Liberia
Charles Taylor acculé
Alors qu'une petite ouverture semblait se dessiner en faveur des négociations de paix au Liberia, deux faits de première importance viennent renforcer les convictions des protagonistes dans leur lutte fratricide. Le tribunal spécial sur les crimes contre l'humanité en Sierra Leone, d'une part, inculpe le président Taylor et d'autre part, les rebelles font une avancée significative vers la capitale Monrovia.
L'inculpation du président Taylor par le tribunal spécial sur les crimes contre l'humanité en Sierra Leone a jeté un froid sur les rencontres d'Akosombo, entre frères ennemis du Liberia, provoquées par la Cedeao (Communauté économique des États de l'Afrique de l'ouest) et le Groupe de contact international pour le Liberia, composé de représentants des Nations unies, de l'Union européenne, de l'Union africaine, des Etats-Unis, de la France, du Sénégal, du Nigeria, du Ghana et du Maroc. La réunion prévue du 4 au 6 juin 2003, à laquelle les rebelles du Model (Mouvement pour la démocratie au Liberia) n'ont pas participé, s'est révélée être un échec. Charles Taylor qui avait fait le déplacement du Ghana, pour l'ouverture de la réunion, y a appris son inculpation et le mandat d'arrêt international lancé contre lui. La chancellerie ghanéenne, quelque peu embarrassée, l'a toutefois laissé retourner sans encombre dans son pays. Mais malgré la présence de son ministre des Affaires étrangères et des représentants des rebelles du LURD (Mouvement des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie), les négociations de paix n'ont vraiment pu se tenir.
L'annonce de l'inculpation du président Taylor a aussi pesé dans les choix d'offensive du LURD, sur Monrovia. Charles Taylor a évoqué une tentative de coup d'Etat que les forces loyalistes auraient poussé. Plusieurs sources concordantes parlent d'un regain de combat à moins de 15 km de la capitale. Plusieurs milliers de réfugiés dans des camps, pris de panique se sont lancés dans les routes en direction de Monrovia. «Mais les forces de sécurité cherchent à les en empêcher», a déclaré Ramin Rafirasme, le porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM).
Les organisation humanitaires parlent de «pagaille» dans la banlieue de Monrovia et plus précisément à Brewerville. Selon elles, deux camps de réfugiés sur cinq se seraient vidés de leurs occupants. Le centre de la capitale libérienne n'étant pas équipée pour accueillir un flux aussi important de réfugiés en détresse, pris entre deux feux, fait craindre le pire aux organisations humanitaires. «La situation humanitaire déjà précaire risque de devenir catastrophique si une solution pacifique n'est pas immédiatement trouvée», affirme Ramin Rafirasme du PAM.
«Une injustice par rapport au peuple libérien»
Pour l'heure, voler au secours des populations en détresse n'est pas la priorité des protagonistes. Les représentants du Lurd, qui pourtant sont allés à Akosombo, refusent aujourd'hui de discuter avec les émissaires de Charles Taylor, qu'ils qualifient de criminel, reprenant à leur compte l'inculpation du président par le tribunal spécial sur les crimes contre l'humanité en Sierra Leone. Mohamed Ibn Chambas, secrétaire exécutif de la Cedeao, s'est dit très déçu par les événements qui ont contrarié «l'occasion qui se présentait de trouver une solution de paix». Il veut provoquer des réunions informelles pour tenter de contenir les diverses velléités d'en découdre pour la conquête ou pour la défense de Monrovia, siège du pouvoir. Mais pour Charles Benni, l'un des représentants du Lurd au Ghana, les préoccupations sont déjà ailleurs. Il a regretté le manque de volonté des autorités ghanéennes à arrêter Charles Taylor, ce qui constitue, à ses yeux, «une injustice par rapport au peuple libérien». Les rebelles réclament l'exécution du mandat international d'arrêt lancé contre le président Charles Taylor.
Par ailleurs, c'est aussi au nom du peuple libérien que Charles Taylor assure qu'il ne quittera pas le pouvoir, avant le terme de son mandat qui arrive à échéance en janvier 2004. Il déclare, à qui veut l'entendre, qu'il étudiera alors la mise en place d'un processus politique et d'un gouvernement d'union nationale qui se feraient peut-être sans lui. Mais pressé aujourd'hui par les événements sur le front militaire, il tente de reprendre l'initiative politique en ordonnant des arrestations de personnalités de son proche entourage.
Le vice-président, Moses Blah et de nombreux dignitaires de son régime sont mis aux arrêts, soupçonnés de complicité de «tentative de coup d'État». Charles Taylor en a aussi profité pour demander à l'ensemble de son gouvernement e lui remettre sa démission dès la semaine prochaine. Il entend réorganiser autour de lui une équipe resserrée et de crise, au moment où le pouvoir et le contrôle du pays semblent lui échapper. Les rebelles du Lurd sont aux portes de Monrovia et tiennent déjà 60 % du territoire national, alors que ceux du Model en contrôlent 10 % à l'est du pays, à la frontière avec la Côte d'Ivoire.
L'annonce de l'inculpation du président Taylor a aussi pesé dans les choix d'offensive du LURD, sur Monrovia. Charles Taylor a évoqué une tentative de coup d'Etat que les forces loyalistes auraient poussé. Plusieurs sources concordantes parlent d'un regain de combat à moins de 15 km de la capitale. Plusieurs milliers de réfugiés dans des camps, pris de panique se sont lancés dans les routes en direction de Monrovia. «Mais les forces de sécurité cherchent à les en empêcher», a déclaré Ramin Rafirasme, le porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM).
Les organisation humanitaires parlent de «pagaille» dans la banlieue de Monrovia et plus précisément à Brewerville. Selon elles, deux camps de réfugiés sur cinq se seraient vidés de leurs occupants. Le centre de la capitale libérienne n'étant pas équipée pour accueillir un flux aussi important de réfugiés en détresse, pris entre deux feux, fait craindre le pire aux organisations humanitaires. «La situation humanitaire déjà précaire risque de devenir catastrophique si une solution pacifique n'est pas immédiatement trouvée», affirme Ramin Rafirasme du PAM.
«Une injustice par rapport au peuple libérien»
Pour l'heure, voler au secours des populations en détresse n'est pas la priorité des protagonistes. Les représentants du Lurd, qui pourtant sont allés à Akosombo, refusent aujourd'hui de discuter avec les émissaires de Charles Taylor, qu'ils qualifient de criminel, reprenant à leur compte l'inculpation du président par le tribunal spécial sur les crimes contre l'humanité en Sierra Leone. Mohamed Ibn Chambas, secrétaire exécutif de la Cedeao, s'est dit très déçu par les événements qui ont contrarié «l'occasion qui se présentait de trouver une solution de paix». Il veut provoquer des réunions informelles pour tenter de contenir les diverses velléités d'en découdre pour la conquête ou pour la défense de Monrovia, siège du pouvoir. Mais pour Charles Benni, l'un des représentants du Lurd au Ghana, les préoccupations sont déjà ailleurs. Il a regretté le manque de volonté des autorités ghanéennes à arrêter Charles Taylor, ce qui constitue, à ses yeux, «une injustice par rapport au peuple libérien». Les rebelles réclament l'exécution du mandat international d'arrêt lancé contre le président Charles Taylor.
Par ailleurs, c'est aussi au nom du peuple libérien que Charles Taylor assure qu'il ne quittera pas le pouvoir, avant le terme de son mandat qui arrive à échéance en janvier 2004. Il déclare, à qui veut l'entendre, qu'il étudiera alors la mise en place d'un processus politique et d'un gouvernement d'union nationale qui se feraient peut-être sans lui. Mais pressé aujourd'hui par les événements sur le front militaire, il tente de reprendre l'initiative politique en ordonnant des arrestations de personnalités de son proche entourage.
Le vice-président, Moses Blah et de nombreux dignitaires de son régime sont mis aux arrêts, soupçonnés de complicité de «tentative de coup d'État». Charles Taylor en a aussi profité pour demander à l'ensemble de son gouvernement e lui remettre sa démission dès la semaine prochaine. Il entend réorganiser autour de lui une équipe resserrée et de crise, au moment où le pouvoir et le contrôle du pays semblent lui échapper. Les rebelles du Lurd sont aux portes de Monrovia et tiennent déjà 60 % du territoire national, alors que ceux du Model en contrôlent 10 % à l'est du pays, à la frontière avec la Côte d'Ivoire.
par Didier Samson
Article publié le 06/06/2003