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Italie

Test politique pour Silvio Berlusconi

Douze millions d’italiens –soit un quart des électeurs- sont appelés aux urnes dimanche 25 et lundi 26 mai pour des élections locales partielles dont le deuxième tour, en cas de ballotage, est prévu les 8 et 9 juin. Cinq cent sept maires, douze présidents de province et deux présidents de région seront élus. Deux ans après le retour au pouvoir de Silvio Berlusconi, avec son parti Forza Italia et ses alliés de droite, ces élections constituent le premier grand test national, aussi bien pour la tenue du gouvernement que pour celle de l’opposition de centre gauche.
De notre correspondante à Rome

Force est de constater que les campagnes électorales pour ces élections partielles n’ont guère suscité d’intérêt au sein de la population italienne. Il faut dire que l’Italie vit dans un climat de tension particulièrement forte depuis que le chef du gouvernement et ses proches mènent un combat sans répit contre les juges de Milan qui instruisent le procès Sme* dans le cadre duquel Silvio Berlusconi est accusé d’avoir acheté une décision de justice pour tenter de prendre le contrôle d’un groupe agro-alimentaire

Cherchant par tous les moyens d’éviter d’être jugé, en se prétendant «victime d’un un complot communiste et du manque d’impartialité du système judiciaire à son égard», il n’a eu cesse, au cours des jours précédant les élections, d’invoquer l’urgence de réformes de la justice italienne, estimant que la séparation entre les juges et le ministère public et la réintroduction de l’immunité parlementaire- limitée aux personnes exerçant les plus hautes charges institutionnelles- sont indispensables pour la stabilité du pays.

De son coté, l’opposition de centre gauche, qui ne parvient toujours pas à retrouver une véritable identité après son échec aux législatives de 2001, n’a pas vraiment su aller au-delà des polémiques sur la justice. Résultat : les candidats ont essentiellement mené campagne en faveur ou en défaveur de Silvio Berlusconi et de son gouvernement. Ces élections représentent donc d’autant plus un sondage à grande échelle sur le consensus recueilli par la majorité de centre droit ou par l’opposition.

Rome est l’un des principaux enjeux

Il est extrêmement difficile de prévoir un «effondrement » de la droite ou une «revanche» de la gauche mais il est probable que celle-ci enregistre une légère remontée, pour plusieurs raisons. Le vaste mouvement pacifiste qui s’est mobilisé,
au cours des mois derniers contre la guerre en Irak a eu pour effet de rapprocher du centre gauche des italiens qui avaient voté à droite aux législatives, en particulier les catholiques. Par ailleurs, ce même mouvement pacifiste a permis de résoudre, quelque peu, les liens entre le Parti de la Refondation Communiste et l’Olivier, nom de la coalition de centre-gauche. Enfin la lutte acharnée de Silvio Berlusconi contre «l’injustice de la justice» pourrait lui jouer des mauvais tours...

Parmi les enjeux les plus intéressants, on peut citer la province de Rome (3,5 millions d’électeurs) qui est détenue actuellement par la droite. Le centre gauche a misé sur un ancien démocrate-chrétien, Enrico Gasbarra, 40 ans, ex- adjoint du maire de Rome Walter Veltroni et ex-conseiller au commerce au sein de l’exécutif du maire précèdent, Francesco Rutelli. Modéré, proche du Vatican, écologiste convaincu, Enrico Gasbarra a pour adversaire le président sortant de la province de Rome, Silvano Moffa ,52 ans. Ce dernier a rejoint la droite conservatrice de l’Alliance Nationale après un passé tumultueux au sein du parti d’extrême droite de la «Fiamma», dirigé par Pino Rauti. Le duel sera serré car si Enrico Gasbarra ne manque pas d’attrait avec son physique de «latin lover» et ses manières raffinées, Silvano Moffa, lui, est reconnu pour ses talents de gestionnaire.

Autre défi intéressant, celui qui oppose les deux candidats à la présidence de la région du Frioul-Vénetie-Julienne. Le centre gauche est représenté par le «roi du café», Riccardo Illy. La droite par Alessandra Guerra, la «dame de fer» comme l’a baptisée Silvio Berlusconi. Cette femme de 43 ans, mère de deux enfants, milite depuis des années dans les rangs de la Ligue du Nord. Maire de Trieste pendant huit ans, Riccardo Illy se présente comme «un entrepreneur prêté à la politique» qui mise sur les nouvelles technologies pour mieux faire face à la concurrence avec les pays voisins de l’Est. Alessandra Guerra, s’est engagée pour sa part, à donner priorité aux familles et aux personnes âgées, rappelant, jour après jour, que «Trieste est une des villes les plus vieilles d’Europe».

Enfin, la Sicile est à surveiller de près (5 millions d’électeurs). Le gouvernement de Silvio Berlusconi espère pouvoir maintenir les villes de Messine et Raguse et conquérir les 8 provinces qui éliront leur président (cinq sont actuellement détenues par la droite). Le second match se jouera à l’intérieur même de la Maison de la Liberté, nom de la coalition de centre droit. L’UDC (Union des chrétiens démocrates) espère devenir le premier parti de l’île, devançant ainsi Forza Italia, ce qui lui permettrait d’avoir plus de poids au sein de la coalition gouvernementale.



par Anne  Le Nir

Article publié le 24/05/2003