Algérie
Séisme : le désespoir et la colère
Alors que les recherches continuent pour essayer de retrouver encore d’éventuels survivants, trois jours après le terrible tremblement de terre qui a frappé l’Algérie, les habitants sont de plus en plus en colère. Ils mettent en cause les carences du pouvoir qui n’a pas envoyé les secours assez vite mais surtout qui a laissé construire des années durant des bâtiments qui ne répondaient pas aux normes anti-sismiques et qui se sont écroulés comme des châteaux de carte.
«Pouvoir assassin», c’est au son de ces cris de rage poussés par des Algériens meurtris après le séisme qui a eu lieu mercredi dans le pays, qu’Abdelaziz Bouteflika a été accueilli lorsqu’il s’est rendu samedi à Boumerdès, à 50 kilomètres d’Alger, la zone la plus touchée. Hué, le président algérien a dû battre en retraite. Sa visite n’a duré que quelques minutes et le cortège officiel est reparti sous les jets de pierre.
Alors que le bilan du tremblement de terre continue de s’alourdir –1 875 décès et 8 081 blessés-, les survivants se sentent de plus en plus abandonnés. Les secours ne sont pas arrivés assez vite et ne disposent pas de moyens suffisants pour permettre de mener des recherches efficaces et de sauver le maximum de vies. Les pompiers, l’armée sont là mais ils n’ont ni grues, ni chiens. Et malgré l’arrivée des équipes internationales, l’espoir de retrouver des survivants s’amoindrit de minute en minute. Bien sûr, on a réussi à sortir quelques «miraculés» des décombres. Samedi, une femme et un bébé ont été dégagés sains et saufs. Mais malheureusement, des centaines de personnes restent vraisemblablement encore prisonnières des immeubles effondrés.
Le bilan va encore s'aggraver
D’ailleurs, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, lui-même a prévenu que le bilan allait encore «s’aggraver». Pire, les autorités craignent que des épidémies n’apparaissent. La température élevée, proche de 30 degrés, qui active la décomposition des cadavres peut provoquer une dégradation rapide de la situation sanitaire. D’ores et déjà, les secouristes sont appelés à porter des masques pour se protéger. Il va falloir rapidement envisager la possibilité de raser les ruines mais cette décision sera certainement difficile à prendre tant l’émotion est grande et les nerfs à vif.
La colère monte en effet rapidement dans la population. Les survivants qui ont souvent tout perdu, mettent en cause directement les responsables politiques du pays car ce sont les édifices construits, parfois très récemment, par le gouvernement, comme les cités HLM, qui se sont effondrés le plus vite. Du coup, la question du respect des normes anti-sismiques pourtant en vigueur dans le pays depuis le tremblement de terre de Chlef, en 1980, a été posée. Et les accusations de corruption des entrepreneurs, des promoteurs immobiliers et des autorités ont resurgi. Le choix des emplacements des constructions mais surtout la qualité des matériaux employés ont été mis en cause. Un rescapé a ainsi déclaré à l’Agence France Presse : «Ils [les promoteurs] ont lésiné sur la qualité du rond à béton, diminué les dosages ciment-gravier, pour gagner plus d’argent, ce que nous avons payé de nos vies». Un autre s’indigne : «Ces promoteurs immobiliers, tous des escrocs ! Quand on voit tous les édifices qui datent de l’époque française, parfois vieux de 150 ans, qui n’ont pas bougé ! Et d’autres, de l’habitat social où on a relogé des gens de la casbah, qui se sont écroulés avec leur ciment coupé au sable».
La corruption et ses conséquences sur la population revient une nouvelle fois sur le devant de la scène en Algérie. Ahmed Ouyahia n’a d’ailleurs pas exclu l’existence de «trafics» dans le secteur de la construction. Mais il s’est engagé à diligenter les expertises nécessaires et à saisir la justice si besoin. Il a d’autre part essayer de calmer une population désespérée et en colère en promettant la mise en place d’un programme spécial de reconstruction et d’un durcissement des normes anti-sismiques. Reste à savoir combien de temps tout cela prendra. Dans l’immédiat, c’est surtout la solidarité entre les habitants eux-mêmes qui semble être la plus efficace pour porter secours aux victimes du tremblement de terre qui réclament des tentes, des logements, de la nourriture. Des volontaires ont spontanément organisé des collectes dans le pays pour venir en aide à ceux qui n’ont plus rien.
Alors que le bilan du tremblement de terre continue de s’alourdir –1 875 décès et 8 081 blessés-, les survivants se sentent de plus en plus abandonnés. Les secours ne sont pas arrivés assez vite et ne disposent pas de moyens suffisants pour permettre de mener des recherches efficaces et de sauver le maximum de vies. Les pompiers, l’armée sont là mais ils n’ont ni grues, ni chiens. Et malgré l’arrivée des équipes internationales, l’espoir de retrouver des survivants s’amoindrit de minute en minute. Bien sûr, on a réussi à sortir quelques «miraculés» des décombres. Samedi, une femme et un bébé ont été dégagés sains et saufs. Mais malheureusement, des centaines de personnes restent vraisemblablement encore prisonnières des immeubles effondrés.
Le bilan va encore s'aggraver
D’ailleurs, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, lui-même a prévenu que le bilan allait encore «s’aggraver». Pire, les autorités craignent que des épidémies n’apparaissent. La température élevée, proche de 30 degrés, qui active la décomposition des cadavres peut provoquer une dégradation rapide de la situation sanitaire. D’ores et déjà, les secouristes sont appelés à porter des masques pour se protéger. Il va falloir rapidement envisager la possibilité de raser les ruines mais cette décision sera certainement difficile à prendre tant l’émotion est grande et les nerfs à vif.
La colère monte en effet rapidement dans la population. Les survivants qui ont souvent tout perdu, mettent en cause directement les responsables politiques du pays car ce sont les édifices construits, parfois très récemment, par le gouvernement, comme les cités HLM, qui se sont effondrés le plus vite. Du coup, la question du respect des normes anti-sismiques pourtant en vigueur dans le pays depuis le tremblement de terre de Chlef, en 1980, a été posée. Et les accusations de corruption des entrepreneurs, des promoteurs immobiliers et des autorités ont resurgi. Le choix des emplacements des constructions mais surtout la qualité des matériaux employés ont été mis en cause. Un rescapé a ainsi déclaré à l’Agence France Presse : «Ils [les promoteurs] ont lésiné sur la qualité du rond à béton, diminué les dosages ciment-gravier, pour gagner plus d’argent, ce que nous avons payé de nos vies». Un autre s’indigne : «Ces promoteurs immobiliers, tous des escrocs ! Quand on voit tous les édifices qui datent de l’époque française, parfois vieux de 150 ans, qui n’ont pas bougé ! Et d’autres, de l’habitat social où on a relogé des gens de la casbah, qui se sont écroulés avec leur ciment coupé au sable».
La corruption et ses conséquences sur la population revient une nouvelle fois sur le devant de la scène en Algérie. Ahmed Ouyahia n’a d’ailleurs pas exclu l’existence de «trafics» dans le secteur de la construction. Mais il s’est engagé à diligenter les expertises nécessaires et à saisir la justice si besoin. Il a d’autre part essayer de calmer une population désespérée et en colère en promettant la mise en place d’un programme spécial de reconstruction et d’un durcissement des normes anti-sismiques. Reste à savoir combien de temps tout cela prendra. Dans l’immédiat, c’est surtout la solidarité entre les habitants eux-mêmes qui semble être la plus efficace pour porter secours aux victimes du tremblement de terre qui réclament des tentes, des logements, de la nourriture. Des volontaires ont spontanément organisé des collectes dans le pays pour venir en aide à ceux qui n’ont plus rien.
par Valérie Gas
Article publié le 24/05/2003