Maroc
Mohamed VI : «<i>La fin de l’ère du laxisme</i>»
Dans un discours officiel, retransmis le 29 mai au soir par la télévision et la radio, le roi Mohamed VI est revenu sur les attentats qui ont ensanglanté Casablanca le soir du 16 mai. La riposte marocaine au terrorisme qui vient de frapper le pays sera sécuritaire et sociale, dans l’optique d’une consolidation démocratique.
De notre correspondante au Maroc.
«L’heure de la vérité a sonné, annonçant la fin de l’ère du laxisme face à ceux qui exploitent la démocratie pour porter atteinte à l’autorité de l’Etat et de ceux dont les idées qu’ils répandent représentent un terreau pour semer les épines de l’ostracisme, du fanatisme et de la discorde». C’est du palais royal de Casablanca que le roi du Maroc s’est adressé solennellement à son peuple, tandis que son frère, Moulay Rachid, se tenait à sa droite. Un discours dont la gravité a été soulignée, au début et à la fin de l’intervention, par l’hymne national. Pendant sept minutes, le souverain, grave, a lu la condamnation sans appel du terrorisme, rappelant d’abord sa sollicitude pour les victimes des attentats de Casablanca.
S’exprimant treize jours après les attentats qui ont fait 43 morts et une centaine de victimes, il a précisé qu’il avait d’abord consacré son temps «à l’action et à la détermination». Arrivé à Casablanca au lendemain des attentats, alors qu’avaient été interrompues les fêtes organisées en l’honneur de la naissance du prince héritier, il s’était rendu sur trois des lieux des cinq explosions le surlendemain dimanche, avant de se rendre au chevet des victimes le lundi. Aujourd’hui, sa réponse s’articule selon un «volet politique, institutionnel et sécuritaire» d’une part, et une «dimension religieuse, éducative, culturelle et médiatique», d’autre part. Pour ce second point, il s’agit désormais «d’éduquer et de former» dans le sens de «l’ouverture, de la modernité et de la rationalité».
Se rendant dans les quartiers déshérités de Casablanca où ont été recrutés les kamikazes du 16 mai, Mohamed VI a, en effet, donné sur place, le 28 mai, le coup d’envoi pour la construction de quelque 64 000 logements sociaux. La veille, le premier ministre, Driss Jettou, lançait officiellement, depuis Rabat, la grande campagne d’alphabétisation, inscrite au programme de son gouvernement, formé après les législatives de septembre. Objectif : éradiquer d’ici 2015 ce fléau qui touche plus de la moitié de la population marocaine. «Des objectifs stratégiques ambitieux, selon le premier ministre, à la mesure de la menace que fait peser l’analphabétisme sur l’avenir du pays».
Connexions avec un réseau international
Sans désigner explicitement les fauteurs de trouble, Mohamed VI a, par ailleurs, mis en garde «certains milieux faisant mauvais usage de la liberté d’opinion» et qui «se sont cantonnés dans une opposition systématique aux orientations des pouvoirs publics», rappelant que «l’exercice des droits et des libertés exige corrélativement d’assumer les obligations et les devoirs de la citoyenneté […] l’édification et la consolidation de la démocratie [ne pouvant se faire] que sous l’égide d’un Etat fort par la suprématie de la loi». Votée à la quasi unanimité le 21 mai au parlement et entérinée par la seconde chambre le 27 mai, la loi anti-terroristes, dont le projet avait soulevé des réticences, en particulier chez les défenseurs des Droits de l’Homme, se trouve donc aujourd’hui légitimée par la monarchie. Elle prévoit un arsenal répressif pour les terroristes, allant de la peine de mort à l’incarcération, pour ceux qui portent atteinte «au régime» et élargit le cadre légal des gardes à vues et des perquisitions. Elle légalise également les écoutes téléphoniques, la surveillance du courrier, électronique ou postal, et des transferts de fonds. En effet, du côté du gouvernement, l’annonce a été faite officiellement que des connexions existent entre les attentats de Casablanca et «un réseau international». Les preuves en seront apportées lorsque les autorités «auront tous les éléments pour étayer ces affirmations».
A propos de la manifestation contre le terrorisme qui a vu défiler plusieurs dizaines de milliers de personnes à Casablanca le dimanche 25 mai, le roi a rappelé la «Marche Verte, symbiose entre le Trône et le peuple», se félicitant que «le peuple marocain [se soit] levé comme un seul homme, dans un élan spontané, contre ceux qui ont trahi leur patrie». L’appel à l’unité nationale a, par ailleurs, été soutenu par l’évocation d’une foi musulmane «tolérante et généreuse», reléguant au rang «d’ignobles scélérats» les auteurs et les commanditaires des attentats de Casablanca.
«L’heure de la vérité a sonné, annonçant la fin de l’ère du laxisme face à ceux qui exploitent la démocratie pour porter atteinte à l’autorité de l’Etat et de ceux dont les idées qu’ils répandent représentent un terreau pour semer les épines de l’ostracisme, du fanatisme et de la discorde». C’est du palais royal de Casablanca que le roi du Maroc s’est adressé solennellement à son peuple, tandis que son frère, Moulay Rachid, se tenait à sa droite. Un discours dont la gravité a été soulignée, au début et à la fin de l’intervention, par l’hymne national. Pendant sept minutes, le souverain, grave, a lu la condamnation sans appel du terrorisme, rappelant d’abord sa sollicitude pour les victimes des attentats de Casablanca.
S’exprimant treize jours après les attentats qui ont fait 43 morts et une centaine de victimes, il a précisé qu’il avait d’abord consacré son temps «à l’action et à la détermination». Arrivé à Casablanca au lendemain des attentats, alors qu’avaient été interrompues les fêtes organisées en l’honneur de la naissance du prince héritier, il s’était rendu sur trois des lieux des cinq explosions le surlendemain dimanche, avant de se rendre au chevet des victimes le lundi. Aujourd’hui, sa réponse s’articule selon un «volet politique, institutionnel et sécuritaire» d’une part, et une «dimension religieuse, éducative, culturelle et médiatique», d’autre part. Pour ce second point, il s’agit désormais «d’éduquer et de former» dans le sens de «l’ouverture, de la modernité et de la rationalité».
Se rendant dans les quartiers déshérités de Casablanca où ont été recrutés les kamikazes du 16 mai, Mohamed VI a, en effet, donné sur place, le 28 mai, le coup d’envoi pour la construction de quelque 64 000 logements sociaux. La veille, le premier ministre, Driss Jettou, lançait officiellement, depuis Rabat, la grande campagne d’alphabétisation, inscrite au programme de son gouvernement, formé après les législatives de septembre. Objectif : éradiquer d’ici 2015 ce fléau qui touche plus de la moitié de la population marocaine. «Des objectifs stratégiques ambitieux, selon le premier ministre, à la mesure de la menace que fait peser l’analphabétisme sur l’avenir du pays».
Connexions avec un réseau international
Sans désigner explicitement les fauteurs de trouble, Mohamed VI a, par ailleurs, mis en garde «certains milieux faisant mauvais usage de la liberté d’opinion» et qui «se sont cantonnés dans une opposition systématique aux orientations des pouvoirs publics», rappelant que «l’exercice des droits et des libertés exige corrélativement d’assumer les obligations et les devoirs de la citoyenneté […] l’édification et la consolidation de la démocratie [ne pouvant se faire] que sous l’égide d’un Etat fort par la suprématie de la loi». Votée à la quasi unanimité le 21 mai au parlement et entérinée par la seconde chambre le 27 mai, la loi anti-terroristes, dont le projet avait soulevé des réticences, en particulier chez les défenseurs des Droits de l’Homme, se trouve donc aujourd’hui légitimée par la monarchie. Elle prévoit un arsenal répressif pour les terroristes, allant de la peine de mort à l’incarcération, pour ceux qui portent atteinte «au régime» et élargit le cadre légal des gardes à vues et des perquisitions. Elle légalise également les écoutes téléphoniques, la surveillance du courrier, électronique ou postal, et des transferts de fonds. En effet, du côté du gouvernement, l’annonce a été faite officiellement que des connexions existent entre les attentats de Casablanca et «un réseau international». Les preuves en seront apportées lorsque les autorités «auront tous les éléments pour étayer ces affirmations».
A propos de la manifestation contre le terrorisme qui a vu défiler plusieurs dizaines de milliers de personnes à Casablanca le dimanche 25 mai, le roi a rappelé la «Marche Verte, symbiose entre le Trône et le peuple», se félicitant que «le peuple marocain [se soit] levé comme un seul homme, dans un élan spontané, contre ceux qui ont trahi leur patrie». L’appel à l’unité nationale a, par ailleurs, été soutenu par l’évocation d’une foi musulmane «tolérante et généreuse», reléguant au rang «d’ignobles scélérats» les auteurs et les commanditaires des attentats de Casablanca.
par Isabelle Broz
Article publié le 30/05/2003