Iran
Détérioration du climat entre Washington et Téhéran
Sous la pression persistante des Etats-Unis, qui accusent pêle-mêle l’Iran d’héberger des membres importants d’Al-Qaïda, de vouloir fomenter des troubles en Irak, de s’opposer au processus de paix au Proche-Orient, et à la feuille de route, et surtout de vouloir utiliser son programme nucléaire civil pour fabriquer l’arme atomique, l’Iran semble vouloir lâcher du lest.
De notre correspondant en Iran
Certes, dans un discours particulièrement ferme devant les députés, le numéro un iranien l'ayatollah Ali Khamenei, a refusé toute concession aux Américains. Il a appelé les dirigeants iraniens à ne pas se laisser «intimider par les menaces américaines». «Si nous faisons une petite concession, les Américains nous en demanderont d’autres», a affirmé le guide suprême. Il n’empêche. En reconnaissant que l’Iran détenait des membres d’Al-Qaïda, les Iraniens semblent vouloir accepter de les remettre à leur pays d’origine. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hamid Reza Assefi, n’a pas exclu que le numéro trois d’Al-Qaïda, Saïf Al-Adel, figure parmi les membres du réseau détenus en Iran. «Nous ne savons pas s’il est Iran. Nous sommes en train d’interroger les membres d’Al-Qaïda que nous détenons. S'il s'avère qu'il est en Iran, nous agirons conformément à nos responsabilités et selon la même méthode que par le passé, quand nous avons remis à leur pays d'origine les membres d'Al-Qaïda que nous avions arrêté», a déclaré Hamid Reza Assefi.
«Il est clair aussi qu'ils (les Iraniens) ont autorisé des responsables d'Al-Qaïda à opérer dans leur pays, et que c'est quelque chose qui crée un danger pour le monde car nous savons ce qu'Al-Qaïda peut faire en termes d'assassinats d'hommes, de femmes et d'enfants innocents», a déclaré le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld, considéré comme l’un des plus vigoureux partisans de la politique de fermeté à l’égard de Téhéran. Les Américains auraient en effet intercepté des échanges téléphoniques qui tendraient à prouver que des attaques ont été dirigées depuis l'Iran par des membres d'Al-Qaïda, notamment celles qui, le 12 mai, ont fait 34 morts dont huit Américains, à Ryad. Depuis, les pressions contre le régime de Téhéran ont fortement augmenté, même si les Américains affirment qu’ils n’envisagent pour le moment aucune option militaire contre l’Iran. Ainsi, le dialogue entre les diplomates des deux pays à Genève à propos de l’Afghanistan, d’Al-Qaïda ou encore de la situation en Irak, a été interrompu.
Rumsfeld : «Ils vont avoir des armes nucléaires»
Selon le quotidien saoudien Asharq al Awsat, l’Iran aurait arrêté le porte-parole d’Al-Qaïda, le Koweïtien Soleyman Abol Gheiss, ainsi que deux Egyptiens et deux Saoudiens. Les deux derniers ayant été remis à l’Arabie Saoudite. Concernant l’Irak, des responsables américains et britanniques ont accusé Téhéran de vouloir organiser l’opposition à la présence américaine dans ce pays. Lors de la visite du Premier ministre en Irak, l'administrateur américain en Irak Paul Bremer ainsi que le représentant britannique ont affirmé que l’Iran tentait de déstabiliser l’Irak. «Il est important que l'Iran réalise (...) qu'il doit adopter une attitude transparente (...), une attitude responsable et qu'il ne tente pas de déstabiliser la région», a déclaré le 28 mai Tony Blair. Les Américains accusent Téhéran d’encourager les forces irakiennes hostiles à la présence américaine, notamment les chiites. Ainsi, Donald Rumsfed a dénoncé la présence de Gardiens de la Révolution iraniens en Irak, la qualifiant de «source majeure d'influence néfaste». Ils accusent aussi l’Assemblée suprême de la révolution islamique en Irak (Asrii), dirigé par l’ayatollah Mohammad Baqer Hakim de militer activement contre la présence américaine en Irak. L’Asrii a été soutenu politiquement et militairement pendant plus de vingt ans par l’Iran.
Ainsi lors de la visite du Premier ministre britannique à Bassorah, un responsable britannique a indiqué que des dignitaires religieux chiites, soutenus par l'Iran, voulaient imposer des restrictions à la population de Bassorah, interdisant la vente d'alcool et appelant les femmes à se voiler. «Les mollahs sont très fermes sur la vente d'alcool ou le port du voile par les femmes», a ainsi lancé John Sawers. De son côté, l’administrateur américain en Irak Paul Bremer a affirmé que l'Iran cherchait à étendre son influence en Irak à travers l'aide humanitaire, comme cela avait été le cas au Liban. Sur le programme nucléaire que les Etats-Unis accusent l'Iran de mettre en place à des fins militaires, les Etats-Unis ont également accentué la pression contre Téhéran. La date du 16 juin prévue pour la publication du rapport de Mohammad el-Baradei, chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur le programme nucléaire iranien sera déterminant. «Nous attendons la publication de ce rapport», a affirmé la conseillère du président américain pour la sécurité nationale Condoleezza Rice.
A propos des efforts iraniens pour acquérir l’arme atomique, M. Rumsfeld a affirmé : «Je pense que les gens raisonnables croient que si les Iraniens (le) poursuivent, ce qui est malencontreux, ils vont avoir des armes nucléaires. Certains pensent qu'ils y parviendront rapidement et d'autres que cela leur demandera du temps», a-t-il dit. Certes, le département d’Etat américain affirme que la politique de Washington à l’égard de Téhéran n’a pas changé. «Nous avons de graves préoccupations en ce qui concerne l'Iran dans un certain nombre de domaines. Nous sommes prêts à les aborder par différents canaux à différents moments. Mais notre politique envers l'Iran n'a pas changé», a répété avec insistance le porte-parole du ministère américain des Affaires étrangères, Richard Boucher. Il n’empêche. Depuis quelques semaines, les pressions de Washington sur Téhéran ne cessent d’augmenter.
Certes, dans un discours particulièrement ferme devant les députés, le numéro un iranien l'ayatollah Ali Khamenei, a refusé toute concession aux Américains. Il a appelé les dirigeants iraniens à ne pas se laisser «intimider par les menaces américaines». «Si nous faisons une petite concession, les Américains nous en demanderont d’autres», a affirmé le guide suprême. Il n’empêche. En reconnaissant que l’Iran détenait des membres d’Al-Qaïda, les Iraniens semblent vouloir accepter de les remettre à leur pays d’origine. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hamid Reza Assefi, n’a pas exclu que le numéro trois d’Al-Qaïda, Saïf Al-Adel, figure parmi les membres du réseau détenus en Iran. «Nous ne savons pas s’il est Iran. Nous sommes en train d’interroger les membres d’Al-Qaïda que nous détenons. S'il s'avère qu'il est en Iran, nous agirons conformément à nos responsabilités et selon la même méthode que par le passé, quand nous avons remis à leur pays d'origine les membres d'Al-Qaïda que nous avions arrêté», a déclaré Hamid Reza Assefi.
«Il est clair aussi qu'ils (les Iraniens) ont autorisé des responsables d'Al-Qaïda à opérer dans leur pays, et que c'est quelque chose qui crée un danger pour le monde car nous savons ce qu'Al-Qaïda peut faire en termes d'assassinats d'hommes, de femmes et d'enfants innocents», a déclaré le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld, considéré comme l’un des plus vigoureux partisans de la politique de fermeté à l’égard de Téhéran. Les Américains auraient en effet intercepté des échanges téléphoniques qui tendraient à prouver que des attaques ont été dirigées depuis l'Iran par des membres d'Al-Qaïda, notamment celles qui, le 12 mai, ont fait 34 morts dont huit Américains, à Ryad. Depuis, les pressions contre le régime de Téhéran ont fortement augmenté, même si les Américains affirment qu’ils n’envisagent pour le moment aucune option militaire contre l’Iran. Ainsi, le dialogue entre les diplomates des deux pays à Genève à propos de l’Afghanistan, d’Al-Qaïda ou encore de la situation en Irak, a été interrompu.
Rumsfeld : «Ils vont avoir des armes nucléaires»
Selon le quotidien saoudien Asharq al Awsat, l’Iran aurait arrêté le porte-parole d’Al-Qaïda, le Koweïtien Soleyman Abol Gheiss, ainsi que deux Egyptiens et deux Saoudiens. Les deux derniers ayant été remis à l’Arabie Saoudite. Concernant l’Irak, des responsables américains et britanniques ont accusé Téhéran de vouloir organiser l’opposition à la présence américaine dans ce pays. Lors de la visite du Premier ministre en Irak, l'administrateur américain en Irak Paul Bremer ainsi que le représentant britannique ont affirmé que l’Iran tentait de déstabiliser l’Irak. «Il est important que l'Iran réalise (...) qu'il doit adopter une attitude transparente (...), une attitude responsable et qu'il ne tente pas de déstabiliser la région», a déclaré le 28 mai Tony Blair. Les Américains accusent Téhéran d’encourager les forces irakiennes hostiles à la présence américaine, notamment les chiites. Ainsi, Donald Rumsfed a dénoncé la présence de Gardiens de la Révolution iraniens en Irak, la qualifiant de «source majeure d'influence néfaste». Ils accusent aussi l’Assemblée suprême de la révolution islamique en Irak (Asrii), dirigé par l’ayatollah Mohammad Baqer Hakim de militer activement contre la présence américaine en Irak. L’Asrii a été soutenu politiquement et militairement pendant plus de vingt ans par l’Iran.
Ainsi lors de la visite du Premier ministre britannique à Bassorah, un responsable britannique a indiqué que des dignitaires religieux chiites, soutenus par l'Iran, voulaient imposer des restrictions à la population de Bassorah, interdisant la vente d'alcool et appelant les femmes à se voiler. «Les mollahs sont très fermes sur la vente d'alcool ou le port du voile par les femmes», a ainsi lancé John Sawers. De son côté, l’administrateur américain en Irak Paul Bremer a affirmé que l'Iran cherchait à étendre son influence en Irak à travers l'aide humanitaire, comme cela avait été le cas au Liban. Sur le programme nucléaire que les Etats-Unis accusent l'Iran de mettre en place à des fins militaires, les Etats-Unis ont également accentué la pression contre Téhéran. La date du 16 juin prévue pour la publication du rapport de Mohammad el-Baradei, chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur le programme nucléaire iranien sera déterminant. «Nous attendons la publication de ce rapport», a affirmé la conseillère du président américain pour la sécurité nationale Condoleezza Rice.
A propos des efforts iraniens pour acquérir l’arme atomique, M. Rumsfeld a affirmé : «Je pense que les gens raisonnables croient que si les Iraniens (le) poursuivent, ce qui est malencontreux, ils vont avoir des armes nucléaires. Certains pensent qu'ils y parviendront rapidement et d'autres que cela leur demandera du temps», a-t-il dit. Certes, le département d’Etat américain affirme que la politique de Washington à l’égard de Téhéran n’a pas changé. «Nous avons de graves préoccupations en ce qui concerne l'Iran dans un certain nombre de domaines. Nous sommes prêts à les aborder par différents canaux à différents moments. Mais notre politique envers l'Iran n'a pas changé», a répété avec insistance le porte-parole du ministère américain des Affaires étrangères, Richard Boucher. Il n’empêche. Depuis quelques semaines, les pressions de Washington sur Téhéran ne cessent d’augmenter.
par Siavosh Ghazi
Article publié le 30/05/2003