Maroc
Le pouvoir justifie la condamnation d’Ali Lmrabet
Najib Ben Abdallah, le ministre de la communication du Royaume du Maroc, approuve la décision de la cour d’appel de Rabat condamnant Ali Lmrabet, journaliste et directeur de publication, à trois ans de prison ferme. Il a justifié cette condamnation lors d’une conférence de presse, le 18 juin, au Centre d’accueil de la presse étrangère à Paris.
Le ministre de la Communication du Royaume du Maroc, Najib Ben Abdallah, a justifié, lors d’une conférence de presse, au Centre d’accueil de la presse étrangère à Paris, la décision de la justice de son pays condamnant le journaliste Ali Lmrabet à une peine de trois ans de prison ferme. Il a rendu hommage à l’indépendance de la justice au Maroc qui, selon lui, «s’inscrit dans un processus de démocratisation. La justice a dit le droit en toute indépendance et nous respectons cette décision», ajoute-t-il. Le ministre ne voulait pas s’attarder sur ces questions et affichait un certain agacement devant l’insistance des journalistes, sur ce qu’il a qualifié «d’épiphénomène».
Sa ligne de défense consistait à faire valoir la marche inexorable des institutions de son pays vers «la démocratie» et la volonté du régime de combattre «tous ceux qui veulent nuire» à cette démocratie. Aussi toutes les activités d’Ali Lmrabet répondent-elles, selon le ministre, à cette volonté de déstabiliser le régime marocain. Il dressé un nouveau réquisitoire contre un homme qu’il a qualifié d’«adversaire de la démocratie dans son pays». Il lui reproche de ne pas être un bon journaliste, de ne point respecter les règles et déontologie de la profession qu’il se targue de bien connaître pour avoir été lui-même journaliste avant de militer et d’occuper des postes de responsabilités au sein du Parti du progrès et du socialisme.
Le dernier recours
Les échanges ont pris une forme plus violente lorsque le secrétaire général de l’association Reporters sans frontières, Robert Ménard prend la défense du correspondant au Maroc de son organisation, Ali Lmrabet, rappelant certaines conventions internationales sur la protection de la presse et de la défense de la liberté d’expression, que la Maroc a signées. L’occasion pour le ministre de la Communication du Royaume du Maroc, de stigmatiser le «travail de sape systématique, d’Ali Lmrabet contre toute action des autorités de son pays». Il a tour à tour évoqué, «le mensonge, la désinformation, les insultes et les invectives» dont le journaliste se rend coupable dans les colonnes de ses périodiques. Le ministre a alors parlé d’un «dossier médical» dont les autorités marocaines ont connaissance et qui démontrerait que le journaliste condamné est un «malade» coutumier des faits qui lui sont aujourd’hui reprochés. Il le soupçonne aussi de «préméditer ses actes, de mettre sa vie en danger dans le seul souci de discréditer le pouvoir marocain», poursuit le ministre qui aligne sur un ton monocorde ses arguments, les mêmes soutenus par les institutions judiciaires du Maroc.
Najib Ben Abdallah, tout en justifiant la condamnation d’Ali Lmrabet en application du nouveau code de la presse, par la Justice du royaume, espère néanmoins une évolution de la loi, qui se passerait peut-être un jour, des dispositions de peines privatives de liberté. Mais pour l’heure, certains faits sont condamnés par la loi selon leur degré de gravité. Ali Lmrabet aurait écrit dans ses revues que le roi Mohamed VI serait «un voleur de l’argent du peuple». Cet outrage au roi lui a valu une peine d’emprisonnement de trois ans ferme. Très affaibli par une grève de la faim débutée le 6 mai dernier, pour protester contre le procès qui lui est intenté, Ali Lmrabet entend poursuivre. Ses amis espèrent une grâce du roi, le dernier recours.
Ecouter également : Abdelhak Serhane, Universitaire marocain, écrivain. Il est un proche du journaliste Ali Lmrabet et revient sur ce jugement au micro de Christophe Boisbouvier.
Sa ligne de défense consistait à faire valoir la marche inexorable des institutions de son pays vers «la démocratie» et la volonté du régime de combattre «tous ceux qui veulent nuire» à cette démocratie. Aussi toutes les activités d’Ali Lmrabet répondent-elles, selon le ministre, à cette volonté de déstabiliser le régime marocain. Il dressé un nouveau réquisitoire contre un homme qu’il a qualifié d’«adversaire de la démocratie dans son pays». Il lui reproche de ne pas être un bon journaliste, de ne point respecter les règles et déontologie de la profession qu’il se targue de bien connaître pour avoir été lui-même journaliste avant de militer et d’occuper des postes de responsabilités au sein du Parti du progrès et du socialisme.
Le dernier recours
Les échanges ont pris une forme plus violente lorsque le secrétaire général de l’association Reporters sans frontières, Robert Ménard prend la défense du correspondant au Maroc de son organisation, Ali Lmrabet, rappelant certaines conventions internationales sur la protection de la presse et de la défense de la liberté d’expression, que la Maroc a signées. L’occasion pour le ministre de la Communication du Royaume du Maroc, de stigmatiser le «travail de sape systématique, d’Ali Lmrabet contre toute action des autorités de son pays». Il a tour à tour évoqué, «le mensonge, la désinformation, les insultes et les invectives» dont le journaliste se rend coupable dans les colonnes de ses périodiques. Le ministre a alors parlé d’un «dossier médical» dont les autorités marocaines ont connaissance et qui démontrerait que le journaliste condamné est un «malade» coutumier des faits qui lui sont aujourd’hui reprochés. Il le soupçonne aussi de «préméditer ses actes, de mettre sa vie en danger dans le seul souci de discréditer le pouvoir marocain», poursuit le ministre qui aligne sur un ton monocorde ses arguments, les mêmes soutenus par les institutions judiciaires du Maroc.
Najib Ben Abdallah, tout en justifiant la condamnation d’Ali Lmrabet en application du nouveau code de la presse, par la Justice du royaume, espère néanmoins une évolution de la loi, qui se passerait peut-être un jour, des dispositions de peines privatives de liberté. Mais pour l’heure, certains faits sont condamnés par la loi selon leur degré de gravité. Ali Lmrabet aurait écrit dans ses revues que le roi Mohamed VI serait «un voleur de l’argent du peuple». Cet outrage au roi lui a valu une peine d’emprisonnement de trois ans ferme. Très affaibli par une grève de la faim débutée le 6 mai dernier, pour protester contre le procès qui lui est intenté, Ali Lmrabet entend poursuivre. Ses amis espèrent une grâce du roi, le dernier recours.
Ecouter également : Abdelhak Serhane, Universitaire marocain, écrivain. Il est un proche du journaliste Ali Lmrabet et revient sur ce jugement au micro de Christophe Boisbouvier.
par Didier Samson
Article publié le 17/06/2003