Proche-Orient
Israël accepte la «feuille de route»
Après des semaines de blocage, le Premier ministre israélien Ariel Sharon a finalement déclaré vendredi qu’il était prêt à accepter la «feuille de route». Les membres de son gouvernement ont donc examiné et adopté le texte lors de leur conseil hebdomadaire, dimanche. Cette avancée donne satisfaction aux Etats-Unis qui ont déployé de nombreux efforts diplomatiques pour faire accepter le plan de paix. Mais elle ne règle pas les différends entre les parties israélienne et palestinienne concernant l’application d’un dispositif qui devrait aboutir en 2005 à la création d’un Etat palestinien «viable».
«Le temps est venu pour nous de partager ce bout de terre avec les Palestiniens… Il faut être réaliste concernant ce que l’on peut ou pas continuer à garder», a déclaré Ariel Sharon dans une interview au quotidien israélien Yedioth Ahronoth, publiée dimanche. Le Premier ministre a donc finalement accepté la «feuille de route», proposée par le Quartette (Etats-Unis, Russie, Union européenne, ONU). Ce changement de cap est intervenu après que la Maison Blanche a publié vendredi un communiqué qui affirme que les Etats-Unis ont entendu les réserves émises par Israël sur les propositions du plan de paix. Il stipule ainsi que: «Les Etats-Unis partagent le point de vue d’Israël qu’il s’agit là de préoccupations réelles et en tiendront pleinement et sérieusement compte dans la mise en œuvre de la feuille de route».
Depuis la publication du plan, le 30 avril dernier, Ariel Sharon a en effet marqué sa désapprobation sur un certain nombre de points qui, selon lui, mettent en danger la sécurité d’Israël. Il a proposé aux Américains une quinzaine d’amendements. Le Premier ministre demande, par exemple, comme préalable à toute application du plan l’arrêt du terrorisme, alors que le texte pose le principe de la simultanéité des engagements de la part des deux parties et précise donc qu’Israël doit en parallèle accepter le gel de l’expansion des colonies. Ariel Sharon refuse aussi d’entériner le droit au retour pour les réfugiés de 1948 et 1967 et veut obtenir un engagement des Palestiniens allant dans ce sens. Et il réclame la suppression de la référence à l’initiative de paix saoudienne adoptée par la Ligue arabe en mars 2002, qui évoquait l’évacuation des territoires occupés depuis la guerre de 1967.
«Une pilule de cyanure que l’on veut faire passer pour un bonbon».
Face à ces revendications, les Américains ne se sont pas engagés précisément à donner satisfaction à Israël. Les termes du communiqué qu’ils ont publié n’entrent pas dans le détail même si le président George W. Bush a précisé publiquement: «Le Premier ministre Sharon a accepté la feuille de route, c’est un progrès. Il l’a accepté car je l’ai assuré que les Etats-Unis sont attachés à protéger la sécurité d’Israël».
Les assurances fournies par les Américains ont pourtant convaincu Ariel Sharon de se prononcer finalement en faveur de «la feuille de route» et de la soumettre à son gouvernement au sein duquel subsiste pourtant de très fortes oppositions. Les quatre ministres du Parti national religieux et de l’Union nationale (extrême droite) mais aussi certains ministres du Likoud, le parti d’Ariel Sharon, ont fait part de leur intention de voter contre la «feuille de route». Uzi Landau, un ministre du Likoud, l’a même comparé à «une pilule de cyanure que l’on veut faire passer pour un bonbon». Le plan de paix a tout même été voté dimanche par 12 voix contre 7 et 4 abstentions. Mais le gouvernement a adopté en même temps une motion qui rejette à l’avance le retour des 3,7 millions de Palestiniens réfugiés.
De leur côté, les Palestiniens qui ont accepté la «feuille de route» telle qu’elle a été présentée, ont prévenu qu’ils refuseraient tout changement qui pourrait y être apporté. Mais le ministre de l’Information Nabil Amr a précisé que les Américains leur avaient assuré que le plan de paix serait appliqué «conformément à la lettre du texte». Après l’adoption du plan par le gouvernement israélien, Nabil Chaath, le ministre des Affaires étrangères palestinien a tout de même évoqué une possible rencontre entre Mahmoud Abbas, le Premier ministre palestinien, et Ariel Sharon, dès lundi.
Dans ce contexte, l’éventualité d’un sommet entre George W. Bush, Ariel Sharon et Mahmoud Abbas, qui est considéré par les Américains et les Israéliens comme le seul interlocuteur possible, est de plus en plus probable. Elle a été évoquée par le président des Etats-Unis qui a déclaré: «J’y pense sérieusement». La rencontre pourrait avoir lieu dans la foulée du G8 d’Evian, au début du mois de juin. L’implication personnelle de George W. Bush suffira-t-elle alors à débloquer la situation et à permettre de dépasser les oppositions qui subsistent entre Israéliens et Palestiniens sur les modalités d’application du plan en trois temps qui doit mener vers la création d’un Etat palestinien en 2005 ?
Depuis la publication du plan, le 30 avril dernier, Ariel Sharon a en effet marqué sa désapprobation sur un certain nombre de points qui, selon lui, mettent en danger la sécurité d’Israël. Il a proposé aux Américains une quinzaine d’amendements. Le Premier ministre demande, par exemple, comme préalable à toute application du plan l’arrêt du terrorisme, alors que le texte pose le principe de la simultanéité des engagements de la part des deux parties et précise donc qu’Israël doit en parallèle accepter le gel de l’expansion des colonies. Ariel Sharon refuse aussi d’entériner le droit au retour pour les réfugiés de 1948 et 1967 et veut obtenir un engagement des Palestiniens allant dans ce sens. Et il réclame la suppression de la référence à l’initiative de paix saoudienne adoptée par la Ligue arabe en mars 2002, qui évoquait l’évacuation des territoires occupés depuis la guerre de 1967.
«Une pilule de cyanure que l’on veut faire passer pour un bonbon».
Face à ces revendications, les Américains ne se sont pas engagés précisément à donner satisfaction à Israël. Les termes du communiqué qu’ils ont publié n’entrent pas dans le détail même si le président George W. Bush a précisé publiquement: «Le Premier ministre Sharon a accepté la feuille de route, c’est un progrès. Il l’a accepté car je l’ai assuré que les Etats-Unis sont attachés à protéger la sécurité d’Israël».
Les assurances fournies par les Américains ont pourtant convaincu Ariel Sharon de se prononcer finalement en faveur de «la feuille de route» et de la soumettre à son gouvernement au sein duquel subsiste pourtant de très fortes oppositions. Les quatre ministres du Parti national religieux et de l’Union nationale (extrême droite) mais aussi certains ministres du Likoud, le parti d’Ariel Sharon, ont fait part de leur intention de voter contre la «feuille de route». Uzi Landau, un ministre du Likoud, l’a même comparé à «une pilule de cyanure que l’on veut faire passer pour un bonbon». Le plan de paix a tout même été voté dimanche par 12 voix contre 7 et 4 abstentions. Mais le gouvernement a adopté en même temps une motion qui rejette à l’avance le retour des 3,7 millions de Palestiniens réfugiés.
De leur côté, les Palestiniens qui ont accepté la «feuille de route» telle qu’elle a été présentée, ont prévenu qu’ils refuseraient tout changement qui pourrait y être apporté. Mais le ministre de l’Information Nabil Amr a précisé que les Américains leur avaient assuré que le plan de paix serait appliqué «conformément à la lettre du texte». Après l’adoption du plan par le gouvernement israélien, Nabil Chaath, le ministre des Affaires étrangères palestinien a tout de même évoqué une possible rencontre entre Mahmoud Abbas, le Premier ministre palestinien, et Ariel Sharon, dès lundi.
Dans ce contexte, l’éventualité d’un sommet entre George W. Bush, Ariel Sharon et Mahmoud Abbas, qui est considéré par les Américains et les Israéliens comme le seul interlocuteur possible, est de plus en plus probable. Elle a été évoquée par le président des Etats-Unis qui a déclaré: «J’y pense sérieusement». La rencontre pourrait avoir lieu dans la foulée du G8 d’Evian, au début du mois de juin. L’implication personnelle de George W. Bush suffira-t-elle alors à débloquer la situation et à permettre de dépasser les oppositions qui subsistent entre Israéliens et Palestiniens sur les modalités d’application du plan en trois temps qui doit mener vers la création d’un Etat palestinien en 2005 ?
par Valérie Gas
Article publié le 25/05/2003