Liberia
Des civils mutilés par les rebelles
Les violences et atrocités se multiplient sur le territoire du Liberia. Elles ont pris une nouvelle forme ces derniers jours: les rebelles du LURD ont en effet entrepris de mutiler la population civile. Une trentaine de victimes sont soignées à Monrovia.
De notre correspondant à Monrovia
A Monrovia, sur les lits du centre hospitalier universitaire John Fitzgerald Kennedy, il sont 27 victimes civiles de la «guerre des lâches» entamée ces derniers jours par les rebelles du LURD. Allongées sur leurs lits d’hôpital, les victimes de mutilations perpétrées par les forces du LURD ont soit les bras, soit les jambes coupés. Des scènes qui rappellent la guerre civile en Sierra Leone et les exactions commises par les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF). Moralement abattus, les patients acceptent difficilement de raconter les épreuves qu’ils ont subies.
Il a fallu plus de trois heures de négociations pour convaincre Johnson Doe de raconter son calvaire. Il a 18 ans. Il était dans le camp de déplacés de Ricks à Brewerville, dans la banlieue de la capitale, quand les rebelles ont attaqué les lieux: «Quand ils m’ont pris, ils m’ont demandé si je voulais la manche courte ou la manche longue. Pour la manche courte les bras sont coupés au niveau du coude, et pour la manche longue c’est au niveau du poignet. Je leur ai demandé ‘pardon ?’. Ils ont repris la question. Et comme je ne répondais pas, un d’eux a dit que la manche longue serait mieux pour moi. Ils ont ligoté mes pieds. C’est d’abord la main droite qu’ils ont mis sur une grosse pierre. Et avec une machette non aiguisée, ils ont commencé à me couper les mains (Johnson Doe pleure). La douleur est indescriptible. Si la machette avait été tranchante, peut-être que je n’aurais pas senti autant de douleur. La douleur était telle que j’ai uriné dans mon pantalon. Je me suis évanoui après. Je ne sais pas comment je suis arrivé à l’hôpital».
La vie n’a plus aucune importance
Dans le lit à côté de Johnson Doe, est allongé un enfant de cinq ans, Jack Boakai. Sa mère a été violée sous ses yeux par trois rebelles. Quand il s’est mis a pleurer, ils ont placé sa jambe gauche sur une table et l’ont brisée avec une pierre. Quand la Croix Rouge l’a pris en charge il avait totalement perdu connaissance. Sa mère l’avait transporté sur son dos, sans penser à ce qui venait de lui arriver, seulement préoccupée de savoir comment sauver la vie de son seul enfant. Elle a refusé qu’on prenne sa photo et n’a accepté de parler que hors-micro. Pour elle, la vie n’a plus aucune importance: «Je me demande si je pourrai encore avoir du sentiment pour un homme. Et c’est sûr qu’un homme ne voudra jamais d’une femme comme moi. Ils ont tué mon mari avant de me violer. Pour moi, mieux vaut mourir. Mais on me dit que j’ai la vie devant moi. Mais quelle vie ? (Elle pleure). Nous ne sommes pas des politiciens. Nous ne voulons pas de pouvoir, nous. Et c’est nous qui payons les frais. Charles Taylor est dans son palais. Il mange a sa faim. Ses enfants aussi».
Martha Gaye, une autre femme âgée de 37 ans, a eu le sein gauche coupé ainsi que les bras au niveau du coude. C’est à dire qu’elle a subi le supplice de la «manche courte». Elle a totalement refusé de parler de son épreuve. Allongée sur son lit, quand on la salue elle ne répond qu’en remuant la tête.
A Monrovia, sur les lits du centre hospitalier universitaire John Fitzgerald Kennedy, il sont 27 victimes civiles de la «guerre des lâches» entamée ces derniers jours par les rebelles du LURD. Allongées sur leurs lits d’hôpital, les victimes de mutilations perpétrées par les forces du LURD ont soit les bras, soit les jambes coupés. Des scènes qui rappellent la guerre civile en Sierra Leone et les exactions commises par les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF). Moralement abattus, les patients acceptent difficilement de raconter les épreuves qu’ils ont subies.
Il a fallu plus de trois heures de négociations pour convaincre Johnson Doe de raconter son calvaire. Il a 18 ans. Il était dans le camp de déplacés de Ricks à Brewerville, dans la banlieue de la capitale, quand les rebelles ont attaqué les lieux: «Quand ils m’ont pris, ils m’ont demandé si je voulais la manche courte ou la manche longue. Pour la manche courte les bras sont coupés au niveau du coude, et pour la manche longue c’est au niveau du poignet. Je leur ai demandé ‘pardon ?’. Ils ont repris la question. Et comme je ne répondais pas, un d’eux a dit que la manche longue serait mieux pour moi. Ils ont ligoté mes pieds. C’est d’abord la main droite qu’ils ont mis sur une grosse pierre. Et avec une machette non aiguisée, ils ont commencé à me couper les mains (Johnson Doe pleure). La douleur est indescriptible. Si la machette avait été tranchante, peut-être que je n’aurais pas senti autant de douleur. La douleur était telle que j’ai uriné dans mon pantalon. Je me suis évanoui après. Je ne sais pas comment je suis arrivé à l’hôpital».
La vie n’a plus aucune importance
Dans le lit à côté de Johnson Doe, est allongé un enfant de cinq ans, Jack Boakai. Sa mère a été violée sous ses yeux par trois rebelles. Quand il s’est mis a pleurer, ils ont placé sa jambe gauche sur une table et l’ont brisée avec une pierre. Quand la Croix Rouge l’a pris en charge il avait totalement perdu connaissance. Sa mère l’avait transporté sur son dos, sans penser à ce qui venait de lui arriver, seulement préoccupée de savoir comment sauver la vie de son seul enfant. Elle a refusé qu’on prenne sa photo et n’a accepté de parler que hors-micro. Pour elle, la vie n’a plus aucune importance: «Je me demande si je pourrai encore avoir du sentiment pour un homme. Et c’est sûr qu’un homme ne voudra jamais d’une femme comme moi. Ils ont tué mon mari avant de me violer. Pour moi, mieux vaut mourir. Mais on me dit que j’ai la vie devant moi. Mais quelle vie ? (Elle pleure). Nous ne sommes pas des politiciens. Nous ne voulons pas de pouvoir, nous. Et c’est nous qui payons les frais. Charles Taylor est dans son palais. Il mange a sa faim. Ses enfants aussi».
Martha Gaye, une autre femme âgée de 37 ans, a eu le sein gauche coupé ainsi que les bras au niveau du coude. C’est à dire qu’elle a subi le supplice de la «manche courte». Elle a totalement refusé de parler de son épreuve. Allongée sur son lit, quand on la salue elle ne répond qu’en remuant la tête.
par Zoom Dosso
Article publié le 14/05/2003