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Proche-Orient

Bush met la main à la pâte

Alors qu’il avait accusé Bill Clinton d’avoir inutilement engagé son crédit et celui des Etats-Unis à la recherche de la paix au Proche-Orient, George Bush semble aujourd’hui vouloir s’impliquer davantage dans le règlement de ce conflit. Il est vrai que les choses ont évolué depuis son arrivée au pouvoir et la guerre menée sans l’accord des Nations unies contre le régime de Saddam Hussein a considérablement changé la donne. La Maison blanche qui s’est engagée à instaurer la stabilité dans la région ne peut en effet désormais plus ignorer le conflit israélo-palestinien.
Pour sa première visite dans la région, le président américain devrait participer à deux sommets. Le premier est prévu le 3 juin à Charm-el-Cheikh en Egypte et George Bush a d’ailleurs prévu d’écourter sa présence au sommet du G8 à Evian pour y participer. Il réunira autour de lui six dirigeants arabes : l’Egyptien Hosni Moubarak, le roi Mohammed VI du Maroc (également président du Comité al-Qods qui défend le patrimoine islamique de Jérusalem-Est), le roi Abdallah de Jordanie, le roi du Bahreïn Cheikh Hamad Ben Issa al-Khalifa (qui assure actuellement la présidence du sommet arabe), le prince héritier d’Arabie Saoudite Abdallah Ben Abdel Aziz ainsi que le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas. Il y sera bien sûr question de l’après-guerre en Irak, de la lutte contre le terrorisme mais surtout de la feuille de route préparée par le quartette qui, outre les Etats-Unis, comprend la Russie, l’Union européenne et les Nations unies. Washington entend bien à cette occasion s’assurer du plein soutien de ces pays à ce plan de paix qui prévoit la création d’un Etat palestinien à l’horizon 2005.

George Bush se rendra ensuite le 4 juin à Aqaba en Jordanie où il est prévu qu’il rencontre les deux Premiers ministres israélien et palestinien, Ariel Sharon et Mahmoud Abbas. Cette rencontre est toutefois soumise à certaines conditions qui n’ont pas été clairement précisées par la Maison Blanche. «Nous voulons être sûrs que l’environnement sera favorable à des conversations productives et à des progrès», a notamment affirmé le porte-parole Ari Fleischer qui a également souligné que «pour le moment», la rencontre était maintenue. Selon lui, la situation est actuellement «prometteuse puisque les Palestiniens ont un nouveau dirigeant, résolu à faire des réformes et que le Premier ministre Sharon a accepté la feuille de route et une solution consistant en deux Etats».

Le succès de ces deux sommets semble à ce stade largement tributaire de la rencontre, reportée déjà à plusieurs reprises et attendue ce jeudi dans la soirée, entre Ariel Sharon et son homologue Mahmoud Abbas. Les deux hommes, qui se sont rencontrés pour la première fois le 17 mai dernier à Jérusalem, doivent se revoir pour étudier l’application de la feuille de route, maintenant qu’elle a été approuvée par le gouvernement Sharon. Le Premier ministre palestinien a d’ailleurs vivement encouragé son homologue israélien à saisir l’occasion historique que représente la feuille de route et de renoncer à «ses réserves» concernant ce plan de paix. «Nous disons aux Israéliens : suivez ce plan et ne perdez pas de temps sur les détails», a-t-il notamment déclaré. Immédiatement acceptée par les Palestiniens, la feuille de route n’a en effet été approuvée par l’Etat hébreu que sous certaines conditions que les Etats-Unis se sont engagés à prendre en compte.

Bush va tenter d’obtenir des avancées sur le terrain

En parrainant le premier sommet israélo-palestinien organisé après l’approbation par les deux parties de la feuille de route, le président américain entend avant tout montrer le nouvel engagement des Etats-Unis dans la région et sa détermination à la sortir du cycle de violence qui y prévaut depuis des mois. Les premières étapes du plan de paix portent d’ailleurs avant tout sur la gestion du conflit qui a redoublé d’intensité depuis le début de l’Intifada en septembre 2000 dans le but avoué de revenir à une dynamique de négociations. Car si la Maison Blanche s’est engagée à prendre en compte les réticences de l’Etat hébreu concernant la feuille de route, le sommet d’Aqaba n’abordera vraisemblablement pas les sujets qui fâchent. «A mesure que nous avancerons dans l’application de la feuille de route, nous examinerons les préoccupations légitimes des deux parties concernant les éléments précis de ce plan », a notamment précisé un responsable américain. Il ne sera donc pas question de discuter lors de la rencontre jordanienne ni du sort des réfugiés palestiniens, ni du statut de final de Jérusalem mais bien de comment parvenir à un arrêt des violences, première étape de la feuille de route.

Mahmoud Abbas, qui a lancé le chantier de la restructuration des services de sécurité palestiniens, espère ainsi obtenir l’appui de Washington pour convaincre Israël de renoncer à intervenir contre les activistes palestiniens dans les territoires occupés. Pour le Premier ministre, les interventions israéliennes, devenues habituelles depuis le début de l’Intifada, minent les efforts palestiniens pour mettre un terme à la violence. Le mouvement radical Hamas a d’ailleurs mis en doute l’adhésion du gouvernement israélien à la feuille de route. Son fondateur, Cheikh Yassine, a qualifié de «ruse» la position de l’Etat hébreu. Il a toutefois confirmé que des discussions étaient en cours avec le gouvernement de Mahmoud Abbas pour une éventuelle trêve. Signe d’une évolution sensible de la situation, les Brigades des martyrs d’al-Aqsa, un autre groupe radical proche du Fatah de Yasser Arafat et responsable de nombreux attentats suicide, ont salué l’adoption de la feuille de route par le cabinet Sharon. Ils ont également appelé l’armée israélienne à cesser les liquidations d’activistes palestiniens.



par Mounia  Daoudi

Article publié le 29/05/2003