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Maroc

Prison confirmée pour Ali Lmrabet

Journaliste et directeur de publication, il vient d’être condamné en appel à trois ans de prison ferme, par la cour d’appel de Rabat. Il poursuit sa grève de la faim débutée depuis le 6 mai dernier.
Ali Lmrabet, est le directeur de publication de journaux satiriques Demain Magazine et Doumane dans lesquels certains photomontages et articles publiés ont été considérés comme une insulte au roi et de caractère à fragiliser le royaume. Jugé en première instance le 21 mai, dans un procès expéditif de dix minutes, le journaliste avait écopé d’une peine de prison de 4 ans ferme. Le tribunal avait suivi le procureur qui avait requis à l’encontre d’Ali Lmrabet, «l’outrage à la personne du roi» et «l’atteinte aux valeurs sacrées et l’intégrité territoriale du royaume». Il avait également été condamné à une amende de 20 000 dirhams, soit environ 2 150 euros.

De nombreux journalistes marocains avaient exprimé leur indignation devant la sévérité du tribunal et ont dénoncé une attaque contre la liberté de la presse. Abderrahim Djamai, l’avocat d’Ali Lmrabet a fait appel de cette décision, mis en délibéré le 17 juin. La cour d’appel de Rabat a retenu les mêmes chefs d’accusation mais en réduisant la peine de prison d’un an. Ali Lmrabet sera donc reconduit en prison et devra purger une peine ferme de trois années d’emprisonnement. Ses deux magazines satiriques sont aussi interdits de parution.

La famille en appelle à Jacques Chirac


Mais aujourd’hui, famille et amis du journaliste craignent pour sa vie. En effet dès son arrestation, Ali Lmrabet avait engagé une grève de la faim pour protester contre l’injustice qui le frappait. Il a aussi refusé toute forme d’assistance médicale depuis que «des policiers en civil ont confisqué ses stylos, son nécessaire d’écriture et ses livres», a déclaré son avocat, Abderrahim Djamai. «Nous sommes extrêmement préoccupés par l’état de santé de notre correspondant et nous réitérons auprès des autorités marocaines notre demande de libération immédiate», avaient exigé l’association Reporters sans frontières et son secrétaire général, Robert Ménard.

La famille du journaliste, très inquiète de la dégradation de l’état de santé d’Ali Lmrabet, en appelle au président de la République française, Jacques Chirac. Hassan Lmrabet, médecin et frère du journaliste, considérant que le procès d’Ali Lmrabet prenait des allures politiques a sollicité, dans une longue lettre au président de la République française, son intervention pour sauver son frère qui «est en train de mourir lentement mais sûrement sur un lit en fer de la section pénitentiaire du CHU Avicenne à Rabat», écrit-il. Ali Lmrabet jouit de la double nationalité franco-marocaine, et à ce titre pourrait bénéficier d’une intervention de la France auprès des autorités marocaines. C’est pourquoi Hassan Lmrabet attend beaucoup du président Jacques Chirac. «Je m’adresse en dernier recours à vous, en tant que véritable ami du Maroc que vous avez toujours été, pour que justice soit rendue à Ali Lmrabet. La seule justice qui peut lui être rendue étant son acquittement et son droit à la libre expression à travers ses deux publications, Demain Magazine et Doumane, le Maroc n’en sortira que grandi», écrit-il au président de la République française.

Plusieurs associations, dont France-Libertés, reporters sans frontières, la Fédération internationale des droits de l’homme et Hassan Lmrabet, se sont rendus au ministère français des Affaires étrangères où ils ont été reçus par un fonctionnaire, le 16 juin. Ce même jour, Driss Jettou, le Premier ministre du Maroc, à l’issue d’un entretien avec Jacques Chirac, à Paris, avait affirmé que le Maroc entendait traiter avec «sagesse et modération» le cas du journaliste franco-marocain. Faut-il considérer la réduction de peine, de 4 à 3 ans de prison, comme un geste de «modération» et espérer la «sagesse» du roi par un acquittement pur et simple ?




par Didier  Samson

Article publié le 17/06/2003