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Congo démocratique

«<i>Bunia sans armes</i>»

La force multinationale, composée et commandée par la France s’engage dans une opération de désarmement de toutes les milices et des groupes armés dans la ville de Bunia. L’ultimatum fixé par les Français est arrivé à expiration le 24 juin à la mi-journée.
«Le but final est bien de restaurer la liberté de mouvement pour tout congolais et la disparition de toutes les armes visibles de la ville», a déclaré le général Gérard Dubois, porte-parole de la force multinationale, installée à Bunia. Les différents états-majors des parties impliquées dans le conflit armé à l’est de la République démocratique du Congo ont accepté le principe de cantonnement de leurs effectifs, hors de la ville de Bunia, dont la force multinationale se rendrait entièrement maître. Toutes les milices ont eu 72 heures pour se conformer aux exigences de la force multinationale en rendant les armes «visibles». Les discussions pour arriver à une éviction totale des armes de la ville de Buinia, ont souvent été longues et difficiles parce qu’il fallait, pour les différents groupes armés, choisir des lieux de cantonnement de leurs soldats toujours en armes.

L’état-major de la force multinationale en imposant un ultimatum a tout de même prévu une certaine souplesse dans les délais pour permettre à certains de se retirer sans provoquer des affrontements avec des groupes rivaux, en l’occurrence les Hémas et Lendus. Le petit mouvement rebelle, l’Union des patriotes congolais (UPC), dominé par l’ethnie Héma qui avait repris aux Lendus le contrôle de la ville de Bunia en mai dernier, a demandé à la force multinationale qu’une exception soit observée en faveur de la partie de la ville qui abrite son quartier général. Les modalités de repositionnement des effectifs restent à définir, précise-t-on à l’état-major de la force multinationale.

Déjà quelques résultats

La rigueur dans l’application des consignes par les soldats français a ramené un certain calme dans la ville de Bunia avant même l’annonce de l’ultimatum, «Bunia sans armes». Les soldats français n’avaient pas hésité à abattre des hommes qui pointaient des armes en leur direction. Ils ont également réprimé des tentatives de pillage en maintenant un quadrillage soutenu de la ville de Bunia. Mais le commandement de l’opération militaire internationale, prévient qu’il ne pourrait entreprendre «une fouille maison par maison» parce que les effectifs sont limités. En effet la force multinationale ne compte que 700 soldats, mais selon la Monuc (Mission des nations unies pour la république démocratique du Congo), les effectifs devraient passer à 1 800 hommes à la mi-juillet pour une sécurisation de la ville et de région plus efficace. Déjà à Bunia de timides activités commerciales ont repris, quelques magasins ont ouvert leurs portes et des monnayeurs de devises sont réapparus. Autant de signaux qui augurent d’un avenir meilleur, et pour cela les soldats français voudraient «compter sur l’aider des Congolais».

L’opération «Bunia sans armes» n’implique pas le désarmement des milices et autres groupes armés, mais concerne uniquement la cessation des hostilités et la protection des populations civiles à l’intérieur de la métropole régionale. C’est pourquoi la Monuc tout en cherchant à redéfinir sa mission et ses compétences envisage un accroissement de ses effectifs. Un autre volet du rétablissement de la paix en RDC est l’intégration des différentes milices et rébellions au sein d’une seule et même armée nationale congolaise. Le général Maurice Baril, ancien chef d’état-major des armées canadiennes, a entrepris dès le 19 juin une mission spéciale au Congo, au nom du secrétaire général de l’ONU, mais les discussions achoppent pour l’instant sur la répartition des postes dans la hiérarchie militaire.



par Didier  Samson

Article publié le 24/06/2003