Proche-Orient
Les alliés arabes de Bush résistent
Selon la chaîne de télévision qatarienne, al-Jazira, l’ouverture du sommet de Charm el-Cheikh a été retardée de plus de deux heures, George Bush n’ayant pas réussi à convaincre ses alliés arabes de normaliser leur relation avec l’Etat hébreu. Le président américain, qui se rendait au Proche-Orient pour la première fois depuis le début de son mandat, était venu obtenir le soutien ferme des pays arabes, «modérés» aux yeux de Washington, concernant la feuille de route, ce plan de paix présenté par le Quartette et qui prévoit notamment la création d’un Etat palestinien à l’horizon 2005. Les dirigeants arabes présents à Charm el-Cheikh –le président égyptien Hosni Moubarak, le prince héritier d’Arabie saoudite Abdallah ben Abdelaziz, le roi Abdallah de Jordanie, le roi Hamad de Bahreïn et le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas– ont certes appelé à l’application de cette feuille de route. Ils se sont même déclarés prêts à accéder à la demande du président américain mais à la seule condition que cela se fasse dans le cadre d’un règlement global du conflit israélo-arabe et qu’une solution soit trouvée au volet syrien et libanais de ce dossier.
Alors qu’il avait clamé haut et fort à son arrivée à la Maison Blanche qu’il ne se laisserait pas prendre au «piège proche-oriental», George Bush semble aujourd’hui déterminé à sortir la région du cycle de violences qu’y prévaut depuis des années, n’hésitant pas pour cela à engager sa propre responsabilité. «Je suis le genre d’homme qui fait ce qu’il dit et ce que je dis est que le monde a besoin d’un Etat palestinien libre et pacifique», a-t-il ainsi affirmé à l’ouverture du sommet arabo-américain de Charm el-Cheikh. «Mon gouvernement, a-t-il en outre ajouté, va travailler avec toutes les parties concernées pour réaliser cette vision». Il est vrai que la guerre contre l’Irak a considérablement changé la donne dans la région. Mais cet engagement ferme du président américain, dont le soutien aveugle à Ariel Sharon est loin de faire l’unanimité auprès de ses alliés arabes, semble toutefois insuffisant aux yeux des dirigeants présents au sommet, tant les suspicions restent grandes.
Soucieux donc de paraître comme un parrain juste de ce nouveau plan de paix, George Bush n’a pas hésité à rappeler ses responsabilités à l’Etat hébreu. «Israël, a-t-il notamment affirmé, doit s’attaquer au problème des colonies, Israël doit s’assurer qu’il y a un territoire continu, bien continu, que les Palestiniens peuvent appeler leur patrie». Reprenant son bâton de pèlerin contre le terrorisme, le président américain a également appelé, dans un souci d’équilibre évident, les dirigeants arabes présents, parmi lesquels le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas qu’il rencontrait pour la première fois, à tout mettre en œuvre pour mettre fin aux violences dans la région. «Nous ne devons pas permettre à quelques personnes, à quelques tueurs de détruire les rêves et les espoirs du plus grand nombre». Sur ce point précis, George Bush a reçu le soutien de ses alliés arabes. L’hôte du sommet, l’Egyptien Hosni Moubarak, s’est ainsi engagé au nom de la partie arabe présente à Charm el-Cheikh à lutter contre les organisations terroristes. «Nous allons utiliser tous les moyens possibles et la force de la loi pour empêcher l’arrivée de tout appui aux organisations terroristes», a-t-il notamment affirmé.
Cette condamnation explicite des organisations radicales palestiniennes n’est pas restée sans réponse. Le Hamas a en effet aussitôt dénoncé les propos jugés dangereux de George Bush, menaçant implicitement le Premier ministre palestinien de représailles. «Le discours de Bush est très dangereux car il demande à Mahmoud Abbas de mettre fin à la résistance palestinienne», a affirmé l’un de ses porte-parole soulignant que si ce dernier «ne condamnait pas ces propos, le Hamas ne pourra plus le considérer comme un représentant du peuple palestinien». «Nous voulons que Mahmoud Abbas condamne clairement le terrorisme sioniste sur lequel Bush ferme les yeux et qu’il appuie la résistance palestinienne», a-t-il en outre insisté. Une réclamation que le chef du gouvernement palestinien risque d’avoir beaucoup de mal à satisfaire puisque, lors du sommet tripartite d’Aqaba qui réunira mercredi Palestiniens et Israéliens autour de George Bush, il devrait se prononcer pour une démilitarisation de l’Intifada.
Les volets syrien et libanais confiés aux Européens ?
Si le président américain a par ailleurs obtenu un appui de principe concernant la feuille de route de la part des ses alliés arabes, il n’est en revanche pas parvenu à leur arracher un quelconque engagement sur la normalisation de leurs relations avec Israël. Les dirigeants arabes présents à Charm el-Cheikh, ont en outre, insisté sur le fait que le plan de paix du Quartette prévoyait «la fin de l’occupation israélienne qui a commencé en 1967», soit le retrait de tous les territoires occupés depuis cette date, une manière d’encourager George Bush à faire pression sur Israël lors du sommet d’Aqaba de mercredi. La Ligue arabe réunie en sommet à Amman en mars 2002, avait déjà proposé la paix et la reconnaissance de l’Etat hébreu en échange d’un retrait des territoires depuis 1967. Une proposition qui avait à l’époque été rejetée par l’Etat hébreu et sur laquelle les pays arabes ne semblent pas aujourd’hui vouloir revenir. Dans leur esprit en effet, la normalisation de leurs relations avec l’Etat hébreu ne peut se faire que dans le cadre d’un règlement global du conflit israélo-arabe.
Dans ce contexte, les Etats-Unis, qui se sont appropriés la feuille de route, seraient disposés à laisser les Européens jouer un rôle dans les volets syrien et libanais du processus de paix. C’est en tous les cas ce qui semble être sorti des discussions entre les présidents Chirac et Bush lors du sommet d’Evian. «Nos discussions ont montré combien est souhaitable un règlement de global incluant la Syrie et le Liban», a notamment affirmé la présidence française du G8. Lundi, Jacques Chirac avait indiqué que l'Union européenne «réfléchissait» à l'élaboration d'une feuille de route pour favoriser l'instauration d'une paix durable entre Israël et ses voisins syrien et libanais.
Soucieux donc de paraître comme un parrain juste de ce nouveau plan de paix, George Bush n’a pas hésité à rappeler ses responsabilités à l’Etat hébreu. «Israël, a-t-il notamment affirmé, doit s’attaquer au problème des colonies, Israël doit s’assurer qu’il y a un territoire continu, bien continu, que les Palestiniens peuvent appeler leur patrie». Reprenant son bâton de pèlerin contre le terrorisme, le président américain a également appelé, dans un souci d’équilibre évident, les dirigeants arabes présents, parmi lesquels le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas qu’il rencontrait pour la première fois, à tout mettre en œuvre pour mettre fin aux violences dans la région. «Nous ne devons pas permettre à quelques personnes, à quelques tueurs de détruire les rêves et les espoirs du plus grand nombre». Sur ce point précis, George Bush a reçu le soutien de ses alliés arabes. L’hôte du sommet, l’Egyptien Hosni Moubarak, s’est ainsi engagé au nom de la partie arabe présente à Charm el-Cheikh à lutter contre les organisations terroristes. «Nous allons utiliser tous les moyens possibles et la force de la loi pour empêcher l’arrivée de tout appui aux organisations terroristes», a-t-il notamment affirmé.
Cette condamnation explicite des organisations radicales palestiniennes n’est pas restée sans réponse. Le Hamas a en effet aussitôt dénoncé les propos jugés dangereux de George Bush, menaçant implicitement le Premier ministre palestinien de représailles. «Le discours de Bush est très dangereux car il demande à Mahmoud Abbas de mettre fin à la résistance palestinienne», a affirmé l’un de ses porte-parole soulignant que si ce dernier «ne condamnait pas ces propos, le Hamas ne pourra plus le considérer comme un représentant du peuple palestinien». «Nous voulons que Mahmoud Abbas condamne clairement le terrorisme sioniste sur lequel Bush ferme les yeux et qu’il appuie la résistance palestinienne», a-t-il en outre insisté. Une réclamation que le chef du gouvernement palestinien risque d’avoir beaucoup de mal à satisfaire puisque, lors du sommet tripartite d’Aqaba qui réunira mercredi Palestiniens et Israéliens autour de George Bush, il devrait se prononcer pour une démilitarisation de l’Intifada.
Les volets syrien et libanais confiés aux Européens ?
Si le président américain a par ailleurs obtenu un appui de principe concernant la feuille de route de la part des ses alliés arabes, il n’est en revanche pas parvenu à leur arracher un quelconque engagement sur la normalisation de leurs relations avec Israël. Les dirigeants arabes présents à Charm el-Cheikh, ont en outre, insisté sur le fait que le plan de paix du Quartette prévoyait «la fin de l’occupation israélienne qui a commencé en 1967», soit le retrait de tous les territoires occupés depuis cette date, une manière d’encourager George Bush à faire pression sur Israël lors du sommet d’Aqaba de mercredi. La Ligue arabe réunie en sommet à Amman en mars 2002, avait déjà proposé la paix et la reconnaissance de l’Etat hébreu en échange d’un retrait des territoires depuis 1967. Une proposition qui avait à l’époque été rejetée par l’Etat hébreu et sur laquelle les pays arabes ne semblent pas aujourd’hui vouloir revenir. Dans leur esprit en effet, la normalisation de leurs relations avec l’Etat hébreu ne peut se faire que dans le cadre d’un règlement global du conflit israélo-arabe.
Dans ce contexte, les Etats-Unis, qui se sont appropriés la feuille de route, seraient disposés à laisser les Européens jouer un rôle dans les volets syrien et libanais du processus de paix. C’est en tous les cas ce qui semble être sorti des discussions entre les présidents Chirac et Bush lors du sommet d’Evian. «Nos discussions ont montré combien est souhaitable un règlement de global incluant la Syrie et le Liban», a notamment affirmé la présidence française du G8. Lundi, Jacques Chirac avait indiqué que l'Union européenne «réfléchissait» à l'élaboration d'une feuille de route pour favoriser l'instauration d'une paix durable entre Israël et ses voisins syrien et libanais.
par Mounia Daoudi
Article publié le 03/06/2003