Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Liberia

Fin du cauchemar à Monrovia

Du jeudi 5 au lundi 10 Juin, les habitants de Monrovia ont vécu l’enfer. Les forces du Lurd sont venues jusqu’à 2 kilomètres de la capitale. Des combats très violents entre les rebelles et les forces gouvernementales, ont obligé des dizaines de milliers de civils à fuir la ville. Apres 5 jours de lutte armée ininterrompue, les forces régulières ont finalement réussi à repousser les forces du Lurd à 15 kilomètres de la capitale. Mais les habitants de la capitale libérienne sont toujours sur le qui-vive.
De notre correspondant a Monrovia

Les combats ont débuté le jeudi 5 Juin à 17 heures, dans un quartier périphérique, à 7 kilomètres au nord-ouest de la capitale libérienne. Des tirs nourris à l’artillerie lourde ont obligé la population civile à prendre la fuite. Matelas sur la tête et quelques effets vestimentaires à la main, plusieurs centaines de personnes se sont dirigées toute la nuit vers le centre ville. Des tirs de canons et de lance-roquettes ont retenti jusqu’à tard dans la nuit. Selon les témoins, les soldats gouvernementaux surpris par les coups de canon ont d’abord battu en retraite avant de riposter. L’origine de l’attaque n’était alors pas connue. D’aucuns pensaient que c’étaient les rebelles du Lurd, alors que l’on apprenait de source militaire que l’attaque avait été perpétrée par des forces fidèles au vice-président qui avait démissionné la veille de son poste après avoir été accusé de tentative de coup d’État.

C’est le lendemain vendredi que les choses se sont éclaircies, quand les rebelles ont lancé une vaste offensive qui s’étendait cette fois à un autre faubourg à 5 kilomètres de la capitale. C’était la première fois que les forces du Lurd se signalaient si près de Monrovia. Les rebelles avaient effectué une tentative dans la matinée du même vendredi, mais ils avaient été freinés à 4 kilomètres et même repousses à 11 kilomètres du centre-ville. Alors que les forces gouvernementales pensaient avoir éloigné le danger, les rebelles ont comme à l’accoutumée, lancé une attaque surprise cette fois a Douala. Une dizaine de milliers de déplacés qui avaient fui les combats du jeudi se trouvaient dans ce quartier. Ils ont dû reprendre leurs cliques et leurs claques pour se diriger vers d’autres quartiers. Du coup, le nombre des déplacés est monté à 40 000 car les résidents de Douala figuraient désormais sur la liste des sans-abri, sous une pluie diluvienne.

Monrovia, ville morte

Le samedi, Monrovia était une ville morte. Tous les marchés se sont vidés. Les magasins ont tiré leurs rideaux et toutes les rues ont été désertées. La population du centre ville s’est terrée chez elle. À l’inquiétude des combats qui étaient proches et la pluie qui ne cessait de tomber s’ajoutaient les exactions et les pillages perpètrés par les miliciens du gouvernement. L’anarchie s’installait peu à peu. Les passants étaient depouillés de leurs biens. C’est dans cette atmosphère extrêmement trouble que le chef de l’État est allé sur le front. Pour faire pièce à l’avancée du Lurd, Charles Taylor a fait appel à toutes les garnisons du pays. Les nouveaux contingents sont censés renforcer la défense de la capitale. Cette présence du commandant en chef a encouragé les forces loyalistes à redoubler d’efforts. Elles se sont battues toute la nuit du vendredi au samedi matin. Dans l’après-midi, les combats cessèrent. On se demandait si c’était une trêve ou un repli des rebelles. Entre temps dans la matinée, le chef de l’État avait fait une brève allocution à la nation. Il avait indique que les forces gouvernementales avaient réussi a contenir l’avancée des rebelles qui, selon lui, sont au nombre de 800.

Et Charles Taylor de promettre à la population civile qu’il empêcherait les rebelles de rentrer dans le centre de la capitale. Plusieurs cars furent mis a la disposition des déplacés. Tous ont été envoyés au complexe sportif Samuel Karyan Doe, situé dans la banlieue est de la capitale, où on leur a promis de la nourriture et des médicaments. Les déplacés se sont montrés très réticents à accepter l’offre du président et se sont plutôt dirigés vers l’ambassade des États-Unis. Mais là, ils ont été refoulés.

La journée du dimanche a été relativement calme. Mais le lundi matin, des tirs a l’artillerie lourde se sont fait entendre dans plusieurs secteurs de la banlieue de Monrovia. Des bruits assourdissants qui ont paniqué toute la population. Ceux qui étaient terrés chez eux sont sortis pour s’éloigner du centre ville. Les responsables du gouvernement ont commencé à évacuer leurs familles. Un conseil des ministres qui était prévu le même jour a été reporté. C’était le tumulte dans la capitale libérienne. Les violences ont continué du lundi au mardi soir. Dès lors, plus de bruits de canon ou de lance-roquettes, mais seulement quelques escarmouches dans certains faubourgs. Le mercredi 11 Juin, une délégation de la Cedeao est venue voir le président libérien. Au sortir de cette rencontre, le ministre ghanéen des affaires étrangères qui dirigeait la délégation a confié à la presse que le gouvernement libérien avait accepté de cesser le feu. Ensuite, une équipe de journalistes internationaux et locaux fut conduite au front. C’est là que l’on a pu se rendre compte de la situation réelle : les rebelles ont été repoussés à une vingtaine de kilomètres de la capitale. Des corps jonchant la voie principale et des traces d’obus sur les bâtiments témoignent de la violence des combats.



par Zoom  Dosso

Article publié le 12/06/2003