Proche-Orient
Un leader du Hamas blessé dans un raid
Donné mort dans un premier temps, Abdelaziz Rantissi, l’un des plus médiatiques dirigeants du mouvement radical Hamas, a en fait été blessé à la jambe lors d’un raid aérien mené par l’armée israélienne dans le centre de Gaza. Cette attaque ciblée a en outre fait deux morts et vingt-cinq blessés. Elle intervient alors que le gouvernement de Mahmoud Abbas tente vaille que vaille de négocier un cessez-le-feu avec les mouvements extrémistes palestiniens dans le cadre de la feuille de route, ce plan de paix qui prévoit la création d’un Etat palestinien à l’horizon 2005. Le Hamas a d’ores et déjà promis une riposte sanglante au raid israélien et les autorités palestiniennes, visiblement préoccupées, ont affirmé que l’attaque contre Rantissi «menaçait sérieusement» les efforts de paix en cours.
La Jeep dans laquelle se trouvait Abdelaziz Rantissi se frayait difficilement un chemin dans une rue commerçante de Gaza lorsque les hélicoptères israéliens ont ouvert le feu. Au moins cinq missiles ont été tirés contre le véhicule de ce très médiatique chef politique du Hamas qui selon des sources hospitalières a été touché à la jambe. Deux passantes, une femme de 43 ans et une fillette, ont en outre été tuées et 27 autres personnes blessées, parmi lesquelles le fils du dirigeant islamiste et deux de ses gardes du corps. Selon des témoins, Abdelaziz Rantissi et les personnes qui l’accompagnaient ont réussi à quitter leur véhicule juste avant l’impact des missiles. La Jeep a été soufflée et une épaisse fumée noire s’en dégageait créant un mouvement de panique dans ce quartier très animé de Gaza. Peu après l’attaque, des centaines de Palestiniens se sont précipités vers l’hôpital le plus proche pour prendre des nouvelles de leur proches.
Le raid israélien a aussitôt été condamné par le Hamas qui a promis d’infliger à l’Etat hébreu un «châtiment sévère». Dans une interview accordée à la chaîne de télévision qatarienne al-Jazira, un haut responsable du mouvement, Mahmoud al-Zahar, a en effet déclaré qu’«Israël doit s’attendre à ce que ce crime ne passe pas sans un sévère châtiment». Un autre dirigeant, Mohamed Nazzal, a pour sa part estimé qu’«il ne faudra désormais plus parler de feuille de route ou de dialogue national mais des moyens de faire face à l’occupation et aux crimes sauvages israéliens». Cette attaque intervient en effet alors que le gouvernement de Mahmoud Abbas tente difficilement de convaincre les groupes radicaux palestiniens de renoncer à la violence dans l’espoir de faire appliquer la feuille de route, ce plan de paix international, repris à son compte par Washington et qui prévoit la création d’un État palestinien à l’horizon 2005.
Le gouvernement palestinien, au nom duquel Mahmoud Abbas a appelé, lors du sommet tripartite d’Aqaba qui réunissait autour de George Bush les deux Premiers ministres palestinien et israélien, à l’arrêt de l’Intifada armée, se trouve aujourd’hui dans une position des plus inconfortables. Le ministre de l’Information, Nabil Amr, a certes condamné le raid, le qualifiant d’«attaque criminelle qui menace sérieusement les efforts pour relancer le processus de paix». Mais le discours officiel sur l’arrêt des violences aura désormais bien du mal à passer auprès des mouvements radicaux et surtout auprès de la population aujourd’hui encore durement frappée puisqu’une fois de plus des civils ont été tués lors de cette attaque.
Embarras des autorités israéliennes
Les responsables politiques et militaires israéliens ont refusé de réagir à chaud à la tentative avortée de liquidation d’Abdelaziz Rantissi. L’un des proches conseillers d’Ariel Sharon, Dore Gold, s’est contenté de déclarer à la presse qu’il n’avait rien à dire sur le sujet et le chef de l’état-major israélien, Shaoul Mofaz, qui participait à une réunion de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, s’est refusé à commenter l’événement. Contre toute attente, la première réaction officielle est venue de Tommy Lapid, le chef parti laïc Shinoui également ministre de la Justice. «Toute tentative de liquider des chefs terroristes est justifiée», a-t-il ainsi déclaré. L’armée israélienne a eu, à maintes reprises par le passé, recours à ce type de raids ciblés pour éliminer des activistes palestiniens. Mais depuis l’assassinat le 26 août 2001 du leader du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), Abou Ali Moustapha, aucun dirigeant important palestinien n’avait été visé par de telles attaques.
Ce raid israélien, destiné à frapper le cœur de l’organisation terroriste Hamas, risque avant tout d’affaiblir le Premier ministre palestinien alors qu’Ariel Sharon affirmait pourtant il y a encore peu vouloir construire la paix avec Mahmoud Abbas et sa nouvelle équipe. Si le chef du gouvernement israélien était toujours muet mardi en milieu d’après-midi, son homologue palestinien a en revanche vivement condamné la tentative d’assassinat d’Abdelaziz Rantissi, la qualifiant d’«attaque criminelle et terroriste destinée à faire obstruction au processus de paix et à le saboter». Plus offensif encore a été le message urgent qu’il a envoyé à l’administration américaine dans lequel il demande à Washington de prendre des mesures «immédiates» pour «enrayer la détérioration de la situation provoquée par le raid israélien». Il y met en outre en garde contre «les graves dangers auxquels la mise en ouvre de la feuille de route est désormais confrontée».
Dans ce contexte, la réaction du Hamas en dit long sur les difficultés qu’aura désormais le Premier ministre palestinien à convaincre les groupes radicaux à signer un cessez-le-feu. Son chef spirituel, cheikh Ahmed Yassine a en effet promis des représailles contre les civils israéliens. «Israël prend pour cible des civils palestiniens, donc il faut prendre pour cible des civils israéliens», a-t-il déclaré en rendant visite à Abdelaziz Rantissi. Selon lui, «tous les civils israéliens sont à partir de maintenant des cibles». Depuis sa chambre d’hôpital de Gaza, le chef politique blessé, qui a subi une intervention chirurgicale dans la matinée et dont l’état serait stable, a également menacé Israël. «Nous ne laisserons pas un seul juif en Palestine. Nous les combattrons avec tous les moyens dont disposons», a-t-il déclaré.
A écouter également : Jean-François Legrain, spécialiste de la question palestinienne, explique le rôle d'Abdelaziz Rantissi au sein du Hamas.
Le raid israélien a aussitôt été condamné par le Hamas qui a promis d’infliger à l’Etat hébreu un «châtiment sévère». Dans une interview accordée à la chaîne de télévision qatarienne al-Jazira, un haut responsable du mouvement, Mahmoud al-Zahar, a en effet déclaré qu’«Israël doit s’attendre à ce que ce crime ne passe pas sans un sévère châtiment». Un autre dirigeant, Mohamed Nazzal, a pour sa part estimé qu’«il ne faudra désormais plus parler de feuille de route ou de dialogue national mais des moyens de faire face à l’occupation et aux crimes sauvages israéliens». Cette attaque intervient en effet alors que le gouvernement de Mahmoud Abbas tente difficilement de convaincre les groupes radicaux palestiniens de renoncer à la violence dans l’espoir de faire appliquer la feuille de route, ce plan de paix international, repris à son compte par Washington et qui prévoit la création d’un État palestinien à l’horizon 2005.
Le gouvernement palestinien, au nom duquel Mahmoud Abbas a appelé, lors du sommet tripartite d’Aqaba qui réunissait autour de George Bush les deux Premiers ministres palestinien et israélien, à l’arrêt de l’Intifada armée, se trouve aujourd’hui dans une position des plus inconfortables. Le ministre de l’Information, Nabil Amr, a certes condamné le raid, le qualifiant d’«attaque criminelle qui menace sérieusement les efforts pour relancer le processus de paix». Mais le discours officiel sur l’arrêt des violences aura désormais bien du mal à passer auprès des mouvements radicaux et surtout auprès de la population aujourd’hui encore durement frappée puisqu’une fois de plus des civils ont été tués lors de cette attaque.
Embarras des autorités israéliennes
Les responsables politiques et militaires israéliens ont refusé de réagir à chaud à la tentative avortée de liquidation d’Abdelaziz Rantissi. L’un des proches conseillers d’Ariel Sharon, Dore Gold, s’est contenté de déclarer à la presse qu’il n’avait rien à dire sur le sujet et le chef de l’état-major israélien, Shaoul Mofaz, qui participait à une réunion de la commission des Affaires étrangères et de la Défense, s’est refusé à commenter l’événement. Contre toute attente, la première réaction officielle est venue de Tommy Lapid, le chef parti laïc Shinoui également ministre de la Justice. «Toute tentative de liquider des chefs terroristes est justifiée», a-t-il ainsi déclaré. L’armée israélienne a eu, à maintes reprises par le passé, recours à ce type de raids ciblés pour éliminer des activistes palestiniens. Mais depuis l’assassinat le 26 août 2001 du leader du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), Abou Ali Moustapha, aucun dirigeant important palestinien n’avait été visé par de telles attaques.
Ce raid israélien, destiné à frapper le cœur de l’organisation terroriste Hamas, risque avant tout d’affaiblir le Premier ministre palestinien alors qu’Ariel Sharon affirmait pourtant il y a encore peu vouloir construire la paix avec Mahmoud Abbas et sa nouvelle équipe. Si le chef du gouvernement israélien était toujours muet mardi en milieu d’après-midi, son homologue palestinien a en revanche vivement condamné la tentative d’assassinat d’Abdelaziz Rantissi, la qualifiant d’«attaque criminelle et terroriste destinée à faire obstruction au processus de paix et à le saboter». Plus offensif encore a été le message urgent qu’il a envoyé à l’administration américaine dans lequel il demande à Washington de prendre des mesures «immédiates» pour «enrayer la détérioration de la situation provoquée par le raid israélien». Il y met en outre en garde contre «les graves dangers auxquels la mise en ouvre de la feuille de route est désormais confrontée».
Dans ce contexte, la réaction du Hamas en dit long sur les difficultés qu’aura désormais le Premier ministre palestinien à convaincre les groupes radicaux à signer un cessez-le-feu. Son chef spirituel, cheikh Ahmed Yassine a en effet promis des représailles contre les civils israéliens. «Israël prend pour cible des civils palestiniens, donc il faut prendre pour cible des civils israéliens», a-t-il déclaré en rendant visite à Abdelaziz Rantissi. Selon lui, «tous les civils israéliens sont à partir de maintenant des cibles». Depuis sa chambre d’hôpital de Gaza, le chef politique blessé, qui a subi une intervention chirurgicale dans la matinée et dont l’état serait stable, a également menacé Israël. «Nous ne laisserons pas un seul juif en Palestine. Nous les combattrons avec tous les moyens dont disposons», a-t-il déclaré.
A écouter également : Jean-François Legrain, spécialiste de la question palestinienne, explique le rôle d'Abdelaziz Rantissi au sein du Hamas.
par Mounia Daoudi
Article publié le 10/06/2003