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Corse

Ouverture du procès Érignac

Le procès des assassins présumés du préfet de Corse, Claude Érignac s’ouvre ce lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris. Dans le box des accusés, 8 nationalistes corses. Ce meurtre commis le 6 février 1998 à Ajaccio avait suscité un choc considérable. C'était la première fois qu'un haut fonctionnaire de l'État français dans l'exercice de ses fonctions était assassiné en Corse.
Ce 6 février 1998, il est 21 heures et 5 minutes quand plusieurs coups de feu retentissent dans la rue Colonel Colonna d'Ornano à Ajaccio. Le préfet, Claude Érignac est atteint de trois balles dans la nuque. C'est la stupéfaction en Corse. Trois jours plus tard, l'assassinat est revendiqué par un groupe inconnu mais qui a laissé en guise d'authentification à côté du corps du préfet : l'arme du crime, un pistolet de marque Beretta volé cinq mois plus tôt dans la gendarmerie de Pietrosella, en Corse du sud.

L'enquête démarre. Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l'Intérieur, parle d'une cause sacrée. Mais dans le même temps débutent les cafouillages et les dysfonctionnement entre les différents services d'investigations et l'enquête prend du retard. Il faudra donc attendre mai 1999 pour que le commando des assassins présumés soit interpellé, alors que les noms des principaux accusés sont livrés dès l'automne 1998 par un informateur.

Mais là encore, en mai 99, nouveaux cafouillages. Ils permettent à Yvan Colonna le tireur présumé de s'évanouir dans la nature. Il est en cavale depuis et l'enquête le concernant se poursuit. Les avocats des prévenus vont exploiter cette brèche : comment juger les complices en l'absence de l'auteur présumé des tirs.

Le cas d’Yvan Colonna disjoint des autres

La justice distingue deux groupes : d'un côté, «les têtes pensantes», «les intellectuels» : Jean Castela et Vincent Andriuzzi, respectivement professeur d'histoire-géographie et de mathématique à Bastia. Ils comparaissent pour complicité d'assassinat mais nient toute implication.

De l'autre le commando avec 4 exécutants présumés : à savoir Alain Ferrandi, le chef du groupe, les deux guetteurs Pierre Alessandri et Didier Maranelli et Martin Ottaviani, chargé de conduire le commando à Ajaccio puis d'assurer la fuite. A leurs côtés, Marcel Istria et Joseph Versini, deux hommes qui n'étaient pas sur les lieux du crime et qui sont jugés pour complicité d'assassinat. Bien sûr, il manque un homme, le tireur présumé : Yvan Colonna. Il est en fuite depuis mai 1999. Son cas a d'ailleurs été disjoint des autres. Il ne sera donc pas jugé par contumace.

Ce commando, qui s'était baptisé «groupe des anonymes», voulait par ce meurtre adresser un message fort à l'Etat et provoquer un électrochoc chez les nationalistes englués dans des luttes fratricides en 1998.

Cependant, les débats sur l'assassinat de Claude Érignac ne débuteront pas avant la mi-juin car avant cela, la cour d'assises spéciale de Paris va examiner une série d'attentats commis avant l'assassinat dans laquelle sont impliqués les 8 personnes précitées mais également trois autres hommes.

Ecoutez également : Edmond Simeoni, porte-parole des nationalistes corses, au micro de Pierre Ganz



par Sylvie  Noël

Article publié le 02/06/2003