
Article publié le 20/05/2003